Question sur les subordonnées infinitives

Bonjour, une petite question au sujet des subordonnées infinitives que j’ai bien du mal à repérer.
Dans la phrase: « Faites entrer l’accusé » qui est aussi le titre d’une émission bien connue. « Entrer l’accusé » est-elle une subordonnée infinitive ?
Avez-vous des astuces pour les repérer? En vous remerciant pour vos réponses !

Marie8087 Débutant Demandé le 13 avril 2019 dans Question de langue

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6 réponse(s)
 

Bonjour,

Les grands maîtres du site vous répondront mieux que moi sur le sujet mais « entrer l’accusé » me semble remplir tous les critères pour être une subordonnée infinitive:

« Faites » à son sujet propre bien qu’à l’impératif il ne soit pas exprimé,
« Entrer l’accusé » est COD de « faites »,
« L’accusé » sujet de entrer.

L’infinitive en position de COD n’est introduite par aucun mot subordonnant. Il faut, bien entendu, que l’infinitif ait son sujet propre. Elle se trouve après des verbes de perception ou de sensation (sentir, voir, apercevoir, entendre, regarder, etc.); après des semi-auxiliaires (faire, laisser, etc.); après voici introduisant, la plupart du temps, « venir« .

Cordialement,

LaurenceA Grand maître Répondu le 13 avril 2019

Bonjour,

Je vous remercie pour cette réponse et vos explications détaillées et claires.

Bien cordialement

Marie8087 Débutant Répondu le 13 avril 2019

Une proposition infinitive se compose d’un infinitif ayant un sujet propre, ou ayant le sujet d’une autre proposition.
Elle sert de complément d’objet aux verbes principaux, conjugués.

1) Je vois les (bateaux rentrer au port)= qui rentrent au port
2)Je me suis entendue (lui répondre vertement).=le sujet est identique à la première proposition.

Faites (entrer l’accusé).La proposition infinitive est entre parenthèses.

joelle Grand maître Répondu le 13 avril 2019

Bonjour Joëlle,

Je ne suis pas un parangon  en grammaire, loin de là, mais il me semble que les propositions infinitives peuvent être indépendantes ou principales comme « ne pas entrer », « ne pas parler ». Elles ne sont ni propositions subordonnées infinitives ni COD ou COI dans ce cas.

Cordialement,

PS: Petit clin d’oeil à Numéric (parangon n.m), j’ai bien appris ma leçon!

le 13 avril 2019.

Vous avez entièrement raison !

le 13 avril 2019.

C’est souvent des verbes de perception qui reçoivent une proposition infinitive, voir, regarder, imaginer, entendre, écouter, sentir, mais il y a aussi faire et laisser, qui ne sont pas des verbes de perception, mais peuvent induire des propositions infinitives ayant extérieurement la même structure.

Regardez // le cycliste pédaler : c’est le cycliste qui pédale, subordonnée.
Regardez // le soleil se lever : subordonnée car c’est le soleil qui se lève.
Faites // entrer l’accusé : on considère que comme c’est l’accusé qui entre, c’est aussi une subordonnée infinitive, puisqu’elle a son sujet propre.

Ce qui induit en erreur, je trouve, c’est le verbe faire (faire chauffer, faire cuire, etc.)…

http://www.uoh.fr/front/document/76725fed/e3cf/4c80/76725fed-e3cf-4c80-b968-4767db1d2f40/co/02_01_definition_infinitive.html

https://www.espacefrancais.com/les-propositions-subordonnees/#Les-propositionssubordonnescomplmentsdobjet
https://alaattintorun.tr.gg/subordonn-e2-e-infinitive.htm

Myrtille Maître Répondu le 13 avril 2019

Bonsoir/Bonjour marie,

Vous souhaitez savoir comment repérer une proposition infinitive (P.I.). 

Tout dépend de la grammaire dans le cadre de laquelle on se pose la question. En effet, la notion de P.I. varie selon les écoles et, même pour certains grammairiens, elle n’existe pas.

A cet égard, on peut distinguer :
1.  la grammaire traditionnelle (celle dans le cadre de laquelle se situent Laurence et Myrtille, sauf erreur de ma part) ;
2.  la grammaire guillaumienne (de Gustave Guillaume) ;
3.  la grammaire générativiste ;
4.  la conception que je nomme  « négationniste » (= celle de beaucoup de de grammairiens qui nient jusqu’à l’existence même de la P.I.).

Ce n’est pas le lieu ici, je crois, de développer les critères d’identification retenus par chacune de ces quatre « écoles ». Je me bornerai à préciser (v. les réponses de Laurence et de Myrtille) à quels critères la grammaire traditionnelle (affinée sur ce point par Guillaume) reconnaît la P.I., tout en précisant que je  pourrai éventuellement développer les points 2 à 4 :
a) la P.I. est complément de certains verbes, en nombre limité : faire, laisser, des verbes de perception (entendre, voir, sentir, etc.), des verbes causatifs de mouvement comme emmener, envoyer, conduire. Ex. :  Ce film a fait pleurer Laurence. Il a emmené sa fille voir  un beau film. Elle a  cru entendre Jessica parler ; 
b) la P.I. a un sujet propre (donc différent de celui du verbe principal). Voyez les ex. précédents.

Bonne nuit.

Prince (archive) Débutant Répondu le 14 avril 2019

Bonjour Prince,

Si je comprends bien ce que vous avez écrit, une PI ne saurait être une proposition indépendante ou principale? Dans les cas où l’on utilise la forme infinitive en lieu et place de l’impératif (exemples:  Entrer sans sonner, ne pas fumer) quelle est la nature de ces propositions?

Cordialement,

le 14 avril 2019.

Bonjour Prince,
en fait, j’ai répondu comme cela après avoir vérifié sur des sites. Sinon, je reconnais la PI avec les verbes de perception, mais avec le verbe faire, je verrais plutôt un groupe verbal « faire manger » avec un COD après, sans PI. Je ne sais si c’est une autre école 😉

le 15 avril 2019.

Bonjour,

1° Les critères et les ex. que je donne dans ma précédente réponse  concernent plus particulièrement la proposition subordonnée infinitive (P.S.I. ci-après. ). Il convient de savoir toutefois que certains grammairiens (par ex., Cécile Narjoux,  2018) ne font pas de différence entre P.S.I. et P.I. et que selon Le Bon usage et Al. Lorian  « seul l’infinitif de proposition subordonnée peut former une proposition infinitive » (à deux conditions).

2° Existe-t-il des P.I. indépendantes ou principales ? Nature de, par ex., Ne pas fumer  (cf. vos questions, Laurence) ? 
Il est bien évident que cette question est sans objet pour les grammairiens qui nient l’existence de la notion de PI. (cf. point 4 de ma première réponse).

A l’opposé, d’autres grammairiens  (ex. : Pellat, Fonvielle, dont je partage la manière de voir) admettent le concept de P.I. et les notions de proposition subordonnée infinitive (créée par la tradition gram.) , de P.I. principale et de P.I. indépendante.

Ils distinguent :
a) L’infinitif en proposition principale ou indépendante : Cet infinitif s’emploie dans les phrases injonctives (il remplace l’impératif ; ex. : ne pas fumer dans le hall), exclamatives (Hé quoi ! charger ainsi cette pauvre bourrique ! La Fontaine), délibératives (Que faire ? Où   aller ?) et de narration (infinitif dit « de narration » ; ex. : Et de pleurer plus fort.).
b) l’infinitif en proposition subordonnée : voyez les deux critères et des ex. dans mon précédent message. La P.S.I. équivaut à une subordonnée complétive conjonctive : J’entends siffler le train. ==> J’entends que le train siffle.
c) l’infinitif en corrélation avec un auxiliaire : Il va pleuvoir. Il doit continuer à travailler. Hollande a fait construire une pyramide. L’accusé laisse parler son avocat. Dans les deux derniers ex.,le sujet de l’auxiliaire est la cause de l’action verbale à l’infinitif. Ce dernier peut avoir son propre sujet (= son avocat).

Source : J.-C. Pellat, S. Fonvielle, M. Grevisse, Le Grevisse de l’enseignant. Grammaire de référence, Magnard, 2017, p. 174-176.
Pellat est un des trois auteurs de la Grammaire méthodique du français, considérée par beaucoup comme la deuxième meilleure grammaire actuelle (après Le Bon usage).

Prince (archive) Débutant Répondu le 14 avril 2019

Bonsoir Prince,

Merci beaucoup pour ces éclaircissements.

Cordialement

le 14 avril 2019.

re-Bonjour Prince,
J’essaie de comprendre et je reprends un des exemples cités :
« Hollande a fait construire une pyramide. »
On arrive pile dans les cas limites (pour moi) : est-ce que dès qu’il y a un infinitif, il y a une PS ? Ce n’est pas la pyramide qui construit, mais qui est construite. Les ouvriers ne sont pas cités…
Merci.

le 15 avril 2019.

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