Accord du participe passé
https://www.fnac.com/a1082580/Annie-Ernaux-Une-femme
Pourquoi le participe passé « refusé » n’est-il pas accordé au féminin ?
Bonjour,
La phrase doit être comprise sans l’incise : Frappée de stupeur par cette mort qu’elle s’était refusé à imaginer…
Il s’agit d’un verbe occasionnellement pronominal qui s’accorde avec le COD placé avant le verbe.
Le participe passé est toutefois suivi d’un infinitif et pour que l’accord se fasse avec le COD, il faut que ce COD fasse l’action exprimée par l’infinitif.
Le COD est que mis pour mort, placé avant refusé mais mort est COD de imaginer et il n’y a donc pas d’accord.
Les accords de verbes pronominaux demandent décidément des heures de réflexion, sans qu’on soit pour autant sûr de la réponse !
Ici, la forme se refuser à + verbe a un sens dit autonome, c’est-à-dire qu’elle n’est pas un emploi occasionnel du verbe transitif sous la forme pronominale. Le pronom n’a pas de fonction grammaticale, ni C.O.D. (elle s’est refusée à son mari) ni C.O.I. (elle s’est refusé tout luxe).
L’accord se fait donc avec le sujet comme dans les verbes essentiellement pronominaux (s’emparer,s’envoler).
Illustrations dans la liste d’ouvrages jointe (en particulier le manuel de grammaire en tête).
Difficile en effet de distinguer les différents types de pronominaux. Il faut néanmoins toujours s’appuyer sur le sens.
se refuser à + infinitif signifie ne pas vouloir+ infinitif.
et
Refuser qqc signifie ne pas accepter qqc
Dans « se refuser à + infinitif », le pronom « se » ne peut être analysé comme étant un COD du verbe refuser. Ce n’est pas soi-même que le sujet refuse, n’accepte pas.
Le sens du pronominal se refuser à + infinitif est donc autonome , c’est à dire que le sens est indépendant du sens du verbe de forme simple refuser
Ce qui complique les choses, c’est que le pronominal se refuser n’est, pas toujours autonome, il est parfois occasionnel et en ce cas l’accord se fait avec « se » qui est COD – la construction est cependant différente :
– se refuser à quelqu’un :
Je ne me serais jamais refusée à vous (Maupassant)
– se refuser (tout court) :
[C’est] sur quoi repose leur vie. ils se sont refusés eux-mêmes.
Merci à vous trois. Si j’ai bien compris, PhL dit que la phrase est correcte, Chambaron dit que la phrase est incorrecte, et Tara dit que c’est compliqué. Comme ce texte est une présentation de livre par un éditeur rigoureux, je vais considérer qu’il est correct.
Tara, bien sûr, le pronom « se » ne peut pas être analysé ici comme un COD, mais on cherche s’il peut être analysé comme un COI, c’est apparemment le choix qu’a fait l’auteur du texte. L’emploi pronominal occasionnel du verbe « refuser » ne fait pas forcément du pronom un COD comme vous le dites. N’est-ce pas parfois un COI : « elle m’a refusé de rester, elle s’est refusé de rester » ? Cette interprétation est-elle possible avec « se refuser à » ?
Je ne suis pas sûre d’avoir dit cela Pierre. Merci de me relire.
Pour répondre à votre dernière question
Se refuser à + substantif n’a pas le même sens que se refuser à + infinitif
Elle se refuse à quelqu’un : se = COD
Elle se refuse toutes les sucreries :se = COI
Elle se refuse à chanter : se = inanalysable
Je me permets de préciser ma pensée : l’accord du PP des verbes pronominaux n’est ni compliqué ni difficile ; il est complexe parce qu’il s’agit de bien repérer les différents types de verbes pronominaux.
Merci Marcel1, au début de votre réponse, vous expliquez que le pronom n’est pas analysable syntaxiquement, et en conclusion, vous expliquez que le pronom a un rôle syntaxique. Je ne comprends pas cette contradiction apparente.
Sinon, je pense qu’on construit « elle s’est refusé de » comme « elle s’est interdit de », sans accord. Avez-vous trouvé un exemple d’accord chez un auteur ? Si l’absence d’accord dans le texte ci-dessus m’a étonné, c’est uniquement à cause de la construction « se refuser à ».
Bonjour Tara, à votre demande, je vous ai relue, et vous avez clairement écrit que quand le verbe « se refuser » est occasionnellement pronominal, le pronom « se » est COD. Je demandais simplement si vous acceptiez la possibilité d’un pronom COI suivi d’un participe passé invariable (elle nous a refusé une chose, elle s’est refusé une chose), si cela pouvait être étendu aux verbes (elle nous a refusé de venir, elle s’est refusé de venir), et si ce pouvait être pour cette raison que l’éditeur d’Annie Ernaux a choisi l’invariabilité dans « elle s’était refusé à imaginer ». Je pense que c’est plus une erreur qu’un choix de l’éditeur.
Merci Marcel1, vous expliquez dans votre réponse à la fois que le pronom n’est pas analysable, et qu’il faudrait accorder le participe passé avec le sujet, mais qu’ici il faut écrire « elle s’est refusé à cela », parce que finalement il faut tenir compte du pronom. Si vous trouvez que c’est clair, tant mieux pour vous. Je pense que c’est simplement faux.
– Concernant la construction avec « de », c’est vous qui avez ajouté à la question des considérations sur la possibilité d’écrire « elle se refuse de faire ». Chambaron n’a pas traité cette question, son lien Google ne peut donc pas concerner votre nouvelle proposition. Ce cas pose d’ailleurs moins de problèmes, le participe passé est invariable dans les quelques occurrences qu’on trouve, sauf si vous avez trouvé un exemple contraire dans le manuel de grammaire dont vous parlez, ce ne serait pas totalement illogique, mais ce n’est pas l’usage.
Refuser à quelqu’un de faire une chose est une construction courante, vous ne pouvez pas dire abruptement, comme vous le faites en commentaire, que la phrase n’a aucun sens. Que ce sens soit moins évident à la forme pronominale (avec un pronom COI), c’est certain, mais c’est souvent le cas (se demander, ce n’est pas comme demander à soi-même, et cependant on construit comme si le pronom était un COI, sans accorder avec le sujet). Vous proposiez en réponse « elle se refuse d’imaginer », mais vous ajoutez en commentaire que la forme pronominale construit en fait un COI : « elle se refuse à ». Ces contradictions ne permettent pas de répondre clairement à une question qui de toute façon n’était pas posée.
– Apparemment, vous avez enchaîné une réponse fautive et un commentaire humoristique, mais je n’ai pas réussi à y identifier les éléments en lien avec la question.
Marcel1, ce qu’il y a d’obscur ? rien, tout est très clair, vous expliquez qu’il faut écrire elle s’est refusé à cela, et donc une mort qu’elle s’était refusé à imaginer, comme l’a écrit l’éditeur, et en parallèle vous mobilisez toute votre énergie à développer des arguments demandant l’accord avec le sujet, et à ironiser, en intercalant des questions annexes, c’est de la pure bêtise.
Marcel1, vous n’êtes pas venu pour contribuer mais pour ironiser. Votre réponse et vos trois commentaires se contredisent constamment, et les neuf dixièmes de vos propos n’ont aucun rapport avec ma question. Vos circonvolutions, vos formules humoristiques, vos digressions, la modification de votre première réponse au bout de trois objections, tout cela est méprisable.
