RE: j’ai été/je suis allée et déplacement au sens figuré

Répondu

Bonjour,

De ce que j’ai appris
Je suis allée et non pas j’ai été devant un verbe à l’infinif ou lorsqu’il y a une notion de déplacement.
Je suis allée au cinéma
Je suis allée chanter

L’exemple ci-dessous reposera donc très logiquement sur les mêmes bases
(il cumule de surcroît et le verbe à l’infinitif et le déplacement)
« J’ignore pour quelle raison je suis allée y chercher midi à quatorze heures. »

Je ne sais pas pourquoi, à part que c’est probablement à tort, mais la phrase m’aurait semblé plus « légère » (ou plus fluide) écrite comme suit :
« J’ignore pour quelle raison j’ai été y chercher midi à quatorze heures. »

Est-ce le fait que le déplacement ne soit pas au sens propre du terme ?
En rapport avec l’introduction d’une expression toute faite ?
Néanmoins, et j’en ai conscience, le verbe à l’infinitif justifie à lui seul l’emploi de « je suis allée » (ce que me souligne par ailleurs mon correcteur automatique)

Ma question est, pourquoi, selon vous, cela me dérange-t-il dans ce dernier exemple ?
Esprit dérangé ou possible explication ?

Merci par avance

Cocojade Grand maître Demandé le 28 juillet 2023 dans Question de langue
4 Réponses

Les milliers de « je fus chercher », de « je m’en fus chercher », ou « ils s’en furent chercher », qu’on trouve dans la littérature, montrent que cette construction avec le verbe « être » est bien autre chose qu’une faute de français. Peut-être pourriez-vous chercher des réponses sur un forum de littérature ou simplement d’étudiants en lettres. Le « j’ai été chercher » est-il le « je fus chercher » du pauvre ? C’est à tort qu’on dissèquerait analytiquement cette construction. Il faut une autre approche que celle des examinateurs. Quelques demandes à Google nous orientent très vite vers des pistes de réponses.

——–
[Le lendemain…]
La forme « être + infinitif » est courante au passé simple, et quand on continue à l’utiliser en littérature, elle est loin d’être familière, bien au contraire. C’était manifestement la forme normale il y a quelques siècles :
— Il fut querir son fidèle Bécafigue.
— Il fut prendre les armes…
— Il fut demander l’agrément du vice-roi et il eut ordre de…
Au passé composé, c’est plus récent, et rédigé à une époque où il aurait été possible d’employer le verbe « aller », mais je ne vois pas de nuance particulière dans l’emploi du verbe « être » :
— Que n’ai-je été rejoindre mon plus intime ennemi dans le ciel — William Shakespeare traduit par François-Victor Hugo
— Le médecin, qu’on avait été chercher, était accouru. — Victor Hugo
— … ce jour où Albertine avait été faire des courses … — Marcel Proust
— Raoul avait été faire une visite à Mme de Chevreuse et était parti pour rejoindre l’armée. — Alexandre Dumas
— On avait été chercher un pâtissier à Yvetot, pour les tourtes et les nougats. — Gustave Flaubert
— M. Auger l’académicien avait été chercher sa tabatière — Honoré de Balzac
— … une délégation de la garde nationale avait été demander des instructions au général Trochu — Maxime Du Camp

CParlotte Grand maître Répondu le 28 juillet 2023

Bonjour CParlotte

« Les milliers de « je fus chercher », de « je m’en fus chercher », ou « ils s’en furent chercher », qu’on trouve dans la littérature, montrent que cette construction avec le verbe « être » est bien autre chose qu’une faute de français. »

« C’est à tort qu’on dissèquerait analytiquement cette construction. Il faut une autre approche que celle des grammairiens modernes et des examinateurs. »

Je vous rejoins à 100%, et je suis bien heureuse que Tara tende également en votre sens en apportant des éléments de réflexion complémentaires. Comme je l’ai indiqué, je ne condamnerai pas non plus l’utilisation de « j’ai été » pour « je suis allé » de manière systématique. Il existe à mes yeux trop de points (présents comme antérieurs) qui engagent à se garder d’être péremptoire.

Concernant les forums que vous me conseillez, je passe tellement de temps en recherche d’éléments quand je doute (ce qui tend à être de plus en plus fréquent) que je suis preneuse.
Auriez-vous des noms de sites/forum/blogs à m’indiquer ?

Merci d’avance CParlotte

NB J’ai déjà testé des sites,forums, autres, mais… la plupart ne font que répéter à l’envi « les règles » et en général ceux-ci ne perçoivent absolument pas ce que je cherche à comprendre. Ils se demandent même visiblement quel est mon piètre niveau pour poser de telles questions qui vont au-delà des « règles ».
D’autres, censés être spécialisés, font plus de fautes que moi (ce n’est pas très engageant), ou bien me semblent plus ressembler à des repaires d’égos.

le 29 juillet 2023.

@CParlotte

Pourquoi votre commentaire indique-t-il un « -2 » dans la colonne de gauche ? (j’ai personnellement mis que celui-ci m’était utile)

le 29 juillet 2023.

@Cocojade
Sur les forums, c’est vrai qu’on peut croiser parfois des petits caporaux bornés amateurs de rubriques « il faut dire / il ne faut pas dire ». Mais j’y ai rencontré aussi des gens érudits et intéressants. Si sur un forum littéraire vous demandez à une personne qui a lu mille livres pourquoi le passé simple du verbe être porte souvent le sens d’aller, et s’il y a une raison à l’emploi du verbe être dans cette traduction de Shakespeare « que n’ai-je été rejoindre mon plus intime ennemi dans le ciel », il est peu probable qu’on vous réponde « Euh… désolée, mais c’est inapproprié, on dira : je suis allée rejoindre, et je suis allée chez le coiffeur », avec un smiley derrière.

le 29 juillet 2023.

@CParlotte,

Je viens de lire vos exemples du lendemain (smiley derrière).

Je m’intéresse à la philosophie, parce que j’aime « comprendre ». Elle permet d’explorer et d’échanger des points de vue, sans barrières. J’entends par là, que même si quelques références ne gâtent rien, il n’est pas besoin d’être érudit pour ressentir ou percevoir. Il en va donc de même pour s’autoriser à s’exprimer, à développer, à étayer ou encore à échanger en comparant/étudiant d’autres ressentis. J’aime à penser que c’est même l’un des attraits de la philosophie. Après tout, s’il nous a été donné le pouvoir de ressentir, s’essayer à en créer des déroulés à vocation explicative ou à y mettre des mots, semble logique.

Je m’intéresse, j’aime la langue française et je la ressens à ma mesure. D’où mes questionnements et doutes qui vont souvent au-delà du simple usage correct de cette langue (ceci, rajouté aux bases mêmes de l’apprentissage de la langue, est d’un fatiguant pour moi, vous n’imaginez même pas). En ce sens oui, la voie littéraire pourrait m’être extrêmement enrichissante en m’ouvrant à d’autres sensibilités, hors des sentiers battus admis.
Je vois donc un lien entre philosophie et voie littéraire.
Je ne me frotterai cependant pas à cette dernière. Elle requiert des milliers d’heures de lecture et de connaissances pures (qui s’apprennent) que je n’ai pas. Je crois qu’il est certain que sur un forum littéraire, c’est moi qui dénoterais clairement. Je ne souhaite pas ici donner dans le misérabilisme, mais je pense que nous avons tous nos qualités et nos limites. On ne peut pas tout savoir, il faut aussi l’admettre. (On peut s’améliorer certes, mais il y a aussi une notion de « temps ».)

D’ailleurs, à ce propos, en essayant de m’améliorer en français, au début j’avais la réelle impression de progresser et d’en savoir plus. Aujourd’hui, plus le temps passe, avec son lot de doutes nouveaux (dans le sens qu’ils sont souvent très « différents » de ceux que j’avais au début), plus j’ai l’impression d’en savoir encore moins qu’avant.

Subjectif d’après vous ? (smiley 😉 )

le 29 juillet 2023.

@CParlotte
Pour la petite histoire, votre commentaire n’a plus le « -2 »
C’est désormais ma question qui a un « -1 »

Drôle de monde

le 29 juillet 2023.
Votre réponse
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