RE: éponyme

Répondu

éponyme

Dominique Érudit Demandé le 1 décembre 2015 dans Question de langue
2 Réponses

Bonjour,

Éponyme signifie :  qui donne son nom

Athéna, déesse éponyme d’Athènes.
Emma Bovary est le personnage éponyme du roman Madame Bovary de Gustave Flaubert ;

En anglais la construction est la mëme. L’adjectif correspondant est eponymous.

Don Quixote, eponymous hero of the great novel by Cervantes.

Ce détournement de l’emploi de cet adjectif est dû à une interprétation erronée de la définition de ce mot. Pour le journaliste en question, éponyme signifie : qui porte son nom.

Il aurait fallu écrire :

« Le très influent Bruno Bonduelle, ancien président éponyme de l’entreprise de transformation et de conservation de légumes…

Quelques compléments :
Sans la moindre appréhension, consultons le Dictionnaire étymologique de Larousse. II y est écrit: « Éponyme. 1755. Encyl., du grec eponumos, de epi, sur, et onuma, nom, désigne celui qui donne son nom à quelque chose». Le Grand Larousse encyclopédique est aussi formel: « adj. (gr. eponomos, de epi, sur, et onoma, nom). Antiq. gr. Qui donne ou emprunte son nom à quelque chose », et de même, le Petit Larousse, plus bref: « adj. (gr. epönumos, qui donne son nom à qqch. »

Voilà qui est clair: dans le sens le plus large du terme, peut être éponyme tout patronyme (Braille,Raglan, Pullmann), tout prénom (Axel, Jeannette, Madeleine) ou surnom ou pseudonyme même.

Mais peuvent être également éponymes les dieux, demi-dieux et héros de quelque mythologie que ce soit (Stentor, Hercule, Manitou), les personnages d’une littérature ou d’une autre, même orale (Tartufe, Polichinelle, Tarzan), de n’importe lequel des arts et technique (Vénus, Tanagra, Baccarat). Existent aussi l’éponymie par l’anagramme (Gilbreth le tayloriste donne therblig, unité de mesure de travail, Malpighi l’anatomiste, galphimia, un arbuste ornemental, et I’ éponymie par une langue étrangère : Lecoq de Boisbaudran baptise gallium (en latin, gallus, c’est le coq) le métal qu’il vient de découvrir, et Renard, fuchsine (Fuchs, en allemand, c’est le renard) le colorant dont un de ses ingénieurs a mis au point la fabrication industrielle, et cela pour rendre hommage à l’Allemand Hofmann, inventeur de ladite fuchsine.

Pourquoi s’arrêter en si bon chemin? Les noms de pays, de région, de province, de ville, de lieu-dit peuvent à leur tour fournir un contingent substantiel d’éponymes: Suède, Bourgogne, Tulle, Manhattan … Interrogation qui se pose  alors! le royaume d’Éponymie ne serait-il pas, plutôt, un vaste empire? C’est certain. Une première colonisation, celle de la botanique est, au XVIIIe  siècle, l’œuvre du grand Linné: il baptise le bromelia, arbuste ornemental, à partir du patronyme de son ami le botaniste suédois Olaf Bromel, il honore la comtesse de Chinchon, épouse d’un vice-roi du Pérou, avec le cinchona, rubiacée arbustive dont l’écorce fournit la quinine, il salue la mémoire du jardinier du roi (de France) Jean Robin en nommant robinier le faux acacia. Au XIXe  siècle, les minéralogistes lui emboîteront le pas, puis les physiciens et les chimistes. Après eux, l’électricité magnifiera de la même façon ses grands découvreurs. Et ainsi de suite.

À feuilleter cet intéressant ouvrage.

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czardas Grand maître Répondu le 2 décembre 2015
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