RE: Accord du participe passé d’un verbe pronominal
Bonjour à tous,
Je n’arrive pas à interpréter l’invariabilité du participe passé volé dans l’expression se voler dans les plumes.
Exemple :
Les deux harpies se sont volé dans les plumes.
Mon interprétation étant la suivante :
la locution verbale se voler dans les plumes est figée et le pronom se n’est donc pas analysable. Littéralement, la phrase ne signifie pas que les deux harpies ont volé elles-mêmes dans les plumes, mais plutôt qu’elles se sont bagarrées.
Dans un tel cas de figure et sauf erreur de ma part, le pronom se fait corps avec le verbe et le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet.
J’aurais donc plutôt écrit : « Les deux harpies se sont volées dans les plumes. »
Mais a priori, le participe passé est invariable, d’où mon scepticisme.
Avez-vous une idée ?
M.
Bonjour,
Comme l’a indiqué Pie, ce pronom (dit « datif de la possession inaliénable » ou « datif possessif » ou encore « datif de la totalité impliquée » – je crois avoir fait le tour des différentes dénominations – la littérature sur cette notion est relativement abondante et facilement accessible sur le Net) est analysable : sémantiquement il renvoie au possesseur (ici des plumes) ; syntaxiquement, les auteurs ne sont pas d’accord, certains y voient un complément du verbe (bien qu’il ne fasse pas partie de sa valence), d’autres y voient un complément du nom (ici les plumes). Cette absence de consensus quant à la fonction de ce syntagme ne me parait pas influer sur l’accord du participe passé, quelle que soit la fonction retenue, on ne peut que conclure à l’absence d’accord, puisque le pronom est analysable et est introduit par une préposition. D’ailleurs, toujours comme l’a mentionné Pie, on voit bien qu’à la forme non pronominale et à la troisième personne, on a le pronom datif lui (leur) et non le pronom accusatif le (la, les), et le non accord du participe :
Il a volé dans les plumes de sa voisine > Il lui a volé dans les plumes.
Et donc : Les deux harpies se sont volé dans les plumes.