… au plus proche (ou près ?) des préoccupations…

Bonjour,

 » La mission de ces agents est d’informer, recueillir les questions et créer du lien sur le terrain, au plus proche des préoccupations des riverains « .

Il me semble que  » proche  » n’est pas correct et doit être remplacé par  » près « .

Est-ce également votre avis ? Comment le justifier et écarter le doute ?

Merci

Philippe

PhilippeMP Débutant Demandé le 23 décembre 2019 dans Question de langue

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14 réponse(s)
 

Merci Philippe. J’ai lu avec attention cet article.
J’ai été très sensible à la remarque selon laquelle on ne dit pas dans la maison proche. Cet adjectif (quand il s’agit d’un adjectif) se comporte de façon assez originale car on peut dire dans la maison toute proche.
On peut se demander pourquoi. On dit bien les planètes proches et le futur proche.
Cet adjectif aime bien avoir au moins deux référents : il est proche de son frère – la maison la plus proche – ce qui est normal, vu son sens.

Tara Grand maître Répondu le 28 décembre 2019

 Merci Philippe pour ce lien.
Je copie ce passage de l’article en question :
Est-ce à dire que proche peut être traité comme un adjectif dans l’exemple de Pascal ? L’idée paraît d’autant moins saugrenue que Grevisse fait observer, non sans malice, qu’« on a proches dans le manuscrit » des célèbres Pensées ! L’accord, du reste, se trouve dans une autre phrase de Pascal citée dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle chez Larousse : « Plusieurs sont proches de mourir, qui ne sentent pas la fièvre prochaine ou l’abcès prêt à se former » et, plus proche de nous, sous une plume pourtant académicienne : « Proches de devenir femmes, combien de Luciles ont pareillement connu cette halte étrange ! » (Marcel Prévost). Vous l’aurez compris : en la matière, la confusion gagne de proche en proche. Seul Knud Togeby, à ma connaissance, se montre catégorique dans sa Grammaire française (1985) : « Une longue série d’adjectifs se construisent avec de + infinitif : 1. avide, capable, certain, conscient, content, curieux, digne, fier, friand, impatient, incapable, indigne, inquiet, proche, sûr, susceptible, stupéfait, triste. »

Dans le doute, mieux vaut encore s’en tenir à la recommandation de Girodet et préférer, devant l’infinitif, le tour près de, irré-proch-able.

———————–

On ne peut considérer « proche » comme un adjectif dont l’infinitif serait le complément dans la construction « être proche de  + infinitif » .
Le garçon est impatient/heureux/fier/content/… de partir : ici, on peut éviter de préciser de quoi le garçon est impatient/heureux/fier/content… : Le garçon est impatient. Le garçon est heureux. etc.
Et dans la liste proposée ci-dessus : avide, capable, certain, conscient, content, curieux, digne, fier, friand, impatient, incapable, indigne, inquiet, proche, sûr, susceptible, stupéfait, triste, si on enlève friand qui ne semble jamais être suivi d’un infinitif, « proche » fait figure d’intrus.

On ne peut pas enlever l’infinitif ici : Le garçon est proche de partir > °le garçon est proche.
En réalité, il faut lire la phrase ainsi : le garçon  / est proche de  / partir  ce qui signifie : le garçon va partir.
On a affaire à une forme de futur immédiat.
« Proche » ne peut donc qu’être adverbe.

Il reste donc à accepter ou refuser cette tournure. Mais avec quels arguments, puisqu’on accepte déjà que « proche » soit adverbe dans « de proche en proche » ?

Tara Grand maître Répondu le 31 décembre 2019

 Merci Philippe pour ce lien.
Je copie ce passage de l’article en question :
Est-ce à dire que proche peut être traité comme un adjectif dans l’exemple de Pascal ? L’idée paraît d’autant moins saugrenue que Grevisse fait observer, non sans malice, qu’« on a proches dans le manuscrit » des célèbres Pensées ! L’accord, du reste, se trouve dans une autre phrase de Pascal citée dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle chez Larousse : « Plusieurs sont proches de mourir, qui ne sentent pas la fièvre prochaine ou l’abcès prêt à se former » et, plus proche de nous, sous une plume pourtant académicienne : « Proches de devenir femmes, combien de Luciles ont pareillement connu cette halte étrange ! » (Marcel Prévost). Vous l’aurez compris : en la matière, la confusion gagne de proche en proche. Seul Knud Togeby, à ma connaissance, se montre catégorique dans sa Grammaire française (1985) : « Une longue série d’adjectifs se construisent avec de + infinitif : 1. avide, capable, certain, conscient, content, curieux, digne, fier, friand, impatient, incapable, indigne, inquiet, proche, sûr, susceptible, stupéfait, triste. »

Dans le doute, mieux vaut encore s’en tenir à la recommandation de Girodet et préférer, devant l’infinitif, le tour près de, irré-proch-able.

———————–

On ne peut considérer « proche » comme un adjectif dont l’infinitif serait le complément dans la construction « être proche de  + infinitif » .
Le garçon est impatient/heureux/fier/content/… de partir : ici, on peut éviter de préciser de quoi le garçon est impatient/heureux/fier/content… : Le garçon est impatient. Le garçon est heureux. etc.
Et dans la liste proposée ci-dessus : avide, capable, certain, conscient, content, curieux, digne, fier, friand, impatient, incapable, indigne, inquiet, proche, sûr, susceptible, stupéfait, triste, si on enlève friand qui ne semble jamais être suivi d’un infinitif, « proche » fait figure d’intrus.

On ne peut pas enlever l’infinitif ici : Le garçon est proche de partir > °le garçon est proche.
En réalité, il faut lire la phrase ainsi : le garçon  / est proche de  / partir  ce qui signifie : le garçon va partir.
On a affaire à une forme de futur immédiat.
« Proche » ne peut donc qu’être adverbe.

Il reste donc à accepter ou refuser cette tournure. Mais avec quels arguments, puisqu’on accepte déjà que « proche » soit adverbe dans « de proche en proche » ?

Tara Grand maître Répondu le 31 décembre 2019

Bonjour et bonne année,

J’ai reçu la réponse suivante de l’Académie :
« Monsieur,

Vous avez raison. Cet emploi adverbial de proche est incorrect. Nous traiterons ce point dans notre rubrique Dire, Ne pas dire, probablement en mars.

Dire, Ne pas dire paraît le premier jeudi de chaque mois sur notre site. Il est aussi paru en cinq recueils, intitulés Dire, Ne pas dire et édités chez Philippe Rey. Cet éditeur a également publié un autre ouvrage de l’Académie française intitulé Bonheurs et surprises de la langue. »

[ La question que j’avais envoyée était:

« La mission de ces agents est d’informer, recueillir les questions et
créer du lien sur le terrain, au plus proche des préoccupations des
riverains » (extrait d’une publicité à propos de l’élargissement d’une
autoroute urbaine)
Il me semblait que  « près » est ici plus adapté que « proche ». Est-ce qu’il y
a un usage déconseillé ou fautif ?
Plus généralement que pensez-vous de l’usage moderne de « proche » en tant
qu’adverbe (hormis la locution « de proche en proche ») ?
Est-ce que « au plus proche de » serait en voie d’être consacré par l’usage ? ]

A suivre donc… en mars

PhilippeMP Débutant Répondu le 20 janvier 2020

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