RE: Un tiret d’incise fermant peut-il faire office de virgule ?

Bonjour,

J’ai relevé chez Simone de Beauvoir, dans « Une mort très douce », les deux phrases ci-dessous.

. Poupette, « la petite », moins respectée que moi – et qui, ayant été moins marquée par maman, n’avait pas hérité de sa raideur – avait avec elle des rapports plus libres.

. Pourtant, dans mon sommeil – alors que mon père apparaissait très rarement et d’une manière anodine – elle jouait souvent le rôle essentiel.

Dans chacune, il n’y a pas de virgule après le deuxième tiret d’incise, alors qu’il me semble nécessaire. Ma question est donc la suivante : peut-on s’en passer ? J’ai lu içi et là des discussions sur la place de la virgule avec les tirets d’incise (avant ou après le tiret ouvrant, ou le tiret fermant…), mais je n’ai pas lu qu’on puisse s’en passer. Ca me conviendrait pourtant bien, car d’un point de vue typographique je trouve qu’il est assez laid de lire :  « n’avait pas hérité de sa raideur –, avait avec elle des rapports plus libres. »

Merci pour vos éclaircissements.

Nevavori Débutant Demandé le 24 octobre 2022 dans Question de langue
6 Réponses

Chambaron, j’avoue n’avoir pas saisi votre raisonnement. En tous cas, j’ai lu ceci dans le Traité de la ponctuation française qui m’avait été suggéré :

Le tiret ne neutralise jamais la ponctuation normale de la phrase. Une virgule nécessaire, par exemple, sera simplement déplacée après le tiret « fermant » – s’il existe :
Nombre d’entre eux portent, au point d’épanouissement de leur ramure – car le fût s’élance sans branche aucune et d’un seul jet jusqu’au couronnement de verdure –, d’énormes fougères épiphytes vert pâle, semblables à des oreilles d’éléphant. 

André Gide, Voyage au Congo

Ca ma paraît clair.  Mais je persiste – tout risible que ce soit – à trouver ça bien laid… Merci pour vos réponses !

 

Nevavori Débutant Répondu le 25 octobre 2022

Ni laideur ni beauté : c’est la logique typographique de maintenir la virgule après un tiret mais cela est simplement peu courant car les incises encastrées sont peu courantes (avec juxtaposition de deux signes de même fonction). Une possibilité astucieuse est d’employer des parenthèses, sans doute mieux tolérées par l’œil (voir réécriture de votre exemple 1 ci-après).
C’est aussi la raison pour laquelle, lorsque’une incise termine une phrase, le second tiret n’est pas suivi d’un point mais est en quelque sorte « absorbé » par le point qui lui est une ponctuation forte (ex. 2).
J’espère que ma première réponse en sera plus claire.
——
1. Nombre d’entre eux portent, au point d’épanouissement de leur ramure  (car le fût s’élance sans branche aucune et d’un seul jet jusqu’au couronnement de verdure), d’énormes fougères épiphytes vert pâle, semblables à des oreilles d’éléphant.
2. « “À propos…”, disait-elle — mais c’était pour changer de conversation. » – Pierre Mertens, Une paix royale.

le 25 octobre 2022.
Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.