RE: J’ai « très » faim.
Bonjour,
« J’ai grand faim » et « j’ai grand soif »… de très jolies expressions, mais sont-elles encore réellement usitées en 2024 ?
Hormis de la part des puristes, nous entendons beaucoup plus souvent » J’ai très faim » ou « j’ai très soif » (Il y a d’autres manières d’exprimer cette faim ou cette soif intense, mais j’emploie ici l’adverbe très de manière volontaire).
Définition de l’Académie française :
« Beaucoup, au plus haut point ; il marque le superlatif absolu et ne s’emploie que devant un adjectif, un participe pris adjectivement ou un adverbe. Un homme très bon. Il est très connu. Très bien. Très fort. Très peu. Il a agi très sagement »
Logiquement, l’adverbe « très » ne doit donc pas être employé s’il précède un nom d’après la définition de l’Académie française.
Cependant, Le Robert ne semble plus être tout à fait en harmonie avec cet usage catégorique.
En effet, Le Robert indique et distingue : » familier très faim, littéraire grand-faim ».
Larousse indique quant à lui : » Très s’emploie aujourd’hui couramment dans certaines locutions verbales avec un nom sans article, comme : avoir faim, envie, besoin, mal, peur, sommeil : j’ai eu très peur ; cela m’a fait très plaisir ; il est très en retard. »
Bien que plus toute jeunette et appréciant l’expression « avoir grand faim », j’emploie plus volontiers aujourd’hui « j’ai très faim ».
La question que je me pose cependant est celle-ci.
Pensez-vous que cela serait relevé comme étant incorrect lors d’un examen ? (Certificat Voltaire et/ou Certificat Robert)
Merci d’avance pour vos retours.
Cocojade
Vos connaissances m’épatent Chambaron et je vous remercie de les partager de manière aussi étayée.
« C’est donc finalement une forme d’archaïsme que l’on utilise et non une dérive familière moderne »
J’étais convaincue qu’il s’agissait d’une dérive familière.
Grâce à votre retour, je sais désormais qu’en réalité, il n’en est rien.
Merci Chambaron.
NB. J’ai posé une question (étayée avec des explications provenant d’une source, on ne peut plus sérieuse) sur le sujet « autant pour moi/au temps pour moi » hier.
J’ai le sentiment d’avoir jeté un pavé dans la mare. Personne ne m’y a donné retour et pire, la question a reçu un « -1 » sans aucune explication donnée (quelle drôle de manie d’agir ainsi en tout anonymat, c’est tout sauf formateur ou enrichissant).
En fait, la réponse que vous venez ici de donner « C’est donc finalement une forme d’archaïsme que l’on utilise et non une dérive familière moderne » me semble pouvoir la concerner.
Si vous avez le temps d’aller y jeter votre œil aiguisé, j’aimerais beaucoup avoir votre avis.
