RE: Concernant L’Ecole des femmes ACTI SCENE1
Bonjour à tous,
Etudiante étrangère, je suis en train de lire le premier acte de l’Ecole des femmes. Mais je n’arrive pas à comprendre deux phrases.
1.Et d’aucun soin jaloux n’a l’esprit combattu
Pourquoi « d’aucun », je sais qu’il y a ‘d’aucuns » signifiant « certains, plusieurs » mais ici pas de « s ». De plus, « l’esprit combattu » veut dire quoi?
2.Et le plaint, ce galant, des soins qu’il ne perd pas.
C’est qui plaint? La femme plaint le galant et des soins?
Pourriez-vous m’expliquer le sens de ces deux vers? J’affiche l’extrait ci-dessous. Merci par avance!!
Fort bien : est-il au monde une autre ville aussi, Où l’on ait des maris si patients qu’ici ? Est-ce qu’on n’en voit pas de toutes les espèces, Qui sont accommodés chez eux de toutes pièces ? |
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25 | L’un amasse du bien, dont sa femme fait part À ceux qui prennent soin de le faire cornard. L’autre un peu plus heureux, mais non pas moins infâme, Voit faire tous les jours des présents à sa femme, Et d’aucun soin jaloux n’a l’esprit combattu, |
30 | Parce qu’elle lui dit que c’est pour sa vertu. L’un fait beaucoup de bruit, qui ne lui sert de guères ; L’autre, en toute douceur, laisse aller les affaires, Et voyant arriver chez lui le damoiseau, Prend fort honnêtement ses gants, et son manteau. |
35 | L’une de son galant, en adroite femelle, Fait fausse confidence à son époux fidèle, Qui dort en sûreté sur un pareil appas, Et le plaint, ce galant, des soins qu’il ne perd pas. L’autre, pour se purger de sa magnificence [1] , |
40 | Dit qu’elle gagne au jeu l’argent qu’elle dépense ; Et le mari benêt, sans songer à quel jeu, Sur les gains qu’elle fait, rend des grâces à Dieu. Enfin ce sont partout des sujets de satire, Et comme spectateur, ne puis-je pas en rire ? Puis-je pas de nos sots [i] … ? |
Il faut dire que c’est… la langue de Molière !
L’autre voit (…) sa femme couverte de cadeaux et ne manifeste aucune jalousie sous prétexte qu’elle lui dit qu’il s’agit d’hommages à sa vertu
Il est infâme parce qu’il comprend très bien pourquoi sa femme est couverte de cadeaux et accepte la raison invraisemblable avancée par celle-ci. Il est « plus chanceux » que le précédent : on fait des cadeaux à sa femme (ce qui le dispense peut-être de lui en faire) alors que le précédent doit s’attendre à ce que les amants de sa femme s’apprêtent à le dépouiller puisqu’elle les tient informés du bien qu’il a amassé.
Du point de vue de la construction des phrases, le texte est évidemment soumis à la licence poétique. Mais, ici, le » d’ » de « d’aucun » se comprend peut-être mieux en remettant la phrase dans l’ordre qu’elle aurait dans un texte en prose : (L’autre) d’aucun soin jaloux n’a l’esprit combattu = l’autre n’a l’esprit combattu d’aucun soin jaloux = son esprit n’est assailli par aucun souci de jalousie = il ne manifeste aucune jalousie.
« son mari plaint le galant des soins… » : plaindre est à prendre au sens propre. La femme a convaincu son mari qu’elle ne prodigue aucun « soin » (= les soins que deux amants se prodiguent, c’est un euphémisme, je vous laisse deviner de quels soins il s’agit). Le mari plaint celui qui fait la cour à sa femme : il croit sa femme quand elle lui assure ne prendre soin que de lui et pas de l’autre… alors que c’est évidemment faux.