RE: Compléments de lieu dans un récit au passé

Bonjour,
Dans un texte au passé (par exemple : « il était arrivé ici »), n’est-ce pas étrange de mettre « ici » ? Moi j’aurais mis « là ». Mais je ne trouve aucune info à ce sujet. Est-ce une erreur d’écrire « ici » ou non ? Merci beaucoup et belle année !
Lola

lola Maître Demandé le 8 janvier 2022 dans Question de langue

Message d’origine
De ; contact@académie-française> de la part de Be… Joël Envoyé dimanche 9 janvier 2022 12 A 12 : 22 à dictionnaire@académie-française.fr

Objet : Sercice du Ductionnaire
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Objet : Questions de langue
Message : Il était arrivé ici. Est-ce correct ? Ne faut-il pas là ? (Déictique.)

Réponse :
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« Monsieur,

Tout dépend du contexte, mais cette phrase peut être parfaitement correcte.

Cordialement et bonne année,
Patrick Vannier
Service du dictionnaire »

(P. V.  est agrégé de grammaire et chef du service du Dictionnaire.)

le 10 janvier 2022.
7 Réponses

Tara a raison. Il faut être précis…si on s’en tient à la théorie.

Si on s’en tient à la théorie, il faudrait employer « là » dans un récit (« ici » pouvant par contre figurer dans un dialogue). L’idéal serait de désigner directement le lieu : « Ils arrivèrent là, à l’endroit indiqué. » Ecrivons simplement : « Ils arrivèrent à l’endroit indiqué. »

Mais que faites-vous de la suspension consentie d’incrédulité ?

Quand je lis la phrase : « Les chevaliers arrivèrent ici, près du château. » Si je suis dans l’illusion, je ne m’en rendrai pas compte. Je ne croirai pas « qu’ici » désigne mon salon, où je suis en train de lire.

Imaginons un conteur, dans une pièce, qui raconte une histoire à un auditoire.

Si le conteur est mauvais et dit :

Les Spartiates arrivèrent ici, près des portes chaudes.
= L’auditoire risque de comprendre que les Spartiates sont arrivés dans la pièce où il se trouve.

Les Spartiates arrivèrent , près des portes chaudes.
= L’auditoire comprendra que ce « là » désigne un autre endroit que la pièce où il se trouve.

Mais que se passe-t-il si le conteur est doué et que l’auditoire est captivé, pris dans l’illusion (la suspension consentie de l’incrédulité)?

Le conteur accompagne sa lecture de gestes. S’il accompagne son « là » d’un simple geste de la main, un geste démonstratif, l’auditoire va regarder l’endroit qu’il désigne.

’’Pris dans le feu de l’action’’, il peut montrer ses pieds (lieu proche) comme si, en la racontant, il revivait l’arrivée des Spartiates, comme s’il était avec eux. Il peut aussi montrer la porte (lieu éloigné).

Si le conteur est bon et que l’auditoire est captivé, pris dans l’illusion, l’emploi des mots « ici » et « là », et les lieux qu’ils désignent, n’auront plus d’importance.

La distinction récit/discours, proximité/éloignement est peut-être ici un faux problème.

Ludo Grand maître Répondu le 9 janvier 2022

J’apprécie les nuances que vous apportez Imarcq.
Je pense en effet qu’il est très important d’être précis sur les règles et fonctionnements de la langue, si précisément on veut en jouer, les transgresser (c’est tout l’art d’écrire ou de raconter) ou goûter à une lecture.
—-
[…] il ne saurait […] y avoir de style sans écart et singularité […]
« Entre nébulosité et évidence, le style d’auteur » Romantisme Jacques-Philippe Saint-Gérand

 

le 9 janvier 2022.

Oui, j’imagine que cette notion de suspension consentie d’incrédulité peut rejoindre celle de Vuillaume évoquée par Kleiber (développée par V. pour le temps éventuellement extrapolable à l’espace, je cite Kleiber : Il conviendrait, sur le modèle Vuillaumien des diverses temporalités […], d’aborder le problème en termes d’espaces multiples).

le 9 janvier 2022.
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