RE: Est-ce que « c’est faute à » est fautif comme l’est « c’est la faute à » ?
Je suis désolé de revenir là-dessus… Tara m’a récemment déjà répondu à ce sujet, et je ne voudrais vexer personne. Surtout pas elle, qui m’a souvent aidé et est visiblement extrêmement compétente.
Il m’est tout à fait clair que « c’est la faute à » est une formulation fautive, et qu’il faut absolument lui préférer « c’est la faute de ».
Toutefois, je me demande si « c’est faute à » est tout aussi fautif ou, au contraire, peut être correct. Exemple : « C’est faute à la guerre, si nous sommes affamés ! »
Ce qui me trouble, c’est que je trouve de nombreux exemples d’ouvrages publiés qui comportent cette formulation, « c’est faute à », ou bien « faute à », sans le « la » devant « faute ».
Pourriez-vous m’aider à trancher une fois pour toutes ? Est-ce que « c’est faute à » est fautif comme l’est « c’est la faute à » ?
Bonjour,
Je n’ai pas la capacité de vous débarrasser définitivement de vos doutes, mais « Faute en est à la guerre » me parait plus correct.
Pouvez-vous donner deux ou trois exemples que vous auriez relevés dans des ouvrages publiés, et où « c’est faute à » ne vous a pas choqué ?
Merci Nonobstant. Cela ne répondra pas à la question « est-ce correct en bon français », mais je remarque que dans vos exemples, seuls le 2ème et le 3ème répondent exactement à votre problématique. Pour les autres, on a plutôt la tournure « c’est faute de », même si le « de » est placé après :
– C’est faute d’en avoir profondément étudié les sources
– C’est faute d’avoir suffisamment distingué…
– C’est faute d’avoir appris à les saisir.
(Votre dernier exemple est identique au premier, c’est pourquoi il n’y a pas le compte).
Pour répondre plus précisément à votre question, je suppose que si l’Académie acceptait la tournure « faute à», elle l’aurait signalé dans les exceptions, comme elle l’a fait pour « à qui la faute ». Et l’absence d’article devant faute n’y change rien.
A mon sens, les questions à se poser pour vous sont principalement :
– A quelle époque se déroule le récit –> vos exemples me paraissent assez contemporains, et l’usage qui est fait du « faute à », qu’il soit admis ou non par les grammairiens, est peut-être très postérieur au temps de votre histoire.
– Qui parle ? Est-ce un narrateur présumé érudit ? Dans ce cas, je pense que vous devez éviter cette tournure, et la remplacer par exemple par « à cause de » Est-ce un paysan, un ouvrier, ou même une personne présumée cultivée mais qui, dans le feu de sa revendication, se fiche bien de la grammaire ? Alors pourquoi pas. La colère entraîne parfois, volontairement ou non, ce genre de « jeu de mots », « à qui la faute », « c’est faute à la guerre ».
Bon… Je ne suis toujours pas convaincu, mais, prudemment, suivant l’adage qui dit : « En cas de doute, s’abstenir », je vais réviser tout mon texte grâce à l’outil de recherche et retirer tous mes « faute à », qui effectivement pourraient être fautifs. J’en suis marri, car je trouvais cette tournure bien pratique. Et, étrangement, même élégante, d’une certaine façon — alors que vous me dites tous que ça fait plutôt populo. Quel dommage que l’Académie française ne dise rien au sujet du cas de figure qui m’intéresse !
Mon récit débute en 1998 et se poursuit jusqu’à nos jours. Son narrateur n’a pas fait de hautes études, mais souhaite être assimilé à une classe supérieure qui n’est pas la sienne. Malgré son désir d’être autre chose que ce qu’il est réellement, il aime à saupoudrer son langage châtié d’expressions triviales, voire prodigieusement ordurières.
Merci pour votre attention, Dewelis.
Je comprends votre perplexité, d’autant plus qu’en dépit des apparences, je la partage. Je pensais votre récit beaucoup plus ancien. A vous de voir si votre narrateur veut à tout prix respecter les « gardiens du temple » de la langue française, ou s’il accepte les infidélités que lui font des auteurs a priori très sérieux : dans les exemples que vous donnez (qui sont, contrairement à ce que je croyais, approximativement contemporains de votre récit), le « faute à » ne fait pas « populo ».
J’aime bien votre personnage, que je trouve, dans le peu que j’en vois, tour à tour attendrissant et agaçant.
Question subsidiaire : est-il le Nono qui se cache derrière le Nonobstant ? (je vous taquine 🙂 )
J’essaye à grand-peine de lui faire respecter la loi des « gardiens du temple »… Ha ha…
Oui, il y a beaucoup de moi dans le personnage de mon texte (nous partageons, pas exemple, la manière de s’exprimer pompeuse), mais le personnage n’est pas moi, car il s’agit d’une ordure finie, ce que je ne pense pas être (ce que j’espère ne pas être).
Ah mince, une ordure finie, même pas une ordure avec des fêlures attendrissantes ? Il faut que j’arrête mes interprétations, juste avec des bouts de phrase :-).
Je lis la dernière contribution de Cathy L. qui m’a beaucoup étonnée, le français n’est pas votre langue maternelle ?
Oui, des fêlures attendrissantes qui font que l’on risque de le trouver sympathique. Puis, en tombant, plus loin dans le texte, sur de ses réflexions totalement immondes, on s’en veut de s’être laissé presque séduire.
Je suis un immigré magyaro-italien. Ma mère hongroise m’a amené en Alsace à l’âge de neuf ans (depuis Florence, en Italie) quand elle s’est mariée à un Allemand francophile habitant en France. Je ne connaissais alors qu’un seul mot français : « Voilà ! »