RE: Je me suis fait belle…
Ma question concerne l’accord des verbes pronominaux.
Même si je sais qu’on doit dire (si l’auteur de la phrase est une femme) :
« Je me suis fait belle » (et non pas faite ), mais « Je me suis mise sur mon trente-et-un » (et non pas mis), « Je me suis autorisée » mais « Je me suis permis » (et non pas permise)… eh bien je suis incapable d’expliquer clairement pourquoi !
Avez-vous un « truc », une façon simple d’expliquer (et de comprendre !) la règle qui régit cet accord ?
Bonjour.
Suivi d’un infinitif, non suivi d’un infinitif, qu’est-ce que c’est que ce galimatias, comme dirait Gavroche!!!
Se poser les bonnes questions, c’est ici se demander s’il y a un COD, et où il est s’il y en a un. Et alors la règle de l’accord avec le COD et uniquement avec le COD si et seulement si il est placé avant le verbe, cette règle ne connait aucune exception
Dans « la veste que je me suis faite », c’est-à-dire « …confectionnée », il y a un COD qui est « que », pronom relatif représentant « veste ». Il est placé avant le verbe, il y a donc accord.
Mais dans « La veste que je me suis fait faire », c’est-à-dire « … que je me suis fait confectionner », « fait » (qui ne signifie pas ici « confectionné ») a un COD qui est la proposition infinitive (verbe à l’infinitif) « faire » (ou « confectionner »), qui est de genre neutre – qui se code comme masculin en français. J’ai fait quoi? – faire (confectionner), et faire ou confectionner quoi? – une veste.
Quant à « me », dans cette histoire, il est C O Indirect (faire à moi, confectionner à -pour- moi).
Exemple un peu plus apparemment difficile:
Elle s’était faite belle , et s’était mis un rouge à lèvre de luxe. Et elle s’est trouvée très flattée de s’être vu décerner la distinction de reine de la soirée, et de s’être ainsi vue distinguée entre toutes.
Explications:
Elle s’était faite (s’=elle-même, COD de « avait faite »**) belle (adjectif qualificatif attribut), et s’était mis (s’=à elle-même, COI de « avait mis »**) un rouge à lèvre de luxe. Et elle s’est trouvée très flattée (comme « faite belle ») de s’être vu décerner ( décerner infinitif COD de vu, s’= à elle COI de décerner) la distinction (COD de « décerner ») de reine de la soirée, et de s’être ainsi vue distinguée (ici encore comme « faite belle ») entre toutes.
**Dans les formes pronominales, l’auxiliaire « avoir » est remplacé par l’auxiliaire « être ». Ne me demandez pas pourquoi. Mais c’est bel et bien une source, voire une cause d’erreurs.(Les enfants, très logiquement, disent « je m’ai vu dans la glace », « je m’ai fait mal en tombant »).
Oui, je sais, ça semble un peu compliqué. Mais il y a beaucoup de choses compliquées dans la vie, et pourquoi cela dispenserait-il de réfléchir? Dans le cas présent ma grand-mère, avec son Certificat d’Études Primaires de 1920 (année scolaire suivant le cours élémentaire deuxième année), ne faisait pas les fautes d’orthographe que beaucoup de gens font aujourd’hui parce qu’on ne leur a pas demandé de réfléchir en temps utile (dictée, analyse logique, analyse grammaticale, rédactions, etc.). Mais il n’est pas trop tard, chacun peut s’y mettre, c’est à la portée de tous (ma grand-mère était boulangère paysanne, et ses clients et clientes, dans son village de quelque vingt familles, avaient le même niveau élémentaire d’études, et écrivaient des lettres sans fautes, à la différence de pas mal d’universitaires d’aujourd’hui).
Il n’y a donc pas plus de problème de comptage de pronoms que décompte de virgules ou de nuages dans le ciel d’aujourd’hui. Juste un peu de logique, en prenant le temps pour cela quelques bonnes fois. Après quoi ça viendra « tout seul », comme si on l’avait toujours su.
Ce n’est donc pas un problème d’érudition, mais de raisonnement.
Salut à toutes et à tous, et bonne année.
