RE: Fable et inversion et le participe passé

Bonsoir à tous, j’ai eu l’occasion cet après-midi  de consulter des archives sur l’accord du participe passé et l’inversion, dans les fables par exemple. Je pensais qu’on accordait uniquement avec le pronom COD.
Par ex. : Chaque goutte épargnée a sa gloire flétrie. Pas de pronom COD. Je pensais que l’accord était uniquement avec le pronom COD, pas avec autre chose.

Manuel Grand maître Demandé le 12 février 2021 dans Accords
12 Réponses

Attention aux lectures rapides et biaisées d’un texte classique par des yeux modernes ! On se retrouve à dire que ce que Corneille a écrit « n’a aucun sens ».

Si vous relisez attentivement ce passage* célèbre d’Horace, vous comprendrez bien que le fait pour Horace (le jeune) d’avoir épargné son sang flétrit ledit sang aux yeux du vieil Horace. Ce sont les contraintes de la versification classique (héritée du latin)  qui amène Corneille a inverser le participe et le complément. La phrase se lit donc bien comme chaque goutte épargnée a flétri sa gloire ou a sa gloire flétrie. Corneille accorde le participe puisque la réforme de Marot a déjà produit ses effets et l’Académie a imposé l’accord du participe postposé (on ne parle pas encore de COD à cette époque).
On voit bien avec un tel exemple à quel point cet accord (après l’auxiliaire avoir), loin de clarifier les choses, les rend plus obscures. On prend pour un adjectif naturellement accordable (il fait corps avec le nom) un participe dont on ne comprend pas qu’il s’accorde selon sa position dans la phrase.
Autrement dit, cela est un excellent exemple de l’inanité de cette sacro-sainte règle qu’aucune langue au monde ne nous envie (pas même l’italien, qui l’a inventée puis supprimée dans sa pratique moderne).
NB Si vous ne le saviez pas, je suis un farouche partisan (aux côtés de nombreux grammairiens et linguistes) de son abolition dans l’enseignement. Je m’abstiens en général de répondre aux questions sur le sujet, mais ici l’occasion était trop belle…
——–
*N’eût-il que d’un moment reculé sa défaite,
Rome eût été du moins un peu plus tard sujette ;
Il eût avec honneur laissé mes cheveux gris,
Et c’était de sa vie un assez digne prix.
Il est de tout son sang comptable à sa patrie,
Chaque goutte épargnée a sa gloire flétrie ;
Chaque instant de sa vie, après ce lâche tour,
Met d’autant plus ma honte avec la sienne au jour.

Chambaron Grand maître Répondu le 12 février 2021

En effet Chambaron, j’ai fait un énorme contresens, faute d’avoir le contexte. Il me semble d’ailleurs que Joëlle a commis la même erreur…
Vous avez bien fait de placer un vote négatif sur mon message qui devrait même être effacé pour éviter toute confusion. Ce que d’ailleurs je fais sur le champ.

le 13 février 2021.

Ce souci vous honore. Je ne vous visais pas spécialement dans mon commentaire, mais les contresens sont fréquents dès qu’on touche à des textes d’une certaine ancienneté. Un auteur (j’ai préféré oublier son nom) a fait publier il y a peu un ouvrage entier, grand public,  sur de prétendues « fautes » chez les auteurs classiques. Il s’en gausse avec une suffisance pitoyable. Un tissu d’âneries qui fait fi des conventions aux époques concernées et des bourdes des correcteurs,  éditeurs et imprimeurs.
Nous vivons hélas une époque où les mauvaises rumeurs courent cent fois plus vite que les bonnes…

le 13 février 2021.
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