RE: « on est allés » ou « on est allé »
Pourquoi écrire :
« Pendant les vacances, on est allés nager dans la rivière. »
plutôt que « Pendant les vacances, on est allé nager dans la rivière »
S’il est d’usage de comprendre le « vous » comme un singulier quand il s’agit d’une forme de politesse qui concerne un individu, peut-on considérer « on » comme un pluriel ou comme un féminin pluriel quand il se rapporte à un groupe masculin ou féminin ?
Merci pour vos réponses.
Cordialement,
FLB
Plaidoyer pour un pronom indéfini et petite mise au point.
Dans le langage familier, le pronom personnel « nous » a totalement cédé la place au pronom indéfini « on » et cette négligence s’étend de plus en plus au langage employé dans des circonstances où elle n’est pas de mise. On peut s’interroger sur cette disparition du sujet « nous » au profit de « on » : ne constitue-t-elle pas une fuite devant une responsabilité collective ? Quant à la phrase « On a abîmé notre voiture », on peut se demander à qui sont imputables les dégâts : à nous-mêmes ou à d’autres représentés par on ?
Ce détournement de sens du pronom sujet « on » a d’ailleurs de curieuses conséquences. De savants linguistes se demandent si, quand il signifie « nous », l’adjectif ou le participe passé qui s’y rapporte doit s’accorder avec le singulier « on » ou avec le pluriel « nous ». En d’autres termes, écrira-t-on « on a été bien content » ou « on a été bien contents » ? La réponse semble toute simple. Puisqu’il s’agit avant tout de langage parlé et non écrit, il est moins nécessaire de se préoccuper de cet accord que de conseiller à nos compatriotes, notamment à l’école, d’employer le sujet « nous » toutes les fois qu’il s’impose.
Si l’on s’en donnait vraiment la peine, on n’aurait plus à se demander s’il faut ou non accorder l’adjectif ou le participe passé avec le pronom « on » mis pour « nous » afin de savoir si des gens satisfaits d’eux-mêmes peuvent dire et écrire « on est génial ! » ou « on est géniaux ! ».
Girodet, dans « Pièges et difficultés de la la langue française » estime que l’emploi de « on » pour « nous » est très familier.
« Quand on équivaut à « nous », [etc.].
L’attribut ou l’adjectif se met au genre et au nombre correspondant au sujet que remplace on : Mon ami et moi, on est prêts. Mais oui, dirent-elles en chœur, on est heureuses ! […]
Ces emplois et ces accords appartiennent à la langue parlée ou à la langue expressive plutôt qu’au style soutenu. Dans la langue très surveillée on préfèrera l’emploi du pronom personnel ou d’un nom : Mon ami et moi, nous sommes prêts. Mais oui, dirent-elles, nous sommes heureuses ! » (Jean Girodet, Pièges et difficultés de la langue française).
« Le pronom indéfini on est normalement masculin singulier : On était resté bons camarades (V. Hugo,… ). […] L’Académie considère toutefois que on à la place d’un pronom personnel de la 1re ou de la 2e personne et suivi d’un participe féminin ou pluriel, appartient à la langue familière. […]
On est fréquemment employé dans le langage familier ou populaire : Après la cérémonie, on a été boire un verre. […] On dira toujours mieux : Après la cérémonie, nous avons été boire un verre. » (Dictionnaire des difficultés de la langue française, Larousse).
« Le pronom indéfini on désigne en principe un agent humain dont on ignore l’identité, c’est-à-dire le sexe et le nombre : On est venu voler à la pharmacie cette nuit. Le verbe est au singulier et l’attribut ou le participe sont au genre et au nombre indifférenciés, c’est-à-dire au masculin singulier. — Mais il n’est pas rare que le pronom représente en fait une ou des personnes bien identifiées et concurrence les pronoms personnels je, tu, il, nous, vous, ils, elle, elles. Dans ce cas, si le verbe reste nécessairement au singulier, l’adjectif attribut, l’épithète détachée, le participe passé peuvent prendre le genre et le nombre correspondant au sexe et au nombre des êtres désignés. […] On dort entassés dans une niche. (Loti). » (Le Bon usage, 15e éd., § 438).
« Tantôt on désigne une ou plusieurs personnes bien déterminées. [..] comme concurrent de nous, surtout dans la langue parlée familière. Il ne s’agit pas du on qui embrasse tous les humains, donc nous-mêmes, mais d’un ensemble particulier dans lequel se trouve celui qui parle : On n’est pas des esclaves pour endurer de si mauvais traitements ( Ac. 1935). […]
Cela s’est répandu dans l’oral familier au point de presque évincer nous et de faire croire à certains usagers que on inclut nécessairement le je. Les critiques sont vives, et des linguistes s’y sont associés : “ On, dans cet emploi, est populaire. Il déclasse ” (Bruneau, dans le Figaro litt., 12 janv. 1952). » (Le Bon usage, 15e éd. § 753).
Donc, on peut écrire, familièrement : « on est allés nager » (ou on est allées), mais dans une langue soutenue, on doit écrire : « nous sommes allés nager » (ou nous sommes allées).
