RE: Je me suis fait belle…
Ma question concerne l’accord des verbes pronominaux.
Même si je sais qu’on doit dire (si l’auteur de la phrase est une femme) :
« Je me suis fait belle » (et non pas faite ), mais « Je me suis mise sur mon trente-et-un » (et non pas mis), « Je me suis autorisée » mais « Je me suis permis » (et non pas permise)… eh bien je suis incapable d’expliquer clairement pourquoi !
Avez-vous un « truc », une façon simple d’expliquer (et de comprendre !) la règle qui régit cet accord ?
De manière brute, et sans en faire des tonnes, je simplifierais sous la forme suivante :
1 – Verbe essentiellement pronominal : accord systématique.
2 – Verbe occasionnellement pronominal : accord selon la règle de base COD/COI.
L’exception connue de s’arroger mise à part, je ne vois pas vraiment de problème. Cela étant, je ne souscris donc pas à l’un de vos exemples : Je me suis faite belle ( « me » est COD).
Inutile de multiplier les exemples. S’il reste des difficultés face à cette manière simple de présenter les choses (sous réserve, certes, d’avoir expliqué auparavant la notion d‘essentiellement pronominal), n’hésitez pas à l’écrire : il s’agit de l’un des thèmes récurrents des questions orthographiques et le sujet doit être inlassablement répété.
NB : nous parlons bien entendu ici de pronominaux non suivis d’un infinitif, auquel cas il se transforme alors en auxiliaire non accordé. Vous ne vous êtes pas fait chambrer par Chambaron, car nous menons le même combat, n’est-il pas ?
Bien respectueusement,
Pour ce qui est de « Je me suis faite belle », j’ai du mal à me laisser convaincre, désolée, ça m’écorche vraiment les oreilles !
Mais si la règle est formelle…
L’avantage des règles est de nous maintenir dans des rails constants, quels que soient les circonstances, les tics de chacun ou les influences diverses. Dans votre exemple, je pense que l’influence de Je me suis fait avoir contribue à brouiller l’intuition. En P.S. : il y a bien quelques verbes essentiellement pronominaux qui ne s’accordent pas : se rire, se plaire, se complaire. Ajoutons le cas tordu de se rappeler : elles se sont rappelé de leurs erreurs (« Se » est COI), mais elles se sont rappelées téléphoniquement (« Se » est COD réciproque). Et pour achever ce gâteau des horreurs, mentionnons la cerise de se plaindre : pronominal classique accordable dans le sens courant (elles se sont plaintes de…), il ne s’accorde pas au sens un peu désuet de « se priver » : toute leur vie, ces pauvresses se sont plaint les sorties et les mondanités.
Merci Chambaron, votre règle simplifiée est très efficace. J’ai même fini par m’incliner devant la dame qui s’est « faite » belle ! (non, je n’ai jamais eu le moindre doute à propos de « Je me suis fait avoir », malgré la liaison orale… vous me froissez presque…) Malgré tout, je ne suis pas d’accord sur un point : le cas de « se rappeler » n’échappe pas à la règle. Simplement on dit « se rappeler quelque chose » et non pas « de quelque chose ». Dans votre exemple « Elles se sont rappelé leurs erreurs », le C.O.D. est donc bien « leurs erreurs », et l’on n’accorde pas car il est placé après le participe passé.
Bien sûr, c’était une coquille…
Il reste que se rappeler est un pronominal insidieux qui fait rapidement commettre des erreurs sur l’accord du participe.
Petite réserve : se rire, se plaire, se complaire, etc. ne sont pas essentiellement pronominaux (ils peuvent être employés autrement qu’à la voix pronominale). Leur particularité est simplement qu’ils n’acceptent jamais de complément direct, et ne se trouvent donc jamais en situation d’accord.
En revanche, s’arroger et s’entre-nuire, qui sont essentiellement pronominaux, ne s’accordent pas avec leur sujet. Ce sont là des exceptions (le premier s’accorde avec son COD placé avant, le second reste invariable).
