RE: Influence de la virgule
« On imagine sans effort la mélodie qui accompagne cette phrase de triomphe, sans trop savoir s’il s’agit bien là de l’air des lampions, connu de tous et attribué à une musique assez peu mélodieuse. »
La place des deux virgules, et notamment la seconde, ne justifierait-elle pas l’accord de « connu » et de « attribué » avec « la mélodie » ? :
« On imagine bien sans effort la mélodie […], sans trop savoir s’il s’agit là de l’air des lampions, connue de tous et attribuée à… »..
N’aurait-il pas mieux valu : « On imagine bien sans effort la mélodie […], sans trop savoir s’il s’agit là de l’air des lampions connu de tous et attribué à… » ?
Bonjour,
INCIDENTE : Une incidente est, dans sa définition traditionnelle, une proposition qui s’insère dans une phrase à la manière d’une parenthèse, pour y glisser une notation accessoire. Elle se détache du reste de la phrase, soit par des virgules soit par des tirets.
Ce guitariste – tous en conviennent – est excellent.
Il faut, soyons réalistes, réduire nos dépenses.
Il faudra, croyez-en mon expérience, renoncer à ce projet.
Remarque:
L’incidente peut être retranchée de l’énoncé sans affecter le sens de la phrase.
J’écrirai donc:
« On imagine sans effort la mélodie qui accompagne cette phrase de triomphe, sans trop savoir s’il s’agit bien là de l’air des lampions, connuE de tous et attribuéE à une musique assez peu mélodieuse. »
Si l’on supprime l’incidente «sans trop savoir s’il s’agit bien là de l’air des lampions», on ne change rien au sens de la phrase.
L’air des lampions n’est pas un air, mais une scansion qui accentue une syllabe sur deux, la première et la dernière portant systématiquement un accent tonique. Il exige donc un nombre impair de syllabes, trois au minimum, comme dans le cri poussé à l’origine : « des lampions ». Lorsque la formule a un nombre pair de syllabes, ou se décompose en un nombre pair et impair de syllabes, les deux premières sont accentuées : « On va gagner », « On est les champions ». C’est le rythme naturel de la scansion binaire, et les slogans à trois syllabes sont symptomatiquement les plus nombreux sur l’air des lampions.
Jean-Claude Bologne ─ Historien.
