RE: Hypothèse « Si » imparfait + imparfait, possible ?

Bonjour,

Je m’interroge sur cette phrase :

« Si tu avais soif, tu ne pouvais boire que cette bouteille-là. »
(= En cas de soif, tu ne pouvais boire que cette bouteille-là.)

Est-ce une hypothèse correcte ? Si oui, comment expliquer l’imparfait dans la principale ?

Je crois me souvenir qu’avec une condition avec imparfait, il faut utiliser le conditionnel présent ou passé comme cela :

« Si tu avais soif, tu n’aurais pu boire que cette bouteille-là. »

Pourquoi cette phrase me semble bizarre ? Est-elle au moins correcte ? Ou au contraire l’est-elle plus que la première ?

Je suis un peu perdu. Merci d’avance pour votre éclairage.

Gombro Érudit Demandé le 3 mars 2024 dans Question de langue

La règle que vous évoquez n’existe que dans l’autre sens : si la principale est au conditionnel présent, la subordonnée de condition introduite par si est à l’imparfait.

le 4 mars 2024.
9 Réponses

Votre première phrase est une simple et parfaite transposition au passé d’une phrase sans notion d’irréel, de type « si + présent, alors + présent ».
— Si tu as soif, tu peux boire.
— Si tu avais soif, tu pouvais boire.
Votre seconde phrase n’est pas correcte, c’est une mauvaise transposition au passé d’une construction hypothétique irréelle. La bonne transposition doit porter sur les deux propositions :
— Si tu avais soif, tu pourrais boire.
— Si tu avais eu soif, tu aurais pu boire.

CParlotte Grand maître Répondu le 5 mars 2024

Merci pour votre réponse.

Pour résumer et aussi pour être sûr, la phrase « Si tu avais soif, tu ne pouvais boire que cette bouteille-là. » est correcte car ce n’est pas une hypothèse, mais une condition qui porte sur quelque chose qui s’est produit, alors que l’hypothèse avec « si + imparfait et conditionnel présent ou passé », elle, implique une conséquence virtuelle à partir d’un fait qui n’est pas réalisé. J’ai bien compris ?

le 11 mars 2024.

L’idée est bien celle-là, mais il y a manifestement des hypothèses à la fois dans « si j’étais riche je voyagerais » et dans « si un jour je suis riche je voyagerai ». Plutôt que de dire qu’il n’y a pas d’hypothèse, dites que l’hypothèse est présentée comme une possibilité.
On peut utilise le mot « hypothèse », mais dissocier « hypothèse théorique mais irréelle » (non réalisée au passé ou peu envisageable au présent) et « hypothèse envisagée comme réalisable » (ce que dans votre question vous appelez « en cas de »).

a) Hypothèse clairement irréelle
Dans les phrases où on dit dans la subordonnée une chose qu’on sait fausse, on utilise le système strict « indicatif imparfait dans la subordonnée et conditionnel présent dans la principale », ou sa déclinaison au passé « indicatif plus-que-parfait dans la subordonnée et conditionnel passé dans la principale ».
— Si j’étais riche, je voyagerais (mais je ne suis pas riche)
— Si j’avais été riche, j’aurais voyagé (mais je n’étais pas riche)

b) Autres cas : hypothèse envisagée, condition réaliste, cas qui se présente, répétition, départ d’un raisonnement, formalisme logique…
On met tout à l’indicatif, aux temps qu’on veut, selon ce qu’on a à dire…
— Si je deviens riche, je voyagerai ; s’il pleut je m’abrite ; si je mange je n’ai plus faim ; si je n’ai pas faim c’est que j’ai mangé ; si la porte était ouverte ou que la lumière était allumée, on savait que la voie était libre ; si la voie était libre, le patron allumait les lumières ; si a est plus grand que b, alors b est plus petit que a, et inversement, sans que ni a ni b ne soit la condition ou la conséquence de l’autre ; si c’est trop tard c’est trop tard ; s’il était mort, comme on le disait, c’était évidemment trop tard…
À l’intérieur de ce cas (b), des verbes conjugués au conditionnel sont cependant possibles, mais d’un autre type. Par exemple le conditionnel de politesse reste possible (si tu viens demain, pourrais-tu…). Et le conditionnel présent exprimant un futur dans le passé reste également possible (si la voie est libre ce soir, la lumière sera allumée ; si la voie était libre ce soir-là, la lumière serait allumée).

Quand une phrase vous semble bonne, elle est généralement bonne. Quand elle vous semble bizarre, c’est généralement à raison, et il y a une erreur d’expression. Il est évident que vous parlez français aussi bien, aussi couramment, que nous tous. Fiez-vous à votre connaissance globale de la langue.
C’est bien de confronter de temps en temps votre pratique avec les règles enseignées, mais quand votre phrase vous semble en contradiction avec les règles, ne croyez pas que vous ayez tort, c’est juste que vous êtes tombé sur une règle qui n’existe pas, sur une mauvaise explication de la règle, ou sur une règle simplifiée et mal enseignée. Trop de gens inventent ou modifient des règles au gré de leur inspiration, en particulier sur ce site.

le 12 mars 2024.
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Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.