RE: Auteure

Dans de très nombreux journaux (dont « Le Monde »), j’ai lu que c’est la petite-fille de François Mitterrand qui est l‘auteure de la plainte contre Nicolas Hulot. Il ne s’agit cependant pas, en l’occurrence, de la féminisation du nom d’une profession.  Ai-je tort d’être étonné ?

Hercule Érudit Demandé le 9 février 2018 dans Question de langue
3 Réponses

Bonjour

Dans son livre  intitulé Dans le jardin des mots Jacqueline de Romilly nous livre son point de vue sur la féminisation.

Voici quelques extraits

Lorsqu’il a été décidé que le mot ministre deviendrait féminin si la fonction était occupée par une femme, je n’ai pas été très heureuse. D’abord, cela me paraissait aller contre l’habitude du français, qui veut que les formes masculines prennent la valeur de ce que l’ on pourrait appeler un neutre, c’est-à-dire puissent englober aussi bien le masculin et le féminin.
On dira « nous avons été heureux, ma femme et moi, de vous revoir» ; et nul ne sera choqué que cette forme mascu­line convienne pour les deux sujets. Il en est de même lorsque l’on dit « tous les hommes sont mortels» ; il est clair que, dans ce cas, le mot hommes englobe, au masculin et au féminin, toute l’humanité.

[…] Dans ce texte, on voyait la féminisation s’étendre sou­dain à toutes les fonctions,  à tous les métiers, à toutes les activités. Et elle y prenait des formes un peu insolites.

Ainsi, moi qui ai enseigné toute ma vie, j’ai découvert alors que j’étais professeure ! C’est un exemple parmi d’autres sur cette liste ; mais je dois avouer qu’il m’a atteinte au cœur. Je n’ai jamais éprouvé de scrupule à entrer dans une salle où, même dans un lycée de filles, on lisait sur la porte le mots salle des professeurs. Et lorsque j’ai écrit un livre intitulé Nous autres professeurs, je n’imagi­nais guère que, pour me conformer au nouvel usage, je devrais un jour écrire « Nous autres professeurs et professeures » !

De toute manière, on ne crée pas des féminins avec cette légèreté…

À la limite, pourquoi ne se mettrait-on pas  à écrire la couleure et la blancheure , sous prétexte que ces mots sont féminins.

Une telle pente m’inquiète…

Certes, la langue évolue ; la langue change ; mais il n’est pas bon de la brusquer ni de la faire tituber, et la plus belle cause ne saurait gagner à la traiter ainsi.

czardas Grand maître Répondu le 10 février 2018
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