ne fût-ce/ne serait-ce
Bonjour, dans l’une des questions du programme « excellence » du Projet Voltaire, une phrase est ainsi corrigée : « Je dois lui parler, ne fût‑ce qu’une minute. » Comment expliquer ici le subjonctif, et pourquoi le préférer au conditionnel (« Je dois lui parler, ne serait-ce qu’une minute. ») ?
Je dois lui parler, ne fût‑ce qu’une minute
Il s’agit de ce qu’on appelle le conditionnel passé 2e forme, qui est morphologiquement identique au plus-que-parfait du subjonctif. Il peut remplacer le conditionnel et appartient au langage soutenu.
Pour bien comprendre son emploi (car dans une phrase hypothétique il peut être utilisé dans la subordonnée -à la place du plus que parfait – aussi bien que dans la principale -à la place du conditionnel), reportez-vous au lien suivant :
Banque de dépannage linguistique – Conditionnel passé et plus-que-parfait du subjonctif
Merci Tara pour cette réponse rapide et précise.
Bonjour, je me permets de relancer cette question, car je suis retombé sur cette phrase récemment – et, à la réflexion, j’ai toujours un doute. Dans la phrase en question (« Je dois lui parler, ne fût‑ce qu’une minute. »), le premier verbe étant au présent, ne faudrait-il pas utiliser le conditionnel présent et non passé ?
Ça donnerait : « Je dois lui parler, ne serait-ce qu’une minute. » Mais on n’écrirait pas, sauf erreur : « Je dois lui parler, n’aurait-ce été qu’une minute. »
Or, la Banque de dépannage linguistique indique que le plus-que-parfait du subjonctif peut remplacer le conditionnel passé… J’ai du mal à comprendre donc pourquoi on l’utiliserait ici pour remplacer un conditionnel présent.
Merci d’avance de vos explications qui m’aideront à comprendre la logique de tout cela.
Cordialement
« Ne fût-ce » ‘a pas valeur de passé mais de conditionnel. Il signifie précisément : « ne serait-ce ».
Bonjour Tara,
Vous écrivez que « ne fût-ce » signifie « ne serait-ce » ; est-ce que cela ne contredit pas le fait que le plus-que-parfait du subjonctif est censé pouvoir remplacer le conditionnel passé (et non présent) ?
- « le plus-que-parfait de l’indicatif et le conditionnel passé peuvent tous deux être remplacés par le plus-que-parfait du subjonctif dans ce contexte » (Banque de dépannage linguistique)
- « dans la langue littéraire, le plus-que-parfait du subjonctif peut remplacer le conditionnel passé dans la principale » (dans https://www.question-orthographe.fr/question/conditionnel-passe-de-deuxieme-forme-plus-que-parfait-du-subjonctif/ )
Est-ce une tournure spécifique qui fait de la seule expression « ne fût-ce » une exception à cet usage ? Existe-t-il des références en ce sens ? Je n’ai rien trouvé dans mes usuels.
Merci encore
Mais vous avez parfaitement raison ! Le conditionnel deuxième forme est un conditionnel passé en effet, et ne peut remplacer qu’un conditionnel passé « ordinaire ». On ne le trouve donc que dans une phrase au système passé.
Je dois lui parler, ne serait-ce qu’une minute.
Je devais lui parler, n‘aurait-ce été / ne fût-cequ’une minute.
Je vous prie de bien vouloir m’excuser. (Je ne sais pas où j’avais la tête ce jour-là). Et merci pour votre vigilance Mishmatt !
Bonjour, je me permets de relancer la question car après avoir lu toutes ces explications je me demande toujours pourquoi on parle du conditionnel passé deuxième forme — et sa interchangeabilité avec le plus-que-parfait du subjonctif — alors que, sauf une erreur de ma part, fût est l’imparfait du subjonctif et non pas le plus-que-parfait (qui sera eût été). Merci d’avance de vos explications. Cordialement