RE: Puis-je laisser le lecteur se tromper et ensuite se raviser ?
« L’autre soir, dans une rame du métro, avec ses yeux fardés à l’excès et son fichu constellé de têtes de mort, elle lisait un bouquin de sorcellerie et à force d’en marmonner les incantations, à défaut de l’avoir transformé en grenouille, elle a réussi à déplacer sans le toucher un passager troublé par son attitude. »
Bonsoir,
je me demande s’il est acceptable d’écrire cette phrase ainsi, en sachant que le lecteur, avant de se raviser, pensera erronément que le « l » de « l’avoir » se réfère au bouquin. Je préférerais ne pas la reformuler afin de la rendre univoque mais lourde, si vous me direz que ce n’est pas nécessaire.
Merci d’avance pour vos réactions.
Bonsoir Pompadour,
C’est un procédé romanesque courant d’employer une pronominalisation avant que le nom correspondant soit énoncé. La question n’est donc pas celle de la correction (la syntaxe de votre phrase est correcte), mais celle de la compréhension. Je trouve en effet qu’en utilisant deux constructions similaires à la suite (à force de… et à défaut de… ) vous induisez le lecteur dans l’idée d’une similitude d’objet, ce qui ne sera pas le cas. Je vous invite donc à déconstruire cette répétition mais à conserver l’antériorité du pronom sur le nom, par exemple : « L’autre soir, dans le métro, avec ses yeux fardés à l’excès et son fichu constellé de têtes de mort, elle lisait un bouquin de sorcellerie dont elle marmonnait les incantations, Ce faisant, elle réussit à déplacer sans le toucher, à défaut de le transformer en grenouille, un passager troublé par son attitude. » Ce n’est qu’une suggestion.
Ah oui, bien vu ! Une trompeuse induction ! Je vais réarranger ça en m’inspirant de votre suggestion. Merci.
