Virgule après une conjonction suivie d’un complément ?
Bonjour,
J’ai un point qui me pose souci et je peine à trouver une règle claire à ce sujet (peut-être que je ne sais pas exactement comment chercher).
Je ne parviens pas à savoir si une virgule est nécessaire après une conjonction quand celle-ci est directement suivie d’un complément (le plus souvent, un complément circonstanciel).
Quelques exemples :
– Elle inspire doucement, et(,) dans ce calme qui suit, je comprends qu’elle a peur.
– Je ne la vois pas, mais(,) quand je ferme les yeux, je crois la percevoir.
– Il flâne d’une fille à l’autre, et(,) d’ordinaire (,)je m’en accommode.
– Je n’aime pas l’été, mais(,) bien souvent, j’apprécie mes vacances.
– Je le connaissais calme, mais(,) depuis quelques temps, il se montre susceptible.
Je suis souvent tentée de mettre une virgule après la conjonction, voire d’encadrer le complément de virgules quand il est court (trois dernières phrases), mais je ne suis pas sûre que ce soit correct. Existe-t-il une règle ?
Un grand merci !
Dans tout vos exemples, votre souci provient de la coexistence d’une incise naturellement encadrée par des virgules (ou parenthèses, ou tirets) avec une conjonction de coordination (et, mais). Or celles-ci ne doivent le plus souvent pas être précédées d’une virgule puisqu’elles… coordonnent.
En conséquence, on devrait plutôt écrire :
– Elle inspire doucement et, dans ce calme qui suit, je comprends qu’elle a peur.
– Je ne la vois pas mais, quand je ferme les yeux, je crois la percevoir.
– Il flâne d’une fille à l’autre et, d’ordinaire, je m’en accommode.
– Je n’aime pas l’été mais, bien souvent, j’apprécie mes vacances.
– Je le connaissais calme mais, depuis quelques temps, il se montre susceptible.
Merci pour votre réponse !
Cependant, je croyais qu’un certain nombre de conjonctions de coordination nécessitaient une virgule. La BDL indique ceci : « Lorsqu’un coordonnant, soit une conjonction de coordination ou un adverbe qui établit un lien entre deux unités lexicales, est placé à l’intérieur d’une phrase graphique, il est habituellement précédé d’une virgule (sauf devant les conjonctions de coordination et, ou et ni). ».
Je comprends donc bien que la virgule doive-t-être supprimée dans mes phrases comportant un « et », mais pour celles comportant un « mais », la virgule ne devrait-elle pas être présente ? Est-ce justement la présence de l’incise qui nous autorise à supprimer cette virgule, par souci de légèreté ?
La B.D.L. canadienne est très estimable mais souvent incompatible avec les habitudes typographiques françaises. Sur ces sujets spécifiques (espaces, majuscules, ponctuation, abréviations, etc.) elle est inféodée aux mœurs éditoriales anglo-saxonnes et il faut éviter d’y recourir.
La virgule devant mais, ou, donc se rencontre en effet en français « de France » lorsqu’on les utilise en opposition, en particulier pour de longs segments de phrase. Mais cela doit rester un cas marginal même si on ne peut que constater une prolifération dans les médias qui influencent à la longue les lecteurs. Vos exemples prouvent que cette dérive entraine vers une « surponctuation » que je constate aussi comme correcteur dans les écrits littéraires.
Un grand merci ! Auriez-vous à me recommander des sources plus adéquates en ce qui concerne la typographie ?
Il existe plusieurs ouvrages rédigés par de vrais typographes mais personnellement j’utilise Orthotypographie de Jean-Pierre Lacroux qui présente l’avantage d’être bien numérisé et de comparer les options avec d’autres auteurs.
Sur papier, on trouve aisément le manuel de l’Imprimerie nationale, compact et très utilisé.
La virgule devant les conjonctions mais, donc et car est la règle en français, l’absence de virgule, l’exception. J’ai été formé par Décourt et Colignon, je me fie à l’ouvrage de référence Un point, c’est tout ! (de Colignon). Le Robert, qui est une source fiable en la matière, va dans le même sens, tout comme d’autres sources de qualité.
Cela ne répond pas à la question posée par Az, et je me pose d’ailleurs la même question chaque fois qu’une de ces conjonctions est suivie d’une incise. Si quelqu’un a une réponse, je suis preneur.
Le Robert ne me semble rien dire des conjonctions de coordination sauf et.
Pour le reste, c’est affaire d’appréciation mais je reste convaincu d’une dérive « surponctuatrice ». Dans les exemples donnés notamment, aucune virgule ne se justifie vraiment.
Ne pas oublier non plus que le point-virgule, qui permettait naguère encore d’articuler des idées, semble avoir totalement disparu. Cela a laissé un vide sans doute comblé par la virgule.
Il y a sur la page tout un paragraphe « Faut-il mettre une virgule devant mais, car, donc ? »
L’article est long et je n’avais pas été jusqu’au bout. Merci (même si je ne suis pas d’accord).
Merci pour vos retours !
De fait, je me pose la question quand il s’agit de conjonctions placées en début de phrase (pas très orthodoxe, il me semble, mais tout de même omniprésent dans les écrits de nos jours).
Mais, ces jours-ci, je ne me sentais pas bien.
Et, moi, je la regardais sans comprendre.
Mais, cette nuit là, tout avait basculé.
Et, pourtant, il aurait fallu y aller.
J’aurais tendance à encadrer l’incise de virgules, mais est-ce correct ? La conjonction se trouve alors isolée en début de phrase, je me demande si c’est très esthétique…
Merci de votre aide !
L’esthétique typographique est une notion assez… relative.
Par définition une incise est encadrée (virgules, parenthèses , tirets) mais on peut toujours se demander si elle a une raison d’être. Dans vos quatre exemples, des phrases courtes, on peut en supprimer sans inconvénient :
Mais ces jours-là je ne me sentais pas bien.
Et moi, [mise en relief]je la regardais sans comprendre.
Mais cette nuit là tout avait basculé.
Et pourtant il aurait fallu y aller.
C’est un paramètre stylistique mais cela finit à la longue par donner une écriture extrêmement « hachée », presque asthmatique. À trop en user, on enlève à la virgule son effet originel.
