Articles définis et indéfinis : la valeur généralisante

Bonjour,

Je suis en grande difficulté pour m’expliquer les valeurs des articles, notamment en cas de généralité.

Pourquoi les choix d’article suivants sont-ils faux?

Selon lui, un smartphone est  l’invention révolutionnaire.

Alors qu’ici, ils seraient acceptables :

Un Parisien survivrait difficilement sans le café du matin.

Je vous remercie par avance pour vos lumières !
Cordialement

Legue67 Amateur éclairé Demandé le 24 juillet 2025 dans Général

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4 réponse(s)
 

Il est vrai que l’emploi des articles définis et indéfinis est délicat en français.

Selon lui, un smartphone est  l’invention révolutionnaire.

un smartphone ; il s’agit d’un smartphone parmi d’autres, sans qu’il soit précisé lequel; c’est néanmoins un cas particulier
Pour généraliser on utilisera « le »l’article ici,
L’invention : l’utilisation de l’article défini n’est pas ici non plus généralisante. L’article « le » dit que ce que le nom désigne est connu par le ou les destinataires (je sors le chien : le destinataire sait quel chien), soit parc qu’il en a été question en amont, soit parce que la chose est notoire. Ici, vraisemblablement, c’est ne façon de dire qu’il n’y  a qu’une invention révolutionnaire
On aurait peut-être plutôt attendu une invention révolutionnaire : une parmi d’autres.

Un Parisien survivrait difficilement sans le café du matin.
Un Parisien
n’est pas généralisant : on parle d’un Parisien parmi d’autres, pris comme ça, au hasard, comme exemple.
Si on avait eu le Parisien, alors oui cette fois-ci l’article était généralisant. Il indique un type.  (Le chien est un animal proche d l’homme).
Le café du matin : 
est généralisant car « le » désigne aussi un type (café noir, sucré ou pas, servi dans n’importe quel récipient – on suppose une tasse ou un bol- n’importe où : chez soi, bar…)
En revanche : je n’aime pas le café de ma mère : cette fois-ci, l’article défini  ne généralise pas, au contraire il définit et annonce un café bien particulier.
Compare avec je n’aime pas le café : cette fois-ci : généralisation.car sinon on aurait : je n’aime pas ce café.
Pourquoi ?  « de ma mère » actualise l’énoncé. L’article démonstratif lui aussi actualise. 
Autrement dit, c’est le contexte (texte ou situation) qui montre si l’article défini  est ou non généralisant.

Pour ce qui est de l’article indéfini « un », parce qu’il désigne un élément pris dans un ensemble, il peut impliquer la généralisation, mais parce qu’énonçant un exemple. Car « un » désigne toujours un élément particulier.  
On dira  : un chien  est toujours fidèle
mais on ne peut dire ; un chien appartient à la famille des canidés. Il faut ici l’article « le »: le chien appartient à la famille des canidés
Pourquoi ? parce qu’on n’a pas affaire ici à un exemple pris (pour généraliser), mais à l’évocation de l’idée de chien.
« Un »  reste toujours plus ou moins concret

 

Tara Grand maître Répondu le 25 juillet 2025

C’est effectivement une question plutôt complexe, néanmoins on peut tenter d’esquisser quelques principes. Et surtout bien distinguer la valeur généralisante et la valeur spécifiante. Commençons par le plus simple :

Dans le café du matin, l’article défini n’a pas valeur généralisante, mais spécifiante : le café est en effet défini par le complément du matin >  il ne s’agit pas de n’importe quel café, de tous les cafés, mais de celui du matin. On voit que si on supprime le complément, l’article indéfini devient de rigueur :
Un parisien survivrait difficilement sans le café, le matin / sans un café, le matin.

L’énoncé global est généralisant, il est effet bien question d’appliquer le propos à tous les Parisiens. Trois articles – les définis singulier et pluriel et l’indéfini singulier – permettent d’exprimer la généricité, avec des nuances et de façon non systématique. Dans le cas présent, ces trois articles sont effectivement possibles :
Le/Un Parisien survivrait difficilement sans le café du matin.
Les Parisiens survivraient difficilement sans le café du matin.

Pour la première phrase, l’article défini n’a pas valeur généralisante, mais spécifiante : il s’agit de désigner non pas tel ou tel smartphone ou n’importe quel smartphone en général, mais l’invention, le concept, l’entité abstraite, qui par définition est unique et bien définie, d’où la seule possibilité de l’article défini.
Enfin, on aurait pu avoir l’article défini comme déterminant à invention, si le mot avait été déterminé par un complément (cf. le café du matin) > le smartphone est l’invention de la société X (valeur spécifiante), le smartphone est l’invention du siècle (valeur spécifiante et surtout unicisante/superlativante = l’unique invention du siècle ; on remarque d’ailleurs qu’à l’oral on appuiera sur cet article) etc.
En l’espèce, seul l’article indéfini à valeur spécifique est possible : Le smartphone est une invention révolutionnaire parmi d’autres inventions révolutionnaires.

marcel1 Grand maître Répondu le 25 juillet 2025

Voici ce que j’ai trouvé : Un contexte généralisant fait référence à l’ensemble des situations possibles que la phrase peut évoquer.
Le groupe introduit par l’article défini a dans ce cas une valeur catégorielle (= l’espèce, le genre) sera visé, d’où l’emploi du terme générique.

 Le chien est un animal fidèle. 
Le smartphone est une innovation révolutionnaire. 
 Le pain est l’aliment de base dans la société romaine.
 En France, la commune est l’unité de base.

L’article défini apparaît en contexte particularisé : Le Premier ministre est supposé être le bras droit du président.  

  • L’article indéfini  peut prendre une valeur générale, proche du défini singulier appliqué à l’espèce :
    • Un chien ne trahit jamais son maître.
      • Pour signifier « Le chien ne trahit jamais son maître », ou « Les chiens ne trahissent jamais leur maître ».

Un Parisien survivrait difficilement sans le café du matin.

joelle Grand maître Répondu le 24 juillet 2025

Merci à chacun pour vos réponses détaillées qui m’ont apporté des éclairages.
En les étudiant, et en formulant maintes autres exemples, je pense avoir trouvé une stratégie que je peux proposer à un apprenant du français hésitant entre l’indéfini et le défini :

Se poser la question « […] parmi d’autres ? »

Exemple :
C’est ____ fontaine de cette petite place.
C’est ____ fontaine aménagée par la ville de Lyon.

Les deux sont suivis d’un complément et peuvent être considérés comme spécifiques ou identifiées, mais la première prendra « la » car unique, et l’autre « une » car appartenant vraisemblablement à un ensemble dont elle n’est pas l’unique exemplaire.

Si d’après vous cette procédure ne tient pas la route, je suis preneuse de précisions et de contre-exemples !

Je dois en effet expliquer tout ceci à un apprenant dont la langue maternelle n’a pas l’usage des articles tout court.

Legue67 Amateur éclairé Répondu le 8 août 2025

En l’espèce oui, c’est pertinent, après pour expliquer tous les emplois des articles, je ne sais pas ! 🙂

le 8 août 2025.

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