RE: Des peines fermes ? Ou des peines ferme ?
Bonjour à tous,
Je me pose une question sur l’accord du mot « ferme » dans le sens « sans sursis », comme dans « deux ans (de prison) ferme » (nous avons alors affaire à un adverbe). Que se passe-t-il lorsqu’il modifie le sens d’un nom comme « peine » ou « condamnation », tout en gardant le même sens ?
Doit-on écrire « ils ont été condamnés à des peines fermes » ? Ou alors « à des peines ferme » ? Pour des peines qui comprennent une partie ferme et une partie avec sursis, aurions-nous, au pluriel, des « parties ferme » ?
Merci, et bonne soirée ! 😉
Bonsoir,
Question-Orthographe-Prof : je n’ai pas sélectionné de meilleure réponse, parce qu’aucune ne me satisfait encore totalement. 🙂 Celle de Chambaron est la plus sage et la plus prudente, mais elle ne sort pas de l’usage bien défini que je prends comme référence dans ma question (condamner à deux ans [de prison] ferme).
Jeanbordes : il se trouve que je comptais justement poser la question à l’Académie ; je vois que vous m’avez devancé. 😉 Cependant, la réponse de l’Académie ne s’applique pas aux cas que je mentionne. Voici un extrait du Code pénal (article 132-57) :
Lorsqu’une condamnation pour un délit de droit commun comportant une peine d’emprisonnement ferme de six mois au plus a été prononcée, […]
Voici un autre extrait du même article :
Le présent article est applicable aux peines d’emprisonnement ayant fait l’objet d’un sursis partiel, assorti ou non d’une mise à l’épreuve, lorsque la partie ferme de la peine est inférieure ou égale à six mois.
Dans ces deux exemples, le verbe « condamner » n’est ni exprimé, ni sous-entendu. Le caractère adjectival ne fait aucun doute ; et pourtant, c’est la signification propre à l’adverbe (« sans sursis ») qui est utilisée. Que serait devenu le mot « ferme » si les substantifs auxquels il se rapporte dans les exemples avaient été au pluriel ? Serait-il resté invariable, fidèle à son caractère adverbial d’origine ? Aurait-il pris un s, achevant ainsi sa transformation en adjectif ? Mon impression est que l’on assiste à la création d’un nouvel usage qui ne correspond pas à ce que l’on trouve pour le moment dans le dictionnaire (y compris dans l’acception juridique du terme). Et peut-être que cet usage n’est simplement pas reconnu par l’Académie, malgré le nombre croissant d’attestations dans les textes de loi et dans les médias.
Je pense que le caractère adverbial ne disparaît pas dans les deux exemples du Code pénal que vous citez. En effet, le tribunal a condamné l’accusé « à une peine d’emprisonnement ferme », ou bien il pourrait le condamner « à des peines d’emprisonnement ferme », ou encore les accusés risquent « des emprisonnements ferme » (sans sursis). Le second exemple s’analyse de la même manière. L’accusé est condamné « à une partie ferme », ou il pourrait être condamné « à des parties ferme » (tout comme des peines ferme, c’est-à-dire sans sursis, d’une manière assurée et définitive, comme l’indique l’Académie). On analyse bien « ferme » comme étant un adverbe et non comme un adjectif. L’Académie n’est pas en retard, comme on le lui reproche souvent, à tort.
Question-Orthographe-Prof
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