RE: proposition subordonnée circonstancielle

Bonjour.
Ma question est la suivante : dans une proposition subordonnée circonstancielle, un pronom personnel sujet peut-il renvoyer à autre chose qu’au sujet de la proposition principale ? Un exemple :
« Pierre n’a pas pu mettre le bagage dans le coffre parce qu’il était trop grand ».
La phrase est évidemment très ambigüe (et devrait donc être écrite autrement !) et le « contexte » donne envie de répondre que le ‘il’ renvoie à ‘bagage’ et non à ‘coffre’.
Mais la règle grammaticale n’impose-t-elle pas que le ‘il’ ne se rapporte ni à bagage ni à coffre mais à… Pierre en tant que sujet de la proposition principale ? C’est un (vieux) souvenir de lycée qui me laisse penser cela, mais je ne trouve rien sur la question.
Ce qui me gêne, c’est l’idée de clarifier par le contexte. Il me semble que les règles de grammaire doivent être indépendantes de toute subjectivité.

jbambaggi Grand maître Demandé le 5 janvier 2018 dans Général
9 Réponses

Votre question est des plus intéressantes et rarement évoquée sur ce site. Ce que l’on appelle l’amphibologie (ou équivoque) est un sujet d’étude pour les linguistes et concerne des domaines aussi divers que la psychologie, la rhétorique, la politique, l’humour ou la poésie. Freud lui-même a travaillé sur la polysémie des mots et le concept d’ambivalence.

Il est hors de question d’entrer dans le détail ici, mais on peut reclasser la difficulté que vous soulevez dans votre exemple dans une gamme plus large :
— lexique : polysémie (sens différents d’un même mot), énantiosémie ( sens  opposés d’un même mot, louer par exemple), homophonie, etc. ;
— syntaxe : phrases mal construites, disjonctions ou insertions de mots, ponctuation, position de certains mots (un homme grand, un grand homme), etc. ;
— grammaire : les débats autour du rôle du genre dans le participe passé (accord de proximité) en donnent une bonne idée.

En résumé, il est inutile  à mon sens de chercher des règles pour tous ces cas, si tant est que cela ait un intérêt. Il est de la responsabilité du rédacteur d’éviter le doute au lecteur ou au contraire de le provoquer comme un effet de style. À défaut, le correcteur – quand on a le bon goût de s’en payer un – se doit d’être attentif aux tournures ambigües : la distance qu’il a avec le texte l’aide en général à mieux en détecter les pièges.

Je livre enfin à votre rumination le phrase d’un maître du genre, San Antonio  : J’achète à la brave dame de la réception un plan de la ville (dans Bas les pattes).

Chambaron Grand maître Répondu le 6 janvier 2018
Votre réponse
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