Liaison
Bonjour,
Peut-être à tort, mais depuis toute petite (et ça date !), quand je dis « au cas où », je fais la liaison… Je reprends même mes enfants ou proches s’ils ne la font pas (c’est plus fort que moi, cela m’écorche l’oreille).
Cependant… depuis quelques temps, j’entends des journalistes ne pas faire la liaison.(plusieurs et à plusieurs reprises), donc je m’interroge sur mes acquis (ou erreurs).
Pourriez-vous me dire ce qu’il en est de cette liaison s’il vous plaît?
Merci d’avance.
Comme vous, je dis « au cas z où ».
Ce que dit Vitrine linguistique :
« Une liaison consiste en la prononciation de la consonne finale et habituellement muette d’un mot avec la voyelle initiale du mot suivant, formant ainsi une syllabe. Dans plusieurs contextes, les liaisons sont facultatives. Par liaisons facultatives ou dites facultatives, on entend des liaisons qui peuvent être réalisées ou non par les locuteurs et locutrices, sans que cela nuise à la compréhension ou sonne étrangement à l’oreille.
De façon générale, plus le style est soigné, plus on fait de liaisons facultatives. Ainsi, dans la langue familière, on ne fera pratiquement pas ces liaisons; on en réalisera certaines dans le registre neutre, et encore davantage dans la langue soutenue. »
En conclusion : vous n’avez pas tort de conseiller la liaison à vos enfants.

Ouf !
Je ne vais pas le cacher Tara, ce retour me réjouit !
(…m’aurait-on alors appris à m’exprimer en langue soutenue ? J’avoue que ce n’est pas impossible car il est vrai que le début de mon apprentissage de la langue française commence un tantinet à dater 😉 )
Un point m’interpelle cependant. Je vous cite : « Par liaisons facultatives ou dites facultatives, on entend des liaisons qui peuvent être réalisées ou non par les locuteurs et locutrices, sans que cela nuise à la compréhension ou sonne étrangement à l’oreille. »
Oui, mais … que cela nuise à la compréhension ou sonne étrangement à l’oreille… de qui ?
Cela sonne étrange à l’oreille de beaucoup, quand je dis « au cas z où » (langage soutenu ou pas)
Cela sonne étrange (pire) à mon oreille, lorsque j’entends » au ca où » (langage familier ou pas)
Qui est apte à considérer que ce sont des « liaisons facultatives » ou qu’elles devraient au contraire appartenir aux « liaisons obligatoires » (consonne/voyelle) ?
Je vous souhaite une bonne soirée Tara.

Je n’ai pas de réponse très précise à vous faire sur ce sujet, évidemment. De qui ? d’une minorité de personnes ou bien du plus grand nombre, cela dépend de l’époque, de la région peut-être, de la condition (âge, culture, etc.) de l’entourage. On entend de plus en plus l’expression sans liaison, et donc de plus en plus de personnes en seront « dérangées » ou étonnées.
Il se trouve que chacun peut choisir de se conformer à l’usage le plus courant ou pas. Pour donner un autre exemple, l’expression nouvelle « au final » me dérange, parce qu’on a déjà plusieurs termes pour la même idée : « à la fin, finalement, en conséquence, par conséquent »… et que substantiver l’adjectif est inutile (du moins c’est ce que je crois). Je peux choisir d’ignorer ce « au final » ou de l’adopter.
Pour citer un autre exemple : je me refuse à employer la formule qu’on entend maintenant à peu près partout et dans toutes les situations « celles et ceux » parce que le français exprime le neutre par le masculin et que dire à une assemblée mixte « ceux qui ont un badge se rassembleront à droite » est parfaitement compréhensible (ou du moins l’était jusque là) : ceux = les gens qui / les personnes qui.
La langue évolue. on peut vouloir résister un peu à l’évolution, on peut ne pas vouloir et adopter les nouveautés. C’est au fond un choix personnel.

Je vous rejoins totalement Tara
La langue évolue, oui. Comme vous, certaines nouvelles expressions ou manières de s’exprimer me « dérangent ». J’emploie ce dernier mot volontairement parce que je ne crois pas qu’il s’agisse d’une réelle et/ou consciente volonté de résister, mais bien une « gêne » à la lecture comme à l’écoute. Des « tilt ! », « ça cloche » ou encore des « ce n’est pas comme cela que cela se dit » qui, à n’en pas douter, puisent leur source dans ce que j’ai appris… depuis toujours. J’ai du mal, je crois, à comprendre que ce qui était « faute » sur mes bancs d’école (et générateur de lignes à recopier 100 fois 😉 ) soit devenu « usage » aujourd’hui. Donc, pas vraiment de la résistance 😉 mais plus une réelle gêne mêlée à de l’incompréhension.
Paradoxalement, j’adopte sans états d’âme, d’autres expressions qui sont pourtant bien loin de figurer dans un dictionnaire. Choix personnel ? Oui, c’est sûr. Vécu personnel (études/environnement/famille/profession, etc.) aussi, je le pense.
Je vous remercie de m’avoir partagé votre réflexion Tara, c’est toujours un plaisir.

Merci. Oui. on réagit différemment et pas forcément de façon cohérente aux faits de langue. Il me semble bien que c’est qu’il y a une part affective importante dans tout ce qui touche à la langue. J’ai pu l’observer bien des fois, chez moi, et chez d’autres.
Bonne soirée. plaisir partagé.
Il semble en effet y avoir une évolution récente et on entend moins fréquemment la liaison. Elle était pourtant classique (Littré n’avait pas de doute à ce sujet). Il y a eu une chanson popularisée par Régine (années 1960) dans laquelle le « cas-z-où » était soigneusement répété, comme un refrain. Voici aussi une comptine pour enfants : Au cas où (Pascal Genneret).
Dans tous les kazoo, la locution se construit avec le conditionnel et non avec le subjonctif ou l’indicatif (Billet de l’Académie française).

Bonjour Chambaron.
Je suis bien ravie par votre message et je vous remercie pour les liens.
Je ne connaissais pas cette chanson de Régine. Je remarque effectivement la liaison répétitive du « au cas z où » et je note par ailleurs le nom de la chanson « OKASOU »… Difficile d’être plus clair 😉
Je ne connaissais pas non plus la chanson de Pascal Genneret. Utiliser, on ne peut plus répétitivement, l’expression (avec la liaison) pour promouvoir le petit Kazoo musical était malin car facile à retenir.
Il est donc clair que j’ai bien appris à faire la liaison. C’était l’usage et règle. (je finissais vraiment par me demander si je n’étais pas à côté de la plaque !)
Comme le dit Tara, la langue française évolue, oui, et nous le constatons tous. Je comprends cette évolution dans certains cas, dans d’autres elle me laisse interrogative quant au pourquoi.
Dans le cas présent, je ne trouve pas de justification.
Ps : je n’ai rien trouvé sur la liaison évidente dans votre lien Littré.

Pour le conditionnel, j’ai appris comme ça 😉

Pour Littré, la prononciation est indiquée au tout début.

Oups ! Exact ! désolée…