RE: Passé composé en poésie
Ma question s’adresse à vous tous.
Dans un autre sujet, Virginie K affirme que l’on ne peut pas employer le passé composé en poésie. Je ne connais pas cette règle, mais cela me semble fantaisiste.
Diriez-vous que le texte suivant est de la poésie ?
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
Il existe des genres littéraires, Cathy, on ne peut nier l’évidence.
La poésie est un genre littéraire.
Je ne sais pas trop ce qu’est « une poésie ». Un poème, à coup sûr, mais il vaut certainement mieux employer ce terme, plus précis.
Qu’il y ait des passerelles, des fondus-enchaînés entre les genres, c’est très juste et il ne pourrait en être autrement : il s’agit toujours de littérature.
Tel poème de Verlaine rapporte les paroles de deux personnages
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé.
– Te souvient-il de notre extase ancienne ?
– Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?
– Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ?
Certains poèmes sont narratifs. Je pense notamment à Prévert ou à Victor Hugo (et à bien d’autres). Le Mendiant, par exemple, commence ainsi :
Un pauvre homme passait dans le givre et le vent.
Je cognai sur ma vitre ; il s’arrêta devant
Ma porte, que j’ouvris d’une façon civile.
N’avons-nous pas ici le début d’un récit ?
Dans Phèdre : Ariane, ma soeur, de quel amour blessée Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! est pure poésie. Mais… c’est du théâtre!!
Je ne citerai aucun exemple pris dans le genre romanesque , mais chacun a présent à l’esprit certains dialogues de facture quasi théâtrale et certaines pages de ton nettement poétique.
Pour ne pas me répéter, je ne peux ici que renvoyer ici à ce que j’ai écrit dans mon premier message :
Quand on emploie le mot « poésie », il faut savoir de quoi on parle : du genre ou de la fonction poétique du langage ?
Une tirade de théâtre reste du théâtre même si l’auteur utilise (peu ou prou) la fonction poétique du langage. De même, un poème reste un poème, même s’il utilise du discours, etc.
Remarque : oui, bien sûr Cathy, on ne confond pas versification et poésie.
Cathy Lévy
Le texte ne s’est pas affiché je vous le redonne ici : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
Cathy Lévy
Décidément, ça ne fonctionne pas.
Vous trouverez le texte ICI