doit-on écrire « épaulé de quelqu’un » ou « épaulé par quelqu’un » ?
Bonjour,
j’ai écrit :
Je suis en effet épaulé de mon tuteur M.X, qui m’aide notamment à assurer le suivi du projet.
Est-ce correct ? Faut-il plutôt écrire « épaulé par mon tuteur » ?
Merci d’avance
Quand le verbe n’est pas du domaine du concret, mais plutôt de l’abstrait (sentiment, qualité…), on peut avoir le choix entre par et de.
Il est estimé de tous.
Il est connu du grand public.
Sinon, c’est la préposition « par » :
Il est habillé par les plus grand couturiers.
il est frappé par son ennemi.
Pour le verbe « épauler », qui est formé sur le nom très concret « épaule », on choisira donc « par ».
Ce sera la même chose pour « soutenir » dont le sens est d’abord physique.
Spontanément, je dirais « par »… j’ai vérifié dans le Cnrtl qui donne plusieurs exemples sans prépositions (mes amis m’épaulent : me soutiennent), Mais il fournit un exemple avec la préposition « par ».
Comme souvent, l’emploi des prépositions est dicté par l’usage et non par une « règle ».
C’est très visible dans le cas du verbe épauler : de et par se sont longtemps utilisés en concurrence avant que par ne devienne très largement prédominant au XXe siècle et de nos jours (voir les statistiques à écrit).
Un bel exemple de ngram qui ne peut pas être interprété, et dont on doit se méfier. Lorsqu’on regarde dans le détail les occurrences pour chaque locution, on trouve ces exemples :
– épaulé de : épaule de mouton (très nombreux exemples), épaule de 18 cadavres, épaule de veau, « épaule, de façon que », « épaule, de la cheville », épaulé de l’haltérophilie, pont épaulé de la Huerba. Aucun exemple avec le « épaulé de » dont on parle ici ;
– épaulé par : toute l’épaule par l’ouverture, frottez l’épaule par-dessus la charge, épaule par rapport, « épaule, par un tendon », épaule par ses fibres supérieures, etc. Quelques exemples de « épaulé par » pertinents, mais souvent les mêmes.
Bref, méfiez-vous de cet outil ! Toujours aller voir le détail des passages de texte mentionnés pour vérifier que les données sont correctement interprétables.

Certes, le Ngram viewer est un outil statistique dont les professionnels connaissent les limites mais qui n’a pas à ce jour d’équivalent. S’il n’y a pas de biais de syntaxe dans la requête, il faut bien y croire faute de quoi on est dans l’arbitraire le plus total. Depuis 1800 et la maturité de l’imprimerie moderne, la reconnaissance de caractères est suffisamment fiable pour garantir l’acceptabilité des résultats.
Lorsque les valeurs de fréquence (en ordonnée) atteignent des niveaux absolus suffisants, il s’agit de milliers d’occurrences et il est totalement inutile de chercher à analyser les illustrations fournies qui ne sont qu’une très faible partie. Il y a toujours des scories mais elles jouent dans les deux sens lorsqu’on compare des solutions. Elles ne servent au mieux qu’à détecter un piège dans la syntaxe de la requête.
Merci à tous pour vos réponses et réactions très instructives et complémentaires !