POUR VOCATION DE ou VOCATION À ?
Nous connaissons tous cette tournure de phrase : « Avoir POUR vocation DE ».
(Exemple : Nous n’avons pas pour vocation de changer le monde.)
Pourtant, de plus en plus souvent, intellectuels et hommes politiques la remplacent par « Avoir vocation À », qui me semble erronée.
Qu’en pensez-vous ?
Les deux tournures sont correctes, mais il y a une nuance sémantique que souligne bien le TLFi :
– Avoir vocation de … : Inclination, penchant impérieux qu’un individu ressent pour une profession, une activité ou un genre de vie.
– Avoir vocation à … : « Être qualifié pour » ou « destination à laquelle un établissement, une région, un pays paraît être voué de par ses caractéristiques intellectuelles ou matérielles ».
Ainsi, de nos jours, et bien malheureusement, maints enseignants qui ont vocation à la transmission du savoir n’ont plus vraiment la vocation de le faire.
Cordialement
Très bien pour le trait d’esprit.
Je tombe des nues, car j’étais persuadée que la tournure était impropre !
Et je suis d’autant plus étonnée, que le TLFi semble totalement ignorer la tournure avec « pour », c’est-à-dire la seule qui me semblait correcte !
Ajoutez à cela ce « de par » qui vient nous faire mal à notre langue, au milieu d’une définition si mal ficelée que… je n’ai pas réussi à me laisser convaincre. Vous n’êtes naturellement pas en cause, comprenez-moi bien, ce sont ces approximations, inexactitudes et flous servis par le TLFi, qui me font encore douter.
En effet « Avoir LA vocation » (tout court), cela signifie bien être prêt à se lancer corps et âme dans un sacerdoce, un métier, une cause ?
Même si on n’est pas qualifié, ou pas encore !
De la même façon, un homme, un établissement, une région, peuvent avoir toutes les qualités requises pour un métier, un projet, une cause, sans pour autant en avoir la passion, la vocation ?
Qu’en pensez-vous ?
Merci de votre commentaire. À mon sens, et bien que non mis en relief par les différentes sources muettes sur ce point, il y a eu dans le passé une étrange « confluence » sur ce mot à partir de deux racines latines radicalement différentes : – Vocation venant directement de « vocare » (appeler) et appartenant à la famille de voix. C’est la fameuse vocation du prêtre ou de l’institutrice. – Vocation venant indirectement de « vovere »(supin votum) de la famille de vœu, avec le sens de *dédié ou consacré à » comme dans votif ou dévouer. Bien que l’on dise qu’une salle est « vouée » aux spectacles, elle n’a pas à notre époque « vouation » ou « votation » à les recevoir (ce qui était pourtant la logique d’évolution) ; par contigüité (pardon pour 1990) de sens avec l’appel divin, c’est vocation qui s’est finalement imposée. Il y a de bien étranges surprises lorsqu’on gratte les étymologies jusqu’à l’os ! Cordialement
Avec plaisir !
L’extirpation indolore des racines peu carrées de mots bien polis m’est toujours source de délectation…
Bonnes fêtes !
Chambaron
J’avais aussi la même réaction que Cathy mais après vérification, j’aurais donné la même réponse que Chambaron,
J’ajoute une précision, la nuance juridique ; Ouvrir vocation à + subst. ou inf.Donner droit à.
Donc, en résumé :
Vocation de + inf. Avoir la vocation de gouverner, de régner (inclination)
Avoir vocation à, pour + subst. ou inf .Être qualifié pour.
Merci beaucoup pour vos recherches, et votre souci de l’exactitude!
Bonjour, intuitivement je ne partage pas vos analyses. L’élément distinctif serait plutôt l’ajout ou non de la préposition « pour » avant le mot « vocation ». Ainsi, « j’ai vocation à… » mais « j’ai pour vocation de… », comme « j’ai pour but ou pour objectif de… ». Ça paraît plus exact et c’est surtout plus harmonieux, à l’oeil comme à l’oreille.