RE: ACCORD DE TOUT

Bonjour,

Quand on écrit :

tout à  sa joie

et que le sujet est féminin, écrit-on toute  ?

Merci, cordialement,

Electra78 Maître Demandé le 16 septembre 2020 dans Accords
4 Réponses

Bonsoir Electra,

Tout suivi d’un complément prépositionnel (tout à, tout de, tout en…)

1° J. Hanse* (1994 : 894-895) : « L’usage est hésitant : il traite parfois tout comme un adverbe, beaucoup plus souvent comme un adjectif détaché. On peut profiter de cette latitude… Ils sont tout à leur devoir ; ils sont tous à leur devoir. Colette écrit : Elle était tout à son souci, puis croit devoir corriger : Elle était toute à son souci. Mme Gallimard qui était tout à la joie des vacances… » Etc.
* Pour moi : le meilleur grammairien contemporain.

2° Le Bon usage actuel**
Tout (= entier) est détaché :
La belle liqueur de flamme rose s’en allait toute dans le gosier de ces garnements (A. DaudetLettres moulin, p. 84)— Elle était toute à chacun et toute à tous (HuysmansCathédrale, p. 34)— Je suis toute à vous* (VogüéJean d’Agrève, p. 154)— Elle demeurait sérieuse et impassible, toute à son travail (BordeauxPays sans ombre, p. 68)— Elle était vêtue toute en blanc (GidePorte étroite, p. 149).

Dans plusieurs cas, on pourrait laisser tout invariable en le considérant comme un adverbe ».
** Selon moi : la meilleure grammaire française actuelle

3° Le TLFi, art.  TOUT,
a) adv. : 

En fonction d’attribut] Tout le premier, toute la première, tous les premiers. V. premier I A 7 empl. subst.
4. [Inv., suivi d’un syntagme prép. à valeur d’adj., avec à, de, en(Être) tout en fleur(s), tout en eau*, tout en larmes, tout en nage, tout en pleurs (v. pleur), tout en sueurAu même moment, un coup de tonnerre éclata avec un bruit affreux, et une lumière aveuglante dont la chambre parut tout en feu (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 318). Devant les cagnas, le capitaine veillait seul, grand corps maigre, tout en jambes (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 52). Ce livre a été pour son auteur une ascension vers les sommets d’une poésie intérieure tout à lui (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 241).

b) Idem, adj. ind. :
[En fonction d’attribut]
 (Être) tout(e) à qqc. Être entièrement pris par. Pour l’instant, elle était toute au rire qui l’avait saisie, quand, en sa présence, j’avais roulé à terre (BENOIT, Atlant., 1919, p. 180).

4° Le Grand Robert***, art. Tout, adj.

« Cour. (devant une préposition). Elle était toute à son travail. La vérité est toute à tous (→ Devoir, cit. 11). Tout, toute de…, en…, dans…
REM.Dans cet emploi, toutadjectif, équivaut à tout entieret se distingue par le sens de toutadverbeCf. Je suis toute à vous (→ ci-dessouscit22, France) et je suis tout à vous (→ ci-dessousIV., 1., b), qui, lorsque c’est une femme qui parle, peuvent avoir des valeurs très différentes.               [Effectivement ! ] 🙂
© 2017 Dictionnaires Le Robert – Le Grand Robert de la langue française »

*** Mon dict. préféré, car il est mis à jour très régulièrement (alors que le corpus du TLFi date d’un demi-siècle).

Ma conclusion : avec tout à, Hanse, le Bon usage, le Grand Robert ((et même le TLFi, dans le sens de « être entièrement pris par », ce qui se rapproche beaucoup  de (être) tout(e) à sa joie)) admettent l’accord en genre  (tout, toute), qui correspond au surplus à l’usage dominant (cf. Hanse), je vous propose d’écrire : Elle est toute à sa joie (puisque vous dites de surcroît qu’il s’agit d’une femme).

Bonne soirée. 

Prince (archive) Débutant Répondu le 16 septembre 2020
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Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.