Mots composés et césure
Bonjour, Est-il judicieux de remplacer chaque trait d’union de mots composés par un trait d’union insécable pour éviter les coupures de ces mots ? Si oui, faut-il choisir un trait d’union insécable ou conditionnel ? Merci.
Sauf erreur de ma part, lorsqu’on ne veut pas de césures dans un texte (classiquement dans le cas de grandes justifications), les mots composés restent, eux, sécables à l’endroit de leur trait d’union. Il peut y avoir un intérêt à ne pas vouloir cette coupure, dans le cas notamment de mots courts (« n-ième » par exemple), mais les logiciels de mise en page empêchent normalement cette césure (il faut un minimum de lettres pour que la césure soit permise), le trait d’union insécable n’est donc pas nécessaire. Dans le cas de mots plus longs, je ne vois pas l’intérêt qu’il peut y avoir à empêcher cette césure. Mais peut-être que quelque chose m’échappe…
Il y a le cas des titres, où un trait d’union insécable peut être nécessaire pour « faire plus joli » (en coupant à un endroit judicieusement choisi), mais cela reste un cas exceptionnel.
Le trait d’union conditionnel n’est pas un trait d’union à proprement parler, il indique simplement l’endroit où une césure est permise. Il n’a donc pas sa place dans les mots composés, puisque la césure ne doit pas s’y faire à un autre endroit qu’au trait d’union.
Le sujet de la coupure des mots composés (ou division mais pas césure*) est une préoccupation ancienne des typographes. Il n’y a hélas aucune réponse générale pour un problème qui reste heureusement limité par deux facteurs :
– les cas sont rares et n’ont souvent pas de conséquences sur la lisibilité ;
– ils peuvent recevoir des traitements à façon individualisés.
Dit autrement, il faut attendre la dernière phase de mise en pages (avant le bon-à-tirer) pour vérifier car jusque là la coupure peut varier selon les reformulations et tous les critères retenus. Les rares cas litigieux finaux doivent recevoir un traitement individuel. C’est du bricolage comme au bon vieux temps de l’imprimerie au plomb : l’ajout d’espaces pour faire « basculer » le mot litigieux sur la ligne suivante est courant. Parfois une légère modification de texte est acceptable (selon la nature de l’écrit).
* Le mot césure ne fait pas partie de la terminologie typographique. Il appartient déjà à celui de la versification et de la musique. Le mot division (div en jargon de typographe) est devenu moins courant et c’est coupure que l’on trouve désormais partout (option « coupure en fin de ligne » dans les logiciels).
Un des codes typo que j’utilise (Orthotypo & Co d’Annick Valade) parle de coupure et de césure dans la même section, sans faire de différence entre les deux. InDesign n’emploie que le terme césure, il n’y est pas question de coupure. 😉

Dont acte. Il y a eu une dérive relativement récente, dénoncée par J.-P. Lacroux, On en cherche l’intérêt. Adobe InDesign est de plus un produit états-unien.