RE: Il s’est ensuivi / Il s’en est suivi
Pourquoi entend-on et lit-on de plus en plus souvent « Il s’en est suivi« , « Les émeutes qui s’en sont suivi » , notamment de la part de nos chères têtes pensantes ?
En effet, le verbe s’ensuivre est un verbe impersonnel, et ne se conjugue qu’à la troisième personne du singulier.
Quelle drôle d’idée de le scinder en deux pour le conjuguer ?… Imagineriez-vous de dire « Ils s’en sont volé » pour « Ils se sont envolés » ou « Elles s’en sont fui » au lieu de « Elles se sont enfuies » ?
L’Académie Française est formelle, on doit écrire « Il s’ensuivit » et non pas « Il s’en suivit », et « Il s’est ensuivi » et non pas « Il s’en est suivi ».
L’emploi (plus rare) du verbe « s’en ensuivre » est également accepté : « Les événements qui s’en sont ensuivi » (écrit « ensuivis » sur le site de l’Académie, lequel est erroné (question supplémentaire) ?).
Pourtant, quelle n’est pas ma stupéfaction de constater que de nombreux sites d’orthographe et de conjugaison, et même le Larousse (!!!) affirment que le verbe s’ensuivre se conjugue à la troisième personne du singulier et du pluriel, et que la forme correcte, au passé composé, est « Il s’en est suivi » !
Je suis particulièrement intéressée par l’avis d’un expert en la matière !
Question délicate, mais qui mérite d’être éclairée eu égard à la fréquence d’emploi tant par les médias que par les particuliers.
Vous donnez déjà l’essentiel des éléments dans votre question. Je pense néanmoins que le second verbe, s’en ensuivre, n’est en fait que s’ensuivre auquel est joint un complément sous forme pronominale : le « en » (= de cela) représente un groupe de mots situé ailleurs dans le texte.
On peut ajouter que Bescherelle, not’mère, ne connaît effectivement que la 3e personne du singulier, mais présente aussi sans commentaires les participes passés accordés (féminin et pluriel), ainsi qu’un impératif passé croquignolesque (soit ensuivi !).
Le Monde, référence incontournable, utilise systématiquement et correctement s’ensuivre, mais ils lui arrive d’utiliser aussi la 3e personne du pluriel.
Grevisse insiste sur le fait que la soudure du en- ne doit pas être brisée, mais constate que de nombreux auteurs ont fauté dans leurs textes (dont Émile Littré lui-même qui le condamnait clairement !)
Le Littré, justement, reconnaît la 3e personne du pluriel.
Projet Voltaire a une position, dans le module Excellence, mais je n’arrive pas à la récupérer dans l’immédiat (les explications ne sont disponibles qu’en instantané sur la question à l’écran).
Au total, mon avis est le suivant :
1- Ne jamais tolérer la séparation du en-, même si la faute est fréquente.
2- Accepter l’usage de la 3e personne du pluriel et de l’accord des participes en genre et nombre, à peine de se priver inutilement de nombreuses tournures pourtant logiques, et de devoir recourir à des formulations moins heureuses…
3- Ne pas oublier de respecter les modes de conjugaison si un verbe suit : « il s’ensuit que j’y vais » (forme affirmative = indicatif), mais « il ne s’ensuit pas que je m’en aille » ou « s’ensuit-il que j’y aille ? » (formes négative et interrogative = subjonctif)
Références :
– http://www.bescherelle.com/conjugueur.php?term=s%27ensuivre
– http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1218375&xtmc=s_ensuivre&xtcr=31
– http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/definition/s’ensuivre