RE: Quels temps sont corrects ?

Bonjour,

Voici une phrase dans un exercice :
Je vous préviendrai dès que je ……………………… ma décision.
La réponse est : aurai pris et je la comprends tout à fait.

Mais est-ce aussi correct de dire :
– Je vous préviendrai dès que je prendrai ma décision.
– Je vous préviendrai dès que j’ai pris ma décision.

Merci par avance  pour vos explications qui m’aident beaucoup.

dmp Amateur éclairé Demandé le 1 février 2023 dans Conjugaison
6 Réponses

Temps simple ou temps composé.
C’est le sens qui décide :
— Quand il fait (présent) beau, je sors. Quand il a plu (passé composé), je ne sors pas.
Le sens de « dès que » permet également les deux :
— Dès que le soleil revient (présent), je sors. Dès qu’il a cessé (passé composé) de pleuvoir, je sors. Dès qu’il cesse (présent) de pleuvoir, je sors.
De façon générale, il y a de nombreux critères à considérer pour choisir. Par exemple quand le verbe qui suit « dès que » s’inscrit dans la durée, ou désigne un état, ou marque un commencement, on utilise le temps simple dans la principale : je sors dès qu’il fait beau et non dès qu’il a fait beau. Avec un verbe de transition nette, le temps composé est obligatoire : je l’appellais dès que j’avais fini et non dès que je finissais ; on enterre les gens dès qu’ils sont morts et non dès qu’il meurent.
Pour moi, dans votre phrase, le temps composé s’impose, mais ce n’est qu’une question de sens perçu, il n’y a pas de faute syntaxique à choisir le temps simple si vous y tenez (mais je trouve qu’on perd la nuance du « dès que » par rapport à un bête « quand ») :
— Dès que j’ai pris une décision (dès que la décision est prise), je la mets en œuvre.
— Dès que je prends une décision (quand je prends une décision), je la mets en œuvre.

Subordonnée circonstancielle.
Il n’y a aucune concordance des temps à appliquer dans une subordonnée circonstancielle. Aussi bien le temps de la principale que celui de la subordonnée sont « vus depuis le présent ». Il faut utiliser le temps logique voulu par le sens dans les deux propositions :
— Quand il viendra, je lui parlerai.
— Dès que j’aurai fini ce livre, je te le prêterai.
— Dès que j’aurai pris une décision, je t’enverrai un courrier.
— Je t’enverrai un courrier dès que j’aurai pris ma décision.
— Je vous préviendrai dès que j’aurai pris ma décision.

Concordance des temps.
La conconcordance des temps consiste à imposer certains temps dans les subordonnées complétives :
— Je pense qu’on l’a appelé, qu’il est absent, qu’il reviendra.
— Je pensais qu’on l’avait appelé, qu’il était absent, qu’il reviendrait.
— Je penserai qu’on l’a appelé, qu’il est absent, qu’il reviendra.
On voit donc que dans une subordonnée complétive, le présent dans le futur s’exprime par le présent :
— Demain, je saurai où j’en suis, tu me demanderas si ma décision est prise, je te répondra qu’elle est prise…
— Je vous préviendrai que j’ai pris ma décision.

Conclusion.
Une proposition subordonnée complétive demande l’application formelle des règles de la concordance des temps :
— Je vous préviendrai que ma décision est prise.
Une proposition subordonnée circonstancielle reste vue depuis le présent du locuteur, et seul ce sens commande le temps :
— Je vous préviendrai quand ma décision sera prise.

Le verbe « prévenir ».
Il est possible que ce soit l’utilisation de « prévenir » sans préciser « prévenir de quoi » ou « prévenir que quoi » qui ait suscité votre question. D’ailleurs, c’est effectivement bien flou : je vous préviendrai de la teneur de ma décision, ou je vous préviendrai que j’ai pris une décision ? On ne sait pas, et on ne peut pas savoir. Si on en arrive à se poser cette question, le présent (ou ici le passé composé) apparaît.
Avec un verbe mieux complété, il est peut-être plus évident que le complément circonstanciel ne se rattache pas au verbe de la principale, qu’il ne s’agit pas d’une complétive, que la concordance des temps ne s’applique pas, et que le présent est alors incongru pour parler du futur :
– (COI + COD) Je vous enverrai un courrier dès que j’aurai pris ma décision.
– (COD + COI) Je vous informerai des démarches à effectuer dès que j’aurai pris ma décision.
Tandis que dans votre phrase, le sens semble inclure le contenu de la circonstancielle dans l’objet (COI) du verbe « prévenir », car c’est bien de l’information contenue dans la circonstancielle qu’on préviendra quelqu’un. On peut certes écrire « prévenir » sans COI, mais alors de quoi préviendra-t-on ? On peut aussi considérer que ce dont on vous préviendra est l’information contenue dans la proposition subordonnée, mais alors elle devient partie prenante du COI, donc à la limite de la subordonnée complétive et de la nécessité de la concordance des temps (présent dans le futur = présent).
Bref, vous avez repéré une proposition dans laquelle il n’est pas syntaxiquement logique que le CC (appelant le futur) soit également le COI sous-entendu (qui appellerait le présent s’il était exprimé). Ça peut être intéressant de poursuivre la réflexion.

CParlotte Grand maître Répondu le 1 février 2023
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