RE: Accord du PP après c’est… que
Bonjour,
Dans une très récente discussion, un éminent contributeur a soulevé une question qui me laisse perplexe.. Il s’agit de l’accord du participe passé après la tournure emphatique c’est… que…. Par exemple : c’est une pomme que j’ai mangé(e) (au sens de : non, ce que j’ai mangé n’est pas une poire, c’est bien une pomme). Mon premier réflexe fut de me dire que l’antécédent du pronom que étant une pomme, il était évident qu’il fallait faire l’accord : c’est une pomme que j’ai mangée (contredisant l’avis du susdit contributeur, qui prétendait, lui, qu’il ne fallait pas accorder). Mais en marchant dans ses pas je me questionne : suis-je sûr au fond de moi d’avoir raison ? Et à bien y réfléchir, l’antécédent de que me semble finalement plutôt être le pronom c’ (pour ce, cela) : cela [que j’ai mangé] est une pomme. Auquel cas l’antécédent serait neutre donc l’accord ne devrait pas se faire. Ce qui n’est pas sans poser d’autres questions car de la même façon on pourrait (devrait ?) écrire : c’est une femme que j’ai vu cette nuit-là (toujours au sens non, ce n’était pas un homme !) ce qui me heurte un peu.
J’ai cherché sur ce site et sur Internet mais je ne suis pas parvenu à trouver une réponse précise à cette question : faire l’accord du participe passé dans ce cas est il obligatoire, facultatif ou fautif ? Qu’en pense la docte assemblée ? Merci de vos réponses éclairantes…
De mémoire, cette question n’a pas effectivement été traitée comme telle depuis la création du site.
Il s’agit à mon sens d’un accord par syllepse, c’est-à-dire non strictement grammatical mais dépendant du sens. Je me baserai sur votre phrase légèrement modifiée :
— c’est une femme que j’ai vu cette nuit-là : ce que j’ai vu (neutre) est bien une femme.
— c’est la femme que j’ai vue cette nuit-là : la femme que j’ai vue (féminin) est bien celle-là.
Il faut donc accepter la difficulté consistant à ne pas avoir un accord « mécanique » mais dépendant de l’ensemble de la phrase et du contexte.
P.S. On entend la différence avec un verbe du 3e groupe :
— c’est une bombe que j’ai découvert ;
— c’est la bombe que j’ai découverte dans le sac.
