RE: Ravie de ou ravie par ?

Bonjour,

Je suis ravie de votre prise de contact
Je suis ravie par votre prise de contact

J’aurais tendance à choisir la deuxième option, mais je ne suis pas certaine. Pourriez-vous me faire un rappel aux règles s’il vous plaît ?

Merci d’avance
Cocojade

Cocojade Grand maître Demandé le 5 juillet 2024 dans Question de langue
6 Réponses

Bonjour Cocojade,
De ou par ? Au-delà du dilemme dont aucune des propositions n’est  fausse ou satisfaisante, le complément n’étant ni réellement un agent ni réellement un résultat, oserais-je suggérer un supplément de chair, de subjectivité, d’implication personnelle puisque le registre de la formule  est fondamentalement celui de l’émotion et qu’il convient pour convaincre d’être sincère. Diriez-vous « Je suis navrée de/par votre lettre. » ? Le complément est purement matériel, à peine plus signifiant que la feuille de papier, d’autant que l’emploi d’un présent au passif n’a pas réellement laissé le temps de prendre connaissance du contenu, au mieux admettra-t-on : « J’ai été navrée par votre lettre. » Après un sentiment fort (ravi, navré, enchanté, effaré, etc.), on s’attend à une cause effective, soit qu’elle agit ou a agi à l’instant du propos : « Je suis enchanté de faire votre connaissance.« , soit qu’elle est explicitement exprimée : « Je suis scandalisé des/par les termes injurieux de votre courrier. » À la place d’un : « Je suis ravie de/par votre prise de contact. » qui selon moi sonne assez creux,  me permettrai-je donc de proposer : « Je suis ravie que vous ayez décidé de prendre contact. » qui précise le fait commis par le destinataire ayant provoqué le ravissement du scripteur.

Bruno974 Grand maître Répondu le 6 juillet 2024

Intéressant parallèle avec navrer qui a lui aussi subi une évolution sémantique importante (de blesser physiquement à attrister).

le 6 juillet 2024.

Bonjour Bruno,

Je vous rejoins, aucune des deux prépositions ne m’apparaît fausse, au même titre que ni l’une ni l’autre ne me semble satisfaisante.  (peut-être parce que, hors étymologie, je ne vois aucune explication probante de nature à satisfaire mon questionnement)

Alors, si j’abandonne ce dilemme, oui, je vous rejoins sur le vide dont est remplie cette phrase.(oui, je sais… vide et remplie… 😉 ). Elle est pourtant complète et explicite, mais c’est une formulation convenue, devenue tellement habituelle, que l’émotion première (j’imagine) qu’elle se voulait dégager, s’en est perdue.De fait, elle sonne « creux ».

Votre proposition pour faire passer (repasser) la sincérité au premier plan et ainsi la faire ressentir, réelle, palpable, par le destinataire est une excellente idée (que je rejoins) mais… difficile à appliquer, voire déplacée dans certains cas.

Je ne peux pas dire au destinataire que je suis ravie qu’il ait décidé de prendre contact avec moi,
– Parce que, sur la réalité, j’ignorais jusqu’à son existence.
– Si j’ignorais son existence, je ne peux pas avoir notion qu’il ait pu décider à un moment x de prendre contact avec moi… versus décidé de ne pas prendre contact avec moi.
– Cette personne (dont j’ignorais jusqu’à l’existence) prend contact avec moi, de son propre chef, dans un cadre formel.
– Cadre formel et épistolaire (mail).

Même, si je vous rejoins sur l’importance de redonner « chair »et/ou de combler le vide dont sont remplies (vide et remplies… oui, j’insiste 😉 ) maintes et maintes expressions utilisées à tout-va… il me semble difficile de s’éloigner du manque de consistance de celles-ci dans certains contextes. Notamment ceux où la notion de « chair » (sincérité, humanité) induirait peut-être une forme de familiarité non souhaitée, car inappropriée.

Je vous remercie Bruno de m’avoir poussée à réfléchir plus avant sur la sincérité dans les écrits. Cela m’a plu. 🙂

le 6 juillet 2024.
Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.