RE: j’ai été/je suis allée et déplacement au sens figuré

Répondu

Bonjour,

De ce que j’ai appris
Je suis allée et non pas j’ai été devant un verbe à l’infinif ou lorsqu’il y a une notion de déplacement.
Je suis allée au cinéma
Je suis allée chanter

L’exemple ci-dessous reposera donc très logiquement sur les mêmes bases
(il cumule de surcroît et le verbe à l’infinitif et le déplacement)
« J’ignore pour quelle raison je suis allée y chercher midi à quatorze heures. »

Je ne sais pas pourquoi, à part que c’est probablement à tort, mais la phrase m’aurait semblé plus « légère » (ou plus fluide) écrite comme suit :
« J’ignore pour quelle raison j’ai été y chercher midi à quatorze heures. »

Est-ce le fait que le déplacement ne soit pas au sens propre du terme ?
En rapport avec l’introduction d’une expression toute faite ?
Néanmoins, et j’en ai conscience, le verbe à l’infinitif justifie à lui seul l’emploi de « je suis allée » (ce que me souligne par ailleurs mon correcteur automatique)

Ma question est, pourquoi, selon vous, cela me dérange-t-il dans ce dernier exemple ?
Esprit dérangé ou possible explication ?

Merci par avance

Cocojade Grand maître Demandé le 28 juillet 2023 dans Question de langue
4 Réponses

Ce n’est peut-être pas pour rien que vous aviez écrit « je suis allée » : la forme, plus compliquée, un peu superflue à première vue, mime, en quelque sorte la complication inutile exprimée clairement dans « chercher midi à quatorze heure ». Il se peut que l’ajout de « y » ait la même motivation plus ou moins consciente.
Le choix des mots et leur agencement ne relèvent pas de la syntaxe exclusivement
—–
Pour ce qui est de j’ai été au lieu de je suis allé, je dirai comme CParlotte qu’il est trop facile de rejeter le « j’ai été » d’un revers de main avec une assertion du type  : cela ne se dit pas – il faut dire – etc
Je tombe un peu par hasard  sur ce bout de phrase dans  L’écho du panorama des langues, dans le système d’unité linguistique (A. Latouche) : aller iῳ même racine que le verbe  iῳ être ; car on dit « je fus » « j’ai été » pour « j’allai », « je fus allé » –
De quoi me mettre la puce à l’oreille.
Je suis donc allée (j’ai donc été) fureter.
– à noter : notre verbe être est issu de trois racines différentes qui portaient des sens différents . L’étymologie du verbe « être »
   (Martin Heidegger)
– d’après les lectures (rapides) que j’ai faite concernant le verbe aller, il a, lui aussi, trois racines différentes avec là aussi, des sens différents.
Rencontre sémantique des verbe aller et être ? l’usage le montre de toutes façons.
Je ne condamnerai donc pas aussi vite l’emploi de « j’ai été », pour « je suis allé »…

Tara Grand maître Répondu le 29 juillet 2023

Bonjour Tara,

Je vous remercie d’avoir été fureter (nouvelle insurgence de votre raison ? 😉 )

Vos recherches sont riches  (merci) et me confortent, une fois de plus, dans l’idée qu’il serait bien « pauvre » de considérer que tout est toujours formel et définitif, même dans la langue française.
Et de fait, je ne condamnerai pas non plus l’utilisation de « j’ai été » pour « je suis allé » de manière systématique. Il existe à mes yeux trop de points qui engagent à se garder d’être péremptoire. Je ne suis visiblement pas la seule à le penser, c’est rassurant pour une novice, je l’avoue.

S’efforcer à douter et laisser la porte ouverte aux possibles en étudiant les différents versants qui existent me sont des notions chères et/car habituelles (passé professionnel dans le domaine de la psychiatrie dans lequel on encourage le doute et privilégie l’emploi du conditionnel).
Au début, ce cheminement du doute, qui m’était évident en psychiatrie, ne m’apparaissait pas se devoir d’être en matière de langue française (« L’aura »de notre langue peut-être ? L’ensemble de règles formelles qui l’encadrent ?).
Eh bien, j’ai vite appris qu’il n’en était rien 😉

Néanmoins, malgré le temps infini passé en recherche (parfois même pour un simple mot utilisé depuis toujours, sans le moindre souci), je reconnais que ce « doute » qui advient de temps à autre me rend la langue française plus enrichissante, car moins… « descendante ».

Bonne journée Tara

le 29 juillet 2023.

Avoir été pour aller n’est pas réputé incorrect (sauf peut-être par des puristes très très puristes, bornés ?), il est réputé appartenir au registre familier (personnellement, je dirais courant, mais bon, je ne suis pas une source faisant foi).
La forme s’en être + passé simple appartient à la langue classique.

Extraits de l’Académie (si même l’Académie, l’accepte, hein ?!) :

VI. Être, parfois employé dans le sens d’aller.
1. Class. Au passé simple. À peine arrivé en ville, il fut directement à son hôtel. À peine sortis de table, les convives s’en furent.
2. Fam. Aux temps composés, avec un complément de lieu. Avez-vous été à Paris la semaine dernière ?


[Je me cite (allez !) :Évidemment, si on choisit la forme sans aller, et si on veut éviter le registre familier, il faudrait dire ainsi :
J’ignore pour quelle raison j’y ai cherché midi à quatorze heures.
]

le 29 juillet 2023.

@Marcel

Je vous remercie pour vos « investigations ».

De fait, si même l’Académie l’accepte…

Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas été jeter mon œil sur ce qu’en disait celle-ci  (une fois n’est pas coutume)

Eh bien, je crois qu’il va me falloir rajouter »familière » à d’autres qualificatifs que je m’attribue parfois 😉 parce que, voyez-vous, je viens d’écrire, tout naturellement,  » je n’ai pas été jeter mon œil ».
(Ceci étant dit, pour ma défense, entre bornée et familière, à choisir…)

Pour en revenir au sujet, même si je peux en partie comprendre une sorte de besoin d’unification, je pense tout-de-même regrettable que soit considéré incorrect (ou à éviter)ce qui est pourtant admis par ailleurs. C’est encore plus vrai si la référence qui admet est l’Académie française.
Alors certes, dans notre cas, « j’ai été » est reconnu, mais uniquement dans le langage familier.

Une des questions que cela m’amène est : À partir de quand, les instances font-elles progresser un mot, un terme, une expression du langage familier au langage courant ?
J’entrevois une possible réponse : À partir du moment où la « majorité » est devenue familière.
Me voici rassurée 😉

le 29 juillet 2023.

@Marcel

Vous avez eu bien raison de vous citer à nouveau.
Si ce n’est que je vois à nouveau en bonne place le « y » dans votre phrase.
Comme quoi… 😉

le 29 juillet 2023.
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