RE: Des robes « VioletteS »… Une exception hors exceptions admises ?
Bonjour,
Des robes orange
Des robes marron
Des robes café
Etc.
Adjectifs de couleur invariables car sous-entendus ‘de la couleur d’un nom » (couleur du marron, du café, de l’orange, etc.)
Alors pourquoi… des robes violetteS ?
– Violette est pourtant un adjectif de couleur tiré/issu d’un nom féminin (la fleur) à savoir … Des robes de la couleur de la fleur la Violette.
– Violette ne fait pas non plus partie des exceptions (rose, mauve, pourpre, incarnat, écarlate et fauve) qui prennent la marque du pluriel.
Une âme charitable pour m’éclairer ? 🙂
Puisque la couleur tient bien son nom de la fleur, on ne peut que vous donner raison.
On aurait effectivement pu préciser que contrairement aux adjectifs invariables « orange » ou « marron », l’adjectif « violette » s’accorde en genre et en nombre, comme « rose » s’accorde en nombre.
C’était facile à repérer, puisque on sait que cet adjectif s’écrit « violet » au masculin, mais ça méritait en toute rigueur d’être noté sur la liste des adjectifs de couleur variables bien que désignant originellement une chose.
Si on mentionne que « marron » ne devient pas « marrons » au pluriel ni « marronne » au féminin, on pourrait également signaler que « violette » devient « violet » au masculin. Si la couleur marron est représentée par un adjectif invariable parce que le marron est un fruit, en revanche la couleur violette n’est pas représentée par un adjectif invariable alors pourtant que la violette est une fleur. C’est effectivement une exception, comme par exemple « rose », à la règle de l’invariabilité de certains adjectifs en vertu de leur origine.
Les deux lettres finales « -te » ressemblent à une marque du féminin sans l’être. Je dirais pourtant que c’est la forme du mot qui a conduit très tôt à en créer une forme masculine, et dès lors l’affaire était pliée, le mot devenait clairement un adjectif respectant toutes les règles d’accord (avant qu’il y ait des listes d’obligations et d’exceptions).
À cause du fruit, on ne dit pas « un habit marron, une robe marronne ». La forme d’apparence masculine ne se féminise pas.
À cause de la fleur, on ne devrait pas dire « une robe violette, un habit violet ». La forme d’apparence féminine ne devrait pas se masculiniser. Et pourtant si, et c’est bien là l’incohérence que vous avez relevée.
On a bien là un adjectif de couleur qui n’est pas invariable bien qu’il soit utilisé en référence à la couleur d’une chose.
Pour quelqu’un qui découvre la langue (un enfant, un étranger), les listes d’adjectifs invariables et d’exceptions à l’invariabilité peuvent être utiles, même si on se demande pourquoi « pivoine » n’est dans aucune liste et est considéré comme un nom apposé invariable, pourquoi « orange » est dans la liste des adjectifs invariables parce que tirant son nom d’une chose, et pourquoi « rose » est dans la liste des adjectifs qui devraient être invariables mais ne le sont pas. Tout cela est évidemment très arbitraire, et il n’y a de listes d’exceptions que selon tel auteur, selon tel éditeur de manuels.
Ce sont les constructions et les intentions qui donnent un sens et imposent une orthographe.
On aurait aussi bien pu laisser « orange » dans la liste des noms apposés, donc invariables, plutôt que dans la liste des adjectifs invariables. Pourquoi tel ou tel prescripteur nous dirait-il que « pivoine » est toujours un nom apposé, et jamais un adjectif, tandis que « violette » est un adjectif, et pas un nom apposé ?
Pour résister à l’arbitraire, vous avez ainsi bien le droit de considérer que « violette » est un nom de nuance qui ne s’accorde pas :
— des vestes cerise et des chemises violette
Inversement, vous avez bien le droit de considérer que « orange » ne fait pas référence à un fruit, et que c’est un adjectif qui s’accorde :
— ces vestes sont oranges
Il est possible et probable que dans ces cas, un usage se soit plus ou moins établi, mais il n’y a aucune interdiction syntaxique à respecter, ni aucune nécessité de référer à des listes. L’essentiel est de savoir que parfois vous utilisez un adjectif, et parfois un nom apposé, mais que dans l’absolu c’est vous qui choisissez.
Bonjour CParlotte,
C’est la deuxième fois où vous m’apportez réponse et je dois dire que je suis impressionnée par vos cheminements qui me semblent d’une justesse incroyable. Quelle ouverture d’esprit et quelle finesse de réflexion ! La construction de vos « déroulés/explications/remises en cause/changements de prisme » m’est très enrichissante. (Peut-être est-ce également par votre touche philosophique donnée à l’ensemble ? 🙂 )
Bref, je suis conquise et, croyez-le, je n’ai pas l’impression de « m’aplatir » en vous le disant clairement.
Je dois d’ailleurs préciser que je ne suis pas personnage à m’aplatir ou à être timide…Quand je suis convaincue « moi-même » par la logique de mes propos. (Pour exemple, certains ou certaines me diraient ici que « moi-même » est de trop dans ma dernière phrase, là où je pense au contraire qu’il a toute son utilité)
Pour en revenir à mon interrogation objet de la question, elle a été suscitée par ce qui m’apparaissait illogique sans pour autant avoir (encore) un avis tranché (peut-être y avait-il d’autres règles dont je n’avais pas connaissance). J’espérais donc obtenir des éléments de réponse me permettant de trouver logique.
Nada
S’il doit y avoir des règles, et à fortiori des exceptions, j’ai besoin de les comprendre afin de les intégrer. Raison pour laquelle je n’aime pas (euphémisme) les règles arbitraires sans logique où seul le « par cœur » est de mise ( genre « c’est comme ça et puis c’est tout. Apprenez et ne vous interrogez pas, on ne vous demande pas de réfléchir)
Dans notre cas précis, il n’y a, à mes yeux, absolument aucune logique à ce que « violette » ne soit pas rangé dans la même « case » que marron ou café (même déduction pour pivoine). Et, à partir du moment où l’on accepte des exceptions, il n’y a pas plus de logique à ce que « violette » ne figure pas parmi elles.
Si la règle concernant l’invariabilité des adjectifs de couleurs lorsque qu’ils sont issus d’un nom se doit d’être respectée, alors en toute logique (puisque « violette » ne figure pas non plus parmi les exceptions), nous devrions écrire :
Des robes violette (de la couleur de la violette, qui est une fleur et un nom féminin)
Ou bien, et c’est mon avis, cette règle n’a tout simplement aucun sens.
Sur ce postulat (la règle admise), un autre point m’interroge également (point que vous avez aussi abordé)
On écrit:
Des pantalons marron, des robes marron
Des pantalons café, des robes café
Invariabilité de mise en genre comme en nombre puisque adj issus d’un nom. Logique donc.
(Et effectivement, sur cette base inculquée, qui dirait des robes marronne ou des robes cafée …?)
Et pourtant… Si nous devions considérer que « violette » puisse faire partie de la règle admise sur l’invariabilité (volontaire extrapolation pour aller plus loin), que dirions-nous ? Des robes violette = logique. Des pantalons violette = ce serait logique aussi, et pourtant, à choisir, nous serions plutôt tentés de dire des pantalons violet… non ? Et c’est là, ce qui m’interpelle également.
Parce que originellement c’est la couleur violette qui est issue EN PREMIER d’un nom, pas le violet qui est apparu par la suite.
( étymologiquement « violet » découle de violette qui découle du latin viola (« pensée sauvage »)
Ce que je cherche à dire c’est que le violet est bien une couleur issue de la fleur violette mais que le mot violet n’est (ou ne semble être) ni plus ni moins, et ce dès son origine, que le …masculin.. de la couleur violette, issue du nom féminin Violette (la fleur).
Un masculin a été créé à partir de violette….Là où (par exemple) il n’a pas été créé de féminin pour café parce que »de la couleur du café » (au prétexte donc la couleur café soit issue d’un nom donc…invariabilité en genre et en nombre).
Pour aller encore plus loin, nous disons (par exemple) :
» tu devrais mettre plus de marron dans ton dessin » (sous-entendu plus de la couleur marron)
» tu devrais mettre plus d‘orange dans ton dessin (sous-entendu plus de la couleur orange)
mais nous dirions jamais « tu devrais mettre plus de violette dans ton dessin » (sous-entendu plus de la couleur violette)
En fait, j’ai beau tourner tout ceci dans tous les sens, tout me semble illogique de bout en bout.
Peu importe que l’on parle ou prône les règles d’adjectifs ou de substantifs. Ici rien ne colle.
Pour moi, et sous peine de rendre la règle « enseignée » ET illogique ET sans objet, « violette » (comme pivoine, comme rose, etc.) devrait figurer dans la règle des couleurs que l’on nous enjoint de respecter.
De fait, cette règle (enseignée) répond à une logique claire, précise et reconnaissable.
(contrairement aux règles arbitraires avec exceptions à apprendre par cœur).
… Alors si la logique de cette règle logique (ou de toute autre règle faisant appel à la logique) disparaît ou n’est pas de mise à tous les coups (sans raisons ou exceptions ou explications sensées, données) alors cette règle ne tient plus la route.
Sauf à me démontrer l’inverse, C.Q.F.D.
Commentaire très long je le reconnais mais développer épistolairement ET rapidement… n’est pas mon fort 😉
(à ce propos, je trouve très regrettable que ce site ne propose pas de messagerie entre les participants. 1 – Ce pourrait être et instructif et plaisant de développer certains sujets entre nous pour aller plus loin que question/réponse. 2 – Cela permettrait également de ne pas « polluer » le site avec des commentaires aussi longs que le mien 😉 )
Merci CParlotte de m’avoir donné votre point de vue éclairant.