RE: FORMULATION
Bonjour,
J’ai relu avec plaisir Magnus, de Sylvie Germain. Je l’avais déjà lu il y a très longtemps, et je me souvenais juste… que je l’avais beaucoup aimé. J’ai redécouvert avec plaisir l’histoire.
Je relève une formulation, dont je suis certaine qu’elle est correcte : « ... qui aura fait montre autant d’extravagance que de discrétion. »
Toutefois, je voudrais savoir si cette autre formulation serait incorrecte : « qui aura fait montre d‘autant d’extravagance que de discrétion. » C’est celle que j’aurais utilisée spontanément.
Ailleurs, elle écrit : « une cinquantaine d’urnes est alignée« . Je trouve sur le site du Robert, qu’avec un article indéfini devant le collectif, l’accord qui suit peut être singulier ou pluriel. Mais j’avoue que j’aurais privilégié un pluriel. On ne dirait pas, il me semble, qu’une cinquantaine de fleurs est alignée…
Qu’en pensez-vous ?
Bon week-end,
Karine
L’emploi de autant n’est pas toujours des plus simples. Sans préjudice d’autres formes (notamment anciennes ou… « modernes »), on constate néanmoins que la locution comparative autant que se place en général avant le second terme de la comparaison et non avant le premier lorsque les deux sont exprimés. La locution n’est donc pas scindée.
Cela se vérifie en particulier avec des substantifs, comme dans votre exemple de S. Germain. La forme la plus courante (hors une hypothétique recherche littéraire) serait donc : « […] qui aura fait montre d’extravagance autant que de discrétion. »
NB Il en va différemment si l’on compare quantitativement deux éléments : « il y a autant de pommes que de de poires. »
Exemples du TLF-CNRTL :
– 5. Elle apportait dans ses transports les moins modestes une câlinerie mignonne qui semblait témoigner de la sincérité de son sentiment autant que de la vivacité de son plaisir. (Milosz, L’Amoureuse initiation,1910).
– 6. Auprès de haricots, au milieu du printemps, On le [le maïs] sème en un sol hersé légèrement. Il croît sur la colline autant que sur la plaine Et, s’il est abreuvé, dans l’argile ou l’arène. (Jammes, Les Géorgiques chrétiennes, 1911)
– Article FÉTU : Piedgris (…) se souciait de la vie d’un homme autant que d’un fétu (GAUTIER, Fracasse, 1863).
Liste ouverte d’exemples (Google Books, toutes époques)
Pour l’accord avec un nom collectif suivi d’un complément au pluriel, il s’agit du cas classique d’un accord par syllepse, selon le sens. On choisit donc de donner la priorité au collectif (singulier) ou au complément (pluriel), solution la plus fréquente mais non exclusive.
