Subjonctif « après que »

Répondu

Bonsoir
J’ai une question.

En principe, il faut du subjonctif « après que »
Par exemple :
– Après que tu viens, on ira là-bas
Mais en est-il de même lorsque la phrase est négative ? L’indicatif me semble lourd dans celle-ci :
– Ce sont elles deux jours après qu’elles ne se sont pas vues

Merci pour vos réponses

Tony Grand maître Demandé le 9 mai 2018 dans Accords

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Bonsoir Tony,

En principe, il faut l’indicatif après après que.

La phrase après que tu viens, on ira là-bas est incorrecte. Après que s’utilise pour spécifier un événement terminé au moment où l’action de la subordonnée se passe. Donc ici il faudrait dire après que tu seras venu, on ira là-bas.

La forme affirmative ou négative de la subordonnée n’influe pas sur le mode du verbe qui reste normalement l’indicatif. Votre dernière phrase ce sont elles deux jours après qu’elles ne se sont pas vues est correcte. Ce qui vous semble lourd est l’utilisation de l’indicatif, car l’usage a depuis longtemps consacré le subjonctif après après que. Ce n’est que depuis quelques années qu’on assiste à un retour quelque peu « forcé » de l’indicatif, qui malgré tout continue de sonner de façon peu naturelle à l’oreille.

ChristianF Grand maître Répondu le 9 mai 2018

Oups, je voulais écrire « indicatif » dans la première phrase.
Merci pour votre explication très claire Christian. Je comprends mieux à présent. À vrai dire, l’indicatif sonne mal car on n’a pas l’habitude de l’entendre. Quoi qu’il en soit, je me forcerai à l’employer étant la règle grammaticale

le 9 mai 2018.

L’indicatif est obligatoire après après que. C’est après avant que qu’il faut le subjonctif.

L’indicatif après après que vient du fait qu’est introduit un événement ayant eu lieu (et donc certain) au regard de la proposition principale. Le subjonctif après avant que vient du fait qu’est introduit un événement devant survenir (et donc hypothétique) au regard de la proposition principale.

Comme souvent (pour une raison que je ne m’explique pas), l’identification (fautive) des deux formes s’est faite vers la forme la plus complexe (le subjonctif). Cela dit – et cela depuis toujours -, les correcteurs préfèrent tordre légèrement la concordance des temps plutôt que le mode employé pour éviter que le lecteur ne voie une faute là où il n’y en a pas. Cela se fait par l’utilisation du passé antérieur de l’indicatif qui « sonne » à l’oreille de la même façon que le plus-que-parfait du subjonctif (l’accent circonflexe de ce dernier ne s’entend pas !) :
Après qu’il eut écouté ce morceau, il éprouva le besoin de le jouer lui-même. Sinon, il reste toujours la forme après + infinitif : Après avoir écouté ce morceau, il éprouva le besoin de le jouer lui-même.

jbambaggi Grand maître Répondu le 9 mai 2018

J’avoue ne pas bien comprendre ce que cherche à dire Kerglof.

Concernant le sujet du fil, voici ce que dit l’Académie :

« À la différence de avant que, qui implique une notion d’éventualitéaprès que, marquant que l’on considère le fait comme accompli, introduit une subordonnée dont le verbe doit être mis à l’indicatif. Je rentrerai après que la nuit sera tombée. Il est parti après que nous l’avons tous salué.Le passé antérieur employé dans des phrases comme Après que le bateau fut sorti du port, la tempête s’éleva ou On l’applaudit après qu’il eut parlé ne doit pas être confondu avec le plus-que-parfait du subjonctif. »
(C’est moi souligne.) L’article est ici.

Nous indiquons sur ce site les règles de grammaire en vigueur et, dans ce fil, je n’ai fait que retranscrire l’explication usuelle du fait qu’il faut l’indicatif après après que et le subjonctif après avant que. Que les événements qui suivent les locutions après que et avant que soient respectivement « passés »  ou « futurs » – et donc « certains » ou « éventuels » – s’entend bien entendu par rapport à la proposition principale, ce que j’avais indiqué. Nulle subjectivité là-dedans.

jbambaggi Grand maître Répondu le 9 mai 2018

Bonjour Kerglof.

Il me semble qu’il y a un malentendu : j’avais compris, en lisant les règles du site, que nous ne sommes pas ici sur un forum de discussion mais sur un site d’entraide où les contributeurs posent des questions et apportent éventuellement des réponses sur les règles d’orthographe et de syntaxe qui ont été définies par d’autres que nous.

On peut se contenter d’énoncer les règles, mais il me semble préférable de fournir – quand c’est possible et si nous les connaissons – les raisons qui ont présidé à leur établissement.

Il ne s’agit pas, il me semble, d’avis personnels. Pour discuter de ce que chacun pense des règles de grammaire et de leur évolution possible, il y a certainement de nombreux forums où chacun trouvera à s’exprimer selon ses opinions – sur la langue ou autre.

Les raisons que j’ai rappelées dans mon premier message ne sont pas «mes» raisons mais celles de ceux qui font les règles – ce que j’ai indiqué en citant l’Académie française : je n’avais fait que dire la même chose. Je peux parfaitement comprendre que vous contestiez ces explications mais il me paraît inutile de vous irriter contre moi : il vous faut vous adresser aux autorités en la matière.

Il y a des cas où l’on peut hésiter parce que les règles ne sont justement pas fixées de façon ferme. Auquel cas, on pallie cela par des raisonnements qui, pour être le moins contestables possible, demandent à être discutés et affinés. Il y a plusieurs fils de ce type sur ce site.

Mais quand une règle précise est établie, il n’y a rien d’arrogant à la rappeler, de même que, par exemple, il n’y aurait rien de « docte » à préciser, dans la numération usuelle, que 2+3=0 est « fautif »… même si , dans un autre contexte, … cela se discute ! (Les élèves qui étudient l’algèbre apprennent, parfois dès la terminale, qu’il est des situations où 2+3=0… est vrai !)

le 10 mai 2018.

Vous m’avez rendue curieuse, Kerglof.  Vous dites que vous ne retrouvez pas la phrase, mais, n’arriveriez pas à  en fabriquer une  qui illustre rait la chose ?

Zully Grand maître Répondu le 9 mai 2018

Les exemples donnés par Kerglof sont intéressants à la lumière des raisons des grammairiens dont je ne pense pas qu’elles sont dénuées de fondement. Prenons l’exemple : Je suis sorti avant que le facteur [être] passé. La proposition principale est Je suis sorti. C’est elle qui «fixe le temps», autrement dit qui sert d’origine des temps. Par rapport à cette origine, le passage du facteur est un événement futur et il est d’usage de considérer que le futur est hypothétique (une « éventualité », dit l’Académie) – on a abandonné depuis longtemps la thèse du démon de Laplace d’un déterminisme universel. Les raisons  du choix de la règle ne me paraissent pas du tout illogiques. Il y a effectivement un lien étroit avec la démarche qui fixe la concordance des temps : là aussi, on choisit dans le verbe de la proposition principale la référence de temps par rapport à laquelle on ajuste le temps des subordonnées. Il me semble que cela éclaire le fait que les règles fixées par les autorités académiques ne sont pas arbitraires.

Mais cette logique se heurte à une autre que l’exemple donné par Kerglof en réponse à Zully illustre parfaitement. Je suis arrivé après que le premier bateau a débarqué, mais avant que le deuxième ait débarqué. Du point de vue de la syntaxe, rien à dire. Mais une telle phrase ne peut que heurter le lecteur par la dissymétrie des constructions. Je pense qu’une rédaction soignée doit éviter ce genre de formulation et préférer quelque chose comme : Quand je suis arrivé, (les passagers du) premier bateau avaient déjà débarqué, mais pas (ceux du) deuxième ou toute autre formulation, de préférence plus élégante. Écrire, c’est , me semble-t-il, non seulement respecter orthographe et syntaxe, mais tenir compte de ceux qui vous lisent, ne serait-ce que pour ne pas dévier leur attention sur un problème étranger au contenu du texte. Nous ne sommes plus exactement dans des discussions sur les règles d’orthographe et de syntaxe mais sur le problème de leur « bon usage ».

jbambaggi Grand maître Répondu le 10 mai 2018

Je ne trouve votre commentaire qu’aujourd’hui. Dans la syntaxe actuellement en vigueur, avant que est suivi du subjonctif et après que est suivi de l’indicatif. L’Académie le justifie comme je l’ai indiqué. Je n’ai rien inventé, juste retranscrit, c’est tout. Je ne suis pas un bureau des réclamations contre les règles de l’Académie avec laquelle je n’ai rien à voir à tout point de vue.

Les règles de l’Académie et des grammairiens sont très souvent arbitraires, je suis content que vous le ressentiez aussi. Ne parlons même pas des règles décidées pour des raisons ouvertement sexistes par les grammairiens du dix-septième siècle. Rappelons la célèbre phrase de Dupleix pour justifier la « règle », nouvelle à l’époque et enseignée depuis dans toutes les écoles (mais les choses sont peut-être enfin en train de changer) que « le masculin l’emporte sur le féminin » : « Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut tout seul contre deux ou plusieurs féminins, quoiqu’ils soient plus proches de leur adjectif ».  Ou, pour qui aurait un doute sur les motivations de ces grammairiens : «Le masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle» (Beauzée). Comment ne pas voir qu’il y a, dans nombre de règles syntaxiques, une énorme part d’arbitraire n’ayant rien à voir avec la linguistique mais tout à voir avec les toiles d’araignées trainant dans les crânes de leurs auteurs  ?

Cela étant, je me répète, nous sommes sur un site où nous cherchons à nous entraider à écrire selon les règles en vigueur (par exemple pour mettre tous les atouts de son côté dans une lettre de motivation) et il s’agit donc de formuler ces règles et les justifications qui leur ont été données quand nous les connaissons. Cela ne préjuge pas de ce que nous en pensons et qu’il est loisible de débattre ailleurs.

Un dernier exemple. Que diriez-vous à quelqu’un qui s’interrogerait sur ce site sur la correction du dialogue suivant entre un homme et une femme : « – Je suis enrhumé aujourd’hui. – Je la suis aussi »… La réponse que je viens de citer est de… Mme de Sévigné. À son interlocuteur (le grammairien Ménage) qui prétendit lui faire une leçon de syntaxe (à Mme de Sévigné !) en l’enjoignant de dire « Je le suis aussi », elle répondit : « Aux dieux ne plaise, dit-elle, que je suive cette règle, car j’aurais l’impression de me voir pousser de la barbe au menton. » Je suppose que, comme moi, votre coeur va à Mme de Sévigné. Mais que devons-nous répondre sur ce site ? Et que devra faire un correcteur d’imprimerie, par exemple ? 

le 23 mai 2018.

Bonjour Kerglof,

J’ai été énervée hier soir, car je n’ai pas pu modifier le message. que je vous ai envoyé.  Au moment où j’ai voulu le faire, tout le texte a disparu.  Bref, la débâcle ! Je remercie ceux qui m’ont lue et qui n’ont pas relevé l’affaire. Pour la tranquillité de mon esprit, je corrige : … n’arriveriez-vous pas…

Je vous remercie, Kerglof, d’être arrivé à me donner un exemple.  Contrairement à vous, je n’ai pas l’esprit aussi « chemineux » (donc, de « chemin ») ; pour moi, la phrase que vous avez citée a tout son sens. Il est vrai que j’ai fait bien des exercices avec avant que et après que .  Cela m’a demandé un effort et un déclic s’est produit. C’est entré en moi (c’est mon fonctionnement). Ces deux préposisions, avant et après, me semblent assez claires temporellement.

Toutefois, je pense que sur le fond (au fond du chemin), vous avez raison, il y a des références qui n’ont pas toujours un fondement autre que celui d’un choix, d’une habitude qui s’ancre, etc. Les gens qui parlent deux ou plusieurs langues en savent long sur le sujet (à condition d’y réfléchir – et me voilà sur le « chemin » de la réflexion. Je me demande où je vais pêcher cela !)

Quoi qu’il en soit, votre long texte a encore ancré en moi « après que » et « avant que ».  C’est devenu plus vivant avec votre exemple des combattants ; maintenant j’ai un paysage qui accompagne les mots. Je ne peux que vous remercier ainsi que les autres intervenants qui ont répondu à la question.

Zully Grand maître Répondu le 10 mai 2018

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