RE: Nos grands auteurs

Répondu

Nos grands écrivains ont beaucoup à nous apporter et même à nous apprendre, ça n’est plus à prouver, mais…
J’ai trouvé cet extrait dans un article intéressant sur le sujet (voir ICI) :

« Victor Hugo, dont l’œuvre n’est pas exempte de fautes d’accord,  fit poliment remarquer à Lamartine qu’il avait laissé passer quelques incorrections. Ce dernier répondit : « Mon principe est cependant qu’il faut en faire en vers, sans cela la grammaire écrase la poésie. La grammaire n’a pas été faite pour nous ! »

Ma question est la suivante :
Devons-nous encore les citer sur ce site, en tant que référents, pour des questions de grammaire, de syntaxe, ou plus généralement de langue française ?
Ou bien faut-il estimer que certaines fautes sont « acceptables » dans la mesure où on les trouve chez nos grands auteurs ?

Cathy Lévy Grand maître Demandé le 31 octobre 2022 dans Question de langue
11 Réponses

Chers tous,

Merci infiniment pour vos réponses, que je trouve toutes très intéressantes et très respectables !

Je ne m’attendais pas à déchaîner les passions…
La plupart d’entre vous avez bien compris mon propos :
Je ne suis pas en train de juger, noter, évaluer la qualité d’un écrivain, son style, sa façon d’exprimer ses émotions, bien au contraire !
J’ai une passion et une admiration sans limite pour Victor Hugo et bon nombre de nos grands auteurs. Mais ce piédestal sur lequel nous les plaçons ne doit pas non plus nous faire perdre de vue la langue française elle-même.
Si mon auteur préféré écrit « je te aime » je vais trouver ça tout à fait charmant, mais si un étudiant étranger me pose la question, je lui expliquerai que la bonne tournure est « je t’aime ».
En revanche, même chez mon auteur préféré, je serai très dérangée par des erreurs élémentaires, des fautes d’accord, des barbarismes injustifiés. Et cela aura même tendance à le faire descendre de son piédestal à mes yeux.
Mais ça, ça me regarde…

D’autre part, comme plusieurs d’entre vous le soulignent, certains termes, certaines tournures du 16e siècle par exemple n’ont plus la même signification aujourd’hui, ou sont tombés en désuétude. C’est bien ça l’évolution d’une langue.
Malgré tout, il y a plusieurs sens au mot « évolution » :
Quand on dit d’une maladie qu’elle « évolue » c’est qu’elle s’aggrave…
Aussi, je suis farouchement opposée aux néologismes et tournures inventées qui l’appauvrissent,  la rendent vulgaire, commune, et n’ont aucun intérêt purement linguistique.

Et puis surtout, je suis tout à fait d’accord avec Lamartine, pour un poète la grammaire ne doit pas être un carcan.
Nous l’avons souvent vu ici, certains auteurs prennent des libertés avec la ponctuation, la syntaxe, dans certains buts très précis, et ils ont bien raison ! C’est ce qui fait la beauté de leurs textes.
Vous pouvez me rendre cette justice, je l’ai toujours dit ici : un auteur est libre d’écrire comme il le veut, c’est bien la moindre de ses libertés.
Reste à être compris de ses lecteurs… mais surtout ses tournures n’engagent que lui !

Et c’est bien mon propos ici : cessons de donner en exemple les tournures de nos grands écrivains, si elles sont en contradiction avec les règles essentielles de la langue.
Idem pour les tournures et termes inappropriés ou purement fantaisistes que certains réussissent quand même à dénicher en cherchant bien, sur un vague site, dans les paroles d’un vague rap, sur un vague forum………

Cathy Lévy Grand maître Répondu le 1 novembre 2022

En l’état actuel de la langue, je crois que personne d’à peu près sensé n’irait affirmer l’acceptabilité d’un Je te aime au seul prétexte qu’on trouve cette forme sous la plume d’un auteur aussi grand fût-il.
Si c’est ainsi que vous pensez que Grevisse, les lexicographes, ou d’autres citent les auteurs, vous n’avez pas compris l’essence de leur démarche.

Je n’aurais pas imaginé que des personnes un peu au fait du fonctionnement des langues puissent user de ce type d’arguments : « néologismes et tournures inventées qui l’appauvrissent,  la rendent vulgaire, commune, et n’ont aucun intérêt purement linguistique. » au café du commerce, bon, ça passe, ça fait même sourire, ici, ça ferait plutôt pleurer.

(évoluer – même dans son acception médicale – est neutre : l’évolution peut aussi bien être positive que négative.)

le 1 novembre 2022.

Je donnais l’exemple de « je te aime« , qu’un auteur peut mettre dans la bouche d’un enfant, d’un amoureux qui dirait ça par jeu, tout comme « je te hai-me« , par exemple.
Dans ces cas, l’auteur a une bonne raison de faire ce genre « d’erreurs  calculées », si j’ose dire.

le 2 novembre 2022.
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