RE: Cela « va-t-être » / Cela « va-t-avoir »…

Répondu

De plus en plus souvent, nos orateurs professionnels (politiques ou pas) se permettent ce genre de « liaisons dangereuses » : Cela « va-t-être » / Cela « va-t-avoir ».
Personnellement, ça m’écorche les oreilles… mais j’ai cru entendre dire que ces liaisons sont « admises ».
Savez-vous par qui elles sont admises, et jusqu’à quel point ?

Cathy Lévy Grand maître Demandé le 23 décembre 2014 dans Question de langue
6 Réponses
Meilleure réponse

Le t euphonique ne s’ajoute qu’entre un verbe et un pronom.
Il permet d’éviter un hiatus. C’est par analogie avec les autres formes verbales (savait-ilcroit-il…) que l’on a choisi le t.
Il est hors de question d’accepter des grossièretés telles que « cela va-t-être  » ou « cela va-t-avoir ».
Le t euphonique est nécessaire pour les formes « va-t-on », « va-t-il », etc. pour une bonne prononciation. Il est totalement inutile dans les formes « cela va être » ou « cela va avoir », la prononciation ne le nécessite absolument pas.
Alors, arrêtons le massacre !
Peut-être est-il bon de rappeler que le t euphonique ne doit pas être confondu avec l’élision de toi dans les formes du type « va-t’en ».

jean bordes Grand maître Répondu le 24 décembre 2014

Merci infiniment !!!!!

le 24 décembre 2014.

De votre part, je le prends pour un compliment.

le 24 décembre 2014.

Désolé de cette intervention tardive, mais je ne comprends toujours pas pourquoi le « t » euphonique ne serait tolérable qu’entre un verbe et un pronom. Certes, les mentions que j’en trouve cautionnent cette restriction, mais elle est néanmoins infondée phonétiquement : « va être » est aussi disharmonieux à prononcer que « va il ».  Cela ne nécessite pas pour autant de le matérialiser à l’écrit, mais ne prenez pas des postures de vierges effarouchées si certains le disent. Il y a certes un manque de formalisation sur ce sujet, mais la logique pousse à mon sens à transcrire les lettres euphoniques : que faire de vas-y  (ou va-s-y ou va-z-y) et de donnes-en (ou donne-s-en) qui polluent visuellement la perception de l’impératif ? Cicéron s’était déjà prononcé là-dessus : « …que l’usage nous autorise à préférer l’euphonie à l’exactitude rigoureuse des règles. »Enfin, je vous renvoie à l’article des correcteurs du Monde  sur le sujet : http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2011/07/05/le-t-euphonique-cet-inconnu/ Piquant, érudit, et … 75 commentaires à déguster.

le 25 décembre 2014.

Sauf que, nulle part, dans les ouvrages de langue ou de grammaire (les plus connus, mais faisant autorité), on ne trouve un t euphonique entre deux verbes. Voici ce que l’on peut trouver dans le Bon usage et qui confirme ma première réponse : « La consonne qui apparaît […] devant voyelle n’est parfois pas représentée dans l’écriture du mot pris isolément. Elle résulte alors de l’analogie [avec plaît-il, vont-ils, etc.]. Cette action analogique a été entérinée, phonétiquement et graphiquement, par la grammaire la plus sévère dans les impératifs précédant y et en : Vas-yDonnes-en— dans les troisièmes personnes du singulier suivies des pronoms ilelle, on : Dira-t-il. L’Acad . accepte aussi cette analogie phonétiquement, par plaisanterie, dans entre quatre yeux [entre quatrezyeux]. […] Dans les autres casces consonnes analogiques sont des fautes, appelées familièrement cuirs (quand la consonne introduite est un [t]) et velours (quand c’est un [z]). Queneau s’en amuse : Elle commanda-T-une camomille (Chiendent). — Bientôt, on frappa-Z-à la porte (ib.). — Ils vont à la foire aux puces, dit le type, ou plutôt c’est la foire aux puces qui va-T-à-Z-eux ( Zazie dans le métro). » (le Bon usage. § 41). En ce qui concerne le t euphonique (ou analogique), vous prenez bien des libertés (je ne prends pas des postures de « vierges effarouchées » mais je défends la langue française), je maintiens que « cela va-t-être » est incorrect tant à l’écrit qu’à l’oral. Il m’a semblé que les participants à « question-orthographe.fr » etaient à la recherche d’un langage soigné tant à l’écrit qu’à l’oral. Ainsi, ce n’est pas parce que nos hommes politiques incultes emploient quelquefois un langage populaire (« un » espèce ) que nous devons les suivre.Toujours le Bon usage : « La langue pop. ou relâchée ajoute des [t] analogiques dans d’autres circonstances :  Malbrough s’en va-t-en guerre dans la chanson de Malbrough ; de là le nom familier un « va-t-en guerre ».(Le Bon usage. § 796).Pourquoi vous permettez-vous, sur ce site, d’employer un langage populaire, fût-ce à l’oral ? Je ne pense pas non plus comme vous que « va être » est aussi disharmonieux à prononcer que « va il » ;  « va être » ne nécessite pas de t pour la prononciation, qui est très fluide, « va il  » le nécessite absolument. C’est au fil des siècles que le t euphonique (ou analogique) s’est imposé, ce n’est pas un hasard. Le t analogique apparaît au xve s. : Cuide  TON que je sois vauldoise ? (Jacques du Clercq, Chron.) [1459.] Les formes sans t ont continué à prédominer jusqu’au début du XVIIe s., conformément aux exigences des grammaires et en dépit de la prononciation.Vaugelas a exigé le t entre deux traits d’union, rejetant à la fois aimé il et aime t’il (pas rare au XVIIe s). C’est la prononciation qui exige un t (mais pas dans « cela va être ».Pour finir, je constate que l’article des « correcteurs du Monde » n’apporte rien sur le sujet que nous traitons.En toute amitié.

le 27 décembre 2014.
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