qui ou de quoi ?

Bonjour,

J’ai parfois un doute quant à la question à se poser dans certains accords d’un verbe pronominal. Comme ici :

Une flaque s’est échappé(e) de son entrejambe.

Dois-je me demander « qui s’est échappé » ou « s’est échappé de quoi » ?

Merci

Suzy

Suzy Érudit Demandé le 1 août 2025 dans Accords

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2 réponse(s)
 

Comme dans votre question précédente, il faut déceler ici un verbe essentiellement pronominal, intransitif. S’échapper a un sens spécifique, distinct de échapper à + complément.
L’accord se fait avec le sujet : Une flaque s’est échappée de son entrejambe.

Chambaron Grand maître Répondu le 1 août 2025

Merci

le 1 août 2025.

En revanche, hors cas d’un verbe essentiellement pronominal comme ici, il y a toujours des cas où j’ai du mal à trancher… Comme par exemple :

Tu t’es agrippé(e) à moi comme une moule à son rocher.

J’ai toujours un doute à savoir si je dois me demander « qui s’est agrippé » ou « elle s’est agrippée à qui » ?

Merci

le 1 août 2025.

Agripper est un verbe transitif qui est ici employé de manière pronominale, réfléchie (on agrippe soi-même). L’accord se fait avec le pronom réfléchi direct (C.O.D.). Cela donne dans ce cas le même résultat que pour un verbe essentiellement pronominal.

le 2 août 2025.

L’accord se fait avec le C.O.D quand le verbe n’est pas pronominalisé (et quand le COD est avant évidemment) ? Ici, il se fait avec le sujet dans :

« Tu t’es agrippé(e) à moi comme une moule à son rocher. »

Ce n’est pas « Tu » qui agrippe lui-même dans ce cas-ci.
Votre réponse me rend confus. 

le 2 août 2025.

@PseudoAuPif : le verbe est bien réfléchi. On exerce l’action sur soi-même comme dans s’accrocher, se cramponner, etc.
Dit autrement, on agrippe quelque chose avec un grappin, on s’agrippe en se comportant comme un grappin.
Dans un pronominal « autonome » il y a en général un changement sensible de sens, d’où son nom. Le verbe simple devient locution et prend un sens indépendant du verbe non pronominalisé : (se) servir quelque chose / se‗servir de quelque chose.

le 2 août 2025.

@PseudoAuPif
Vous avez parfaitement bien senti et saisi la subtilité de ce verbe, où le pronom n’a effectivement pas valeur réfléchie. Il s’agit ici d’un antipassif, où le passage de la forme non pronominale transitive directe (agripper quelqu’un / quelque chose) à la forme pronominale permet de destituer l’objet en complément oblique (s’agripper à quelqu’un / à quelque chose), mais ce à X reste bien sémantiquement le patient : qu’est-ce qui est agrippé ? > le complément d’objet (patient) dans la forme non pronominale ; le complément oblique (patient) dans la forme pronominale. Quant au sujet, aucune modification ne l’affecte dans le passage de la forme non pronominale à celle pronominale. Pour finir, les deux formes sont quasi-synonymes, on peut noter une nuance dans l’aspect du procès : ponctuel (perfectif, c’est mieux) avec la forme non pronominale, duratif (imperfectif) avec la forme pronominale.

Dans ce cas, l’accord du participe se fait en effet avec le sujet et non avec le pronom réfléchi qui n’est donc pas COD (tout cela pour le plaisir et la beauté de la compréhension, puisque ça ne change rien à l’accord).

le 2 août 2025.

Nous sommes bien d’accord Marcel !
Je ne sais pas si ma technique est bonne, mais lorsque j’ai un doute entre un verbe pronominal accidentel ou autonome pour savoir s’il y a COD ou non, je remplace le sujet par un prénom et pose cette question : « Est-ce que Marie agrippe Marie » ? Non ! Marie n’agrippe pas elle-même dans ce cas-ci, mais bien quelqu’un d’autre.

Quoique, cette technique n’est peut-être pas si bonne : dans « elle s’est tuée », si j’applique ma technique, je risquerais de dire que « s' » est COD, mais « se tuer » signifie « se suicider » qui est lui-même un verbe essentiellement pronominal… / sens altéré : assez subtil. 

le 2 août 2025.

Oui, c’est également à peu près de cette façon que je procède. C’est ainsi que l’on peut conclure que des verbes traditionnellement étiquetés réfléchis ne le sont en fait pas.  Par exemple : s’endormir, s’asseoir, se promener (qui sont reclassés comme autocausatifs, ou de façon plus générique comme moyens).

Se tuer a deux acceptions : 
se suicider, le pronom est alors réfléchi et COD.
être tué, le sens est passif, le pronom n’a pas de fonction, l’accord du PP se fait avec le sujet.

le 2 août 2025.

Autant je comprends le sens passif : Elle s’est tuée par pendaison…
Mais pourquoi si le sens est « se suicider » ce serait un pronom réfléchi et COD ?
Se suicider est essentiellement pronominal, donc si ça va dans ce sens, « se » ne peut être un COD ? Ca fait depuis un mois que je tente de comprendre ces satanés verbes pronominaux et à chaque fois que je pense faire un pas en avant, j’ai le sentiment de reculer.
Je n’en peux plus…

Si je dis « Elle se suicide » il n’y a pas de COD, mais si je dis « Elle se tue » sous-entendu « Elle se suicide » là il y aurait un COD ?!

le 2 août 2025.

Oui, ce n’est pas surprenant que vous soyez troublé vu le caractère particulier du verbe se suicider. S’il est la plupart du temps classé comme essentiellement pronominal, c’est au motif qu’il n’existe pas de forme transitive. Ce qui en réalité est faux, puisque cette forme – bien qu’aberrante d’un point de vue étymologique – existe bien, et ce depuis le début du XIXe, ce n’est donc pas récent-récent (même si l’emploi est alors plaisant ou familier). En fait, la forme transitive est apparue très rapidement : seulement vingt après la création du verbe pronominal.
En plus de cet argument morphologique qui plaide contre le classement de ce verbe comme essentiellement pronominal, il en est un deuxième, de nature sémantique : comme vous le soulignez justement, se suicider signifie se tuer soi-même, où les pronoms sont bien dans les deux cas réfléchis. C’est d’ailleurs précisément en se fondant sur ce critère sémantique que Grévisse choisit de ne pas traiter se suicider dans le paragraphe consacré aux verbes essentiellement pronominaux, mais dans celui des verbes réfléchis, comme cas particulier.

le 3 août 2025.

Merci infiniment pour votre temps Marcel. Parfois, je me dis que j’aurais dû m’arrêter au stade où je sais différencier « ce » de « se »…
Je suppose donc que dans « Elle se suicide » tous les grammairiens ne seront pas unanimes sur ce qu’est « se »… 

le 3 août 2025.

Je vous en prie. 🙂
Je présume en effet. Cette divergence est intéressante du point de vue de l’analyse, mais dans la mesure où elle n’affecte pas l’accord du participe, elle n’est pas gênante.

le 3 août 2025.

Bonjour,

Merci pour toutes ces réponses mais je vous avoue que je suis un peu perdu à la fin…

Si je vous comprends bien, puisque « elle » ne peut pas s’agripper à « elle », je dois donc écrire « tu t’es agrippé à moi comme une moule à son rocher » ?

le 3 août 2025.

Dans ce cas-là, c’est-à-dire lorsque le pronom réfléchi n’a pas de fonction dans la phrase, l’accord se fait avec le sujet, donc si tu renvoies à une femme :
Tu t’es agrippée à moi.
Elle s’est agrippée à lui.
Il s’est agrippé à elle.

le 3 août 2025.

Bonjour ou bonsoir Suzy,

Navré, je pense bien que votre question m’a plus été utile qu’à vous au final ! Si le verbe est autonome, ce qui est le cas ici, l’accord se fait avec le sujet. Quand le pronom a une valeur passif, quand il essentiel ou quand il est autonome : accord avec le sujet. Si « Tu » est une femme, on aura alors : Tu t’es agrippée.

Autre exemple où le sujet (Tu) représente une femme : Tu t’es promenée  le long du canal. -> Ce n’est pas « Tu » qui promène elle-même : le verbe est dit pronominal autonome, accord avec le sujet « Tu ».
(Marie promène Marie -> ça ne fait aucun sens !)

Autre exemple où le sujet (Tu) représente une femme : Tu t‘es lavée -> C’est bien « Tu » qui fait l’action de laver elle-même ici : le verbe est dit accidentellement pronominal. « T' » est pronom réfléchi COD -> l’accord se fait avec le COD (si ce dernier est bien avant le verbe, ce qui est le cas.)
(Marie lave Marie -> oui, c’est bien le cas !)

Attention : Tu t’es lavé le corps -> Ici « le corps » devient le COD et « t' » COI ! Tu te laves quoi ? Le corps ! A qui ? A toi !
COD après le verbe : aucun accord.

le 3 août 2025.

(Ni s’agripper, ni se promener ne sont autonomes, puisque le sens du pronominal est (quasi) équivalent à celui du non pronominal.)

le 3 août 2025.

Ok retour point de départ. Ils sont quoi alors ? Je dois dire qu’ils sont antipassifs ?
On a des essentiels, des autonomes, des passifs et des antipassifs ?

La nomenclature m’échappe.
Ainsi que le sens entre les autonomes et les antipassifs.

Un autonome a le sens de son verbe totalement modifié à la différence l’antipassif ? J’aperçois (voir) / Je m’aperçois (se rendre compte)

Alors pourquoi « Il s’attaque » est considéré comme un verbe pronominal autonome ? Attaquer et s’attaquer ont également quasiment le même sens. (?)

le 3 août 2025.

Ok retour point de départ. Ils sont quoi alors ? Je dois dire qu’ils sont antipassifs ?
Oui, pour
s’agripper ; se promener est autocausatif.

On a des essentiels, des autonomes, des passifs et des antipassifs ?
Pas des essentiels, mais des essentiellement pronominaux (= qui sont par essence – et non par accident – pronominaux = n’existent que sous cette forme).

La nomenclature m’échappe.
Ainsi que le sens entre les autonomes et les antipassifs.
Un autonome a le sens de son verbe totalement modifié à la différence l’antipassif ? J’aperçois (voir) / Je m’aperçois (se rendre compte).
C’est exactement ça.

Alors pourquoi « Il s’attaque » est considéré comme un verbe pronominal autonome ? Attaquer et s’attaquer ont également quasiment le même sens. (?)
Oui, s’attaquer à est rangé à mon sens à tort* comme pronominal autonome, puisqu’il existe une forme non pronominale de sens équivalent :
Il attaque son mémoire ≃ Il s’attaque à son mémoire.

* Sauf à considérer non plus seulement la différence sémantique, mais également la différence syntaxique > dans la forme non pronominale le patient est COD, alors que dans la forme pronominale, il est COI.

le 4 août 2025.

Merci pour vos explications ! C’est ma professeur de grammaire qui va être soulagée de ne pas voir de nouveaux mails de ma part — grâce à vous !
Je pense avoir saisi le tout ; j’irai approfondir tout ceci de mon côté à travers quelques recherches complémentaires.
Encore un grand merci !

Bien à vous,
Max

le 4 août 2025.

😀
Avec plaisir, Max.
(Attention, pour votre première question ci-dessus, seul s’agripper et s’attaquer sont antipassifs, se promener est autocausatif.)

le 4 août 2025.

La question » à qui ? »  donne pour réponse, non pas un sujet, ni un COD (complément d’objet direct) mais un COI (complément d’objet indirect)
Elle s’est agrippée à qui > elle s’est agrippée à son frère – « frère » est un COI (il y a une préposition -à- entre lui et le verbe).

Les COI n’entrent pas en compte dans la règle du participe passé.
L’auxiliaire est « être », il n’y a pas de COD, l’accord se fait avec le sujet.
Vous demandez-vous comment reconnaître un sujet ?
Le sujet répond à la question « qui est-ce qui  » mais surtout, il faut comprendre que le sujet gère le verbe qui le suit

Tara Grand maître Répondu le 2 août 2025

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