RE: Francisation des mots d’origine étrangère
Je ne devais plus poser de questions sur ce site, mais bon…
Existe-t-il une source ou une « base » concernant les mots et les noms étrangers francisés ? Cela a un impact dans de nombreux domaines.
– Pluriel : des scénarios ou des scenarii ?
– Noms propres : Les Romanov ou les Romanovs ? (c’est une dynastie, donc accordable, non ? )
– L’usage de l’italique et des accents : à priori ou a priori ?
Aucun ouvrage, à ma connaissance, ne traite de la question avec une autorité qui s’imposerait.
Le Conseil supérieur de la langue française me semble être une bonne base, il faut indiquer, bien sûr, le Grevisse (le Bon usage) et naturellement l’Académie française.
Ils sont unanimes à proposer que l’on francise les mots étrangers et notamment leurs pluriels, c’est ainsi que l’on évitera les horribles concerti, entendus régulièrement et de façon pédante sur France musique, au profit des concertos.
Certes, il arrive que les grammairiens se contredisent l’un l’autre, voire eux-mêmes : l’Académie française donne le pluriel francisé barmans mais par ailleurs le pluriel boxes, mais cela n’a pas de quoi troubler. Le Grevisse, quant à lui, dans le Bon usage, tout en disant que match fait son pluriel en matches, box en boxes, etc. précise que « le pluriel à la française est fréquent et tout à fait recommandable [on aura alors des box, des mactchs] ».
Formons le pluriel francisé en étant logique : si l’on écrit des barmans, écrivons des whiskys. Et, pour une fois, suivons les règles édictées par le Conseil supérieur de la langue française.
Pour ce qui est des noms propres, le Bon usage est très clair : « Le pluriel des noms propres ne varie pas au pluriel : Les Hohenzollern, les Habsbourg, les Bonaparte, les Romanov.
Exceptions. Prennent un s dans l’écriture les noms de certains personnages de la Bible ou de l’Antiquité (qu’on est habitué à considérer en groupes) et de certaines familles, surtout régnantes, dont la gloire est ancienne : Les trois frères Maccabées […] Les Ptolémées ; les Tarquins, les Césars, les Flaviens, les Antonins, les Sévères ; les Plantagenêts, les Stuarts, les Tudors ; les Bourbons… […]
On y ajoute parfois les Capets […] les Capulets, les Montaigus […]
Ex. non conformes. Les Habsbourgs : E. Rostand… » (le Bon usage, § 523).
« Certains noms de familles célèbres demeurent toutefois invariables, comme les noms de famille étrangers non francisés (Habsbourg) […] On constate cependant une tendance de plus en plus répandue à laisser invariables les noms de personnes célèbres » (Office québécois de la langue française).
En ce qui concerne les Stuarts, il s’agit bien du nom francisé (depuis 1542) de la famille écossaise des Stewart, auparavant Steward (Sénéchal, en Écosse).
Les Windsor, que vous citez, font l’objet d’un article du Monde du 05 janvier 2015 : « Les soupçons qui planent sur le prince Andrew menacent la respectabilité des Windsor ».
De même, on écrira les Romanov. J’écris, pour ma part, les Ming, les Pahlavi, les Wasa…
Ainsi, faute de traité sur le sujet, il existe néanmoins des sources grammaticales reconnues qui permettent de se constituer un « bon bagage » et de se faire une opinion, et c’est souvent alors une question de bon sens.
Belle recherche, vraiment… Je conserve votre réponse en guise de référence.
Bravo pour l’explication sur les Stuarts, mais je reste en revanche perplexe pour les Habsbourg(s), comme développé dans ma réponse à Cathy. Dans le doute pour les noms de grandes familles et de dynasties, je serai un peu plus restrictif à l’avenir.
Bonne journée !
Venant de votre part, je prends votre aimable commentaire comme un compliment auquel je suis très sensible. En ce qui concerne Habsbourg, en effet, je suis d’accord avec vous, il s’agit de la forme francisée du nom allemand Habsburg. De là à l’accorder au pluriel, pour ma part, je ne ferais pas le pas, m’en tenant à la règle sur les noms propres et à la précision de Grevisse que je donne dans ma réponse.
