Merci ne nous avoir laissé(s) faire quelque chose

Bonjour, je sais que la question de l’accord du participe laissé suivi d’un verbe à l’infinitif est un grand classique (pour ne pas dire un marronnier) des forums dédiés à l’orthographe et je m’en excuse par avance, mais la plupart des exemples que j’ai trouvés jusqu’ici concernent la forme pronominale « se laisser » (elles se sont laissé embrasser / laissées tomber). Mon problème concerne la forme non pronominale : ils nous ont laissé(s) entrer, que j’ai rencontrée très récemment dans une dictée de concours (dictée du Rotary 2018 à Marseille). La phrase exacte était : « Merci [Grand-Mère] de nous avoir laissé tremper nos doigts dans la pâte onctueuse […]. », orthographiée telle quelle dans le corrigé. J’avais pour ma part écrit « de nous avoir laissés tremper nos doigts […] » (puisque c’est nous qui trempons) et il m’a été compté une faute qui me laisse perplexe. Je sais que les rectifications orthographiques de 1990 préconisent l’invariabilité de « laissé » suivi de l’infinitif, mais selon la règle classique, le pluriel était-il correct ou réellement fautif ? Merci de vos avis éclairés…

ChristianF Grand maître Demandé le 30 janvier 2018 dans Accords

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5 réponse(s)
 

Bonjour

Je pense que «avoir laissé» est un infinitif passé donc invariable.

Merci de nous laisser tremper…
Merci de nous avoir laissé tremper…

czardas Grand maître Répondu le 30 janvier 2018

Mmmmm… merci de votre réponse, qui me laisse toutefois dubitatif. Si l’on considère ici « avoir laissé » comme un infinitif passé invariable, qu’en est-il de la phrase « Mes clefs ? Je pense les avoir laissées dans la voiture » ?

le 13 juin 2018.

Le fait qu’il soit à l’infinitif passé ne change rien à la règle : accord du participe selon la règle des participes + infinitif.
J’avais pour ma part écrit « de nous avoir laissés tremper nos doigts […] » : je pense que vous aviez raison.
Les rectifications orthographiques de 1990 préconisent l’invariabilité de « laissé » suivi de l’infinitif, à l’instar de « faire » suivi d’un infinitif.
Je suis un peu surprise quand même. Je pense que l’accord avec le COD « nous » est correct. Sauf subtilité qui m’échappe.
Voir ici

Manifestement, c’est une prise de position, là 

joelle Grand maître Répondu le 30 janvier 2018

Selon cette règle on pourrait alors écrire si les pronoms sont féminins

Merci de lui avoir laissée tremper ses doigts…
Merci de leur avoir laissées tremper leurs doigts…

le 30 janvier 2018.

Sûrement pas puisque « lui » et « leur » sont des pronoms COI et l’on n’accorderait pas – en principe- avec un COI, sauf si vous avez une référence particulièrement fiable.

Je n’utiliserais pas de COI car je laisse « une personne » tremper ses doigts et non « à une personne ».

le 30 janvier 2018.

Bonjour Joelle, merci de votre réponse. Effectivement, l’auteur(e) de la dictée, présente dans la salle, s’est justifiée en se retranchant derrière les rectifications orthographiques de 1990 qui recommandent de ne plus accorder « laissé » lorsqu’il est suivi de l’infinitif. Ce qui m’a un peu (beaucoup) frustré est que c’est la première fois que j’assiste à un concours où l’orthographe 1990 est la seule admise (surtout que cela ne nous avait pas été spécifié au préalable). De la même façon il m’a été décompté une faute pour « cent cinquante-cinq » qui était orthographié « cent-cinquante-cinq » dans le texte de la dictée… :((

ChristianF Grand maître Répondu le 30 janvier 2018

Oui je vois, des acharnés de la rectification qui ne simplifie rien. La prochaine fois, faites-vous préciser les règles du jeu, sinon de la grammaire…

le 30 janvier 2018.

La règle E1 des rectifications de 1990 préconise en effet l’absence d’accord de « laisser » quelle que soit la construction, que le sujet de l’infinitif qui suit effectue l’action ou non.
Cela étant, il est abusif à ce jour de compter l’accord comme fautif quand la règle habituelle l’impose (comme dans votre exemple), sauf si le règlement de la dictée le stipule clairement.  À ma connaissance, les principaux rédacteurs français respectent ce principe, mais celle du Rotary est établie par des anonymes et ce n’est pas la première fois qu’il y a des soucis…
N.B. Il en allait de même avec les défunts Timbrés de l’orthographe où l’arbitraire le plus complet régnait dans les décisions…

Chambaron Grand maître Répondu le 30 janvier 2018

Merci Chambaron. Effectivement, outre ces deux points litigieux (laissé tremper et cent-cinquante-cinq) liés aux rectifications 1990, il y en avait dans cette dictée du Rotary un certain nombre d’autres, dont un « Eh oui, […] » pour lequel il m’a également été compté une faute, étant orthographié « Et oui,  » dans le texte original (ce qui à ma connaissance est carrément fautif).. Enfin, comme il s’agissait d’un événement à caractère ludique et à vocation caritative (ce qui ne devrait pas être incompatible avec une certaine rigueur, mais bon…), je me suis contenté de ma troisième place avec un sourire juste un peu forcé… 😉

ChristianF Grand maître Répondu le 30 janvier 2018

J’ai eu l’occasion de regarder de près la manière de sélectionner l’auteur des dictées. Ce n’est pas une référence…
Je ne suis pas du tout un adepte de l’épreuve – que je juge superficielle et affaire des spécialistes – mais il existe de vrais rédacteurs qui ne sont hélas pas représentés partout (voir par exemple cet entretien avec Philippe Dessouliers, un maître en la matière).
À titre personnel, je milite pour des exercices de langue beaucoup plus polyvalents et centrés sur les problèmes réels du français écrit ou parlé. Mais ce n’est pas  à la mode…

le 30 janvier 2018.

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