Ils se sont suivi(s) de près : comment accorder ?
Bonjour,sur le blog de Mamiehiou (dans la rubrique, l’accord des verbes pronominaux), elle écrit ceci:
Verbes qui n’entrent dans aucune catégorie
SE SUCCÉDER, SE SUIVRE
Ils se sont succédé de père en fils.
Pas d’accord (se est COI) et ce n’est pas un verbe pronominal réciproque
Ils se sont suivi de près.
Même chose.
J’ai du mal à concevoir le non accord de suivi dans la seconde phrase
bonjour, l’auteur de la question que je suis n’a pas encore trouvé la sérénité dans l’esprit, ne sachant que retenir.
à mamiehiou, je voudrais vous remercier pour votre intervention. Je vous suis régulièrement et je connais votre passion pour notre langue et si à travers ma phrase« des incorrections venant de sites censés nous instruire », vous avez relevé un manque de courtoisie, sachez que cela n’était pas mon intention et par conséquent, je vous prie de m’excuser. Cela dit, les positions tranchées, concernant ma question(suivi ou suivis), entretiennent davantage la confusion dans mon esprit.
si Jean bordes n’avais pas dit que dans Le petit Grevisse, il n’avais relevé aucune erreur, j’aurais affirmé, moi, que l’orthographe est un truc impossible.
Dans un premier temps, j’ai donné un avis identique à celui de joelle, mais j’ai été désemparé par la réponse de mamiehiou. J’ai consulté le paragraphe du Bon usage de Grevisse dont mamiehiou s’est inspirée. J’ai d’abord été étonné, puis j’ai essayé de comprendre et de trouver une explication rationnelle, sans dire pour autant que la règle énoncée était « intangible » (elle ne l’est pas) et la seule applicable, ni qu’elle était contestable (je ne me le permettrais pas).
Or, force est de constater, après la dernière remarque de joelle, que toutes les conjugaisons accordent le participe passé de se suivre, en particulier à la troisième personne du pluriel du passé composé : ils se sont suivis.
Il est regrettable que le Bon usage ne donne pas une explication plus claire et surtout, qu’il ne fournisse aucun exemple.
Si j’interprète correctement ce qu’énonce Grevisse, l’exemple « les évènements se sont succédé » est équivalent à « les événements se sont enchaîné » ou encore à « les événements se sont suivi » (le premier ne suit pas le second, ce dernier suit le troisième et ainsi de suite, mais le dernier n’en suit aucun, il n’y a donc pas réciprocité).
On pourrait aussi avancer que se dans se suivre n’est pas un pronom réfléchi (on ne suit pas soi-même), il n’y a donc pas réflexivité.
Grevisse propose ainsi une règle non pas « intangible », mais qui a sa propre logique, assez ténue, déroutante aussi.
Pourtant, les expressions ressemblant à « les voitures se suivaient au pas sur l’autoroute » sont très répandues et l’accord apparaît tout naturel « les voitures se sont suivies au pas sur l’autoroute » (les voitures se suivaient l’une l’autre sans distinguer première, dernière, devant, derrière). D’après Grevisse et mamiehiou on aurait plutôt « les voitures se sont suivi au pas sur l’autoroute », mais alors que penser des tableaux de conjugaison ? C’est à y perdre son latin.
l’auteur de la question,que je suis, ne sait toujours pas comment écrire, ils se sont suivi(s) de près.
Moi non plus.
Mais vous avez ouvert là un grand chantier qui ne peut donner lieu qu’à interprétations. Je n’ai pas trouvé (curieusement) d’autres références, mais il y tout lieu de penser que les grammairiens ne sont pas tous d’accord (dommage, Hanse est muet sur ce point).
Cela fait partie des incertitudes de notre grammaire comme nous en connaissons beaucoup, par exemple certains sont partisans de « elle s’est fait l’écho », d’autres de « elle s’est faite l’écho ».
Il faut accepter ce fait, mais il faudra bien faire un choix lorsqu’on sera amené à l’écrire, et là…
EN résumé, Ce n’est pas réfléchi car on ne peut pas se suivre soi-même, ce n’est pas réciproque car on ne peut pas suivre quelqu’un qui nous suit, en revanche :
1 peut suivre 2 qui suit 3 qui suit 4 et 5… à la fin vous avez un sujet pluriel et un pronom « se » qui est COD et non COI comme dans le verbe transitif indirect « succéder ». L’accord semble juste mais le sens donne une nuance d’erreur à cet accord. A suivre…
Je remercie MM. Pareto et Bordes pour leurs derniers commentaires.
Le cheminement de la pensée est une chose bien intéressante.
En tout cas, Pareto, vous avez, comme l’on dit familièrement, « soulevé un lièvre » et fait couler beaucoup d’encre.
Le débat était passionnant, mais je crains que nous et surtout vous ne soyons pas plus avancés. Ne nous décourageons pas, il faut encore chercher, chercher…
bonjour, certaines réponses ne me sont pas parvenues surtout après celle de mamiehiou
au temps pour moi, les choses sont rentrées dans l’ordre, il fallait juste savoir qu’il existe une deuxième page.
je ne peux que vous remercier. En parcourant vos dernières interventions ,j’ai été rempli d’émotion. particulièrement merci à vous jean bordes pour vos analyses impeccables, il faut être passionné de notre langue pour consentir de tels sacrifices afin d’éclairer les autres.Merci à vous Joelle, votre analyse nous a aidés à assurer l’équilibre. Nous étions trop sûrs de notre affaire quand Mamiehiou , quant à elle, est venue nous donner une bonne leçon d’humilité: en orthographe, ne jamais être trop sûr de soi. M. Jean, nous n’avons peut-être pas avancé mais nous avons appris des choses et comme vous le dites si bien, on continue de chercher.
Merci
Voici la position de l’Académie française, après que je lui ai exposé tous les arguments contradictoires :
« On écrit se sont suivis et se sont succédé parce que suivre veut un C.O.D. et succéder un C.O.I. »
Bravo pour la persévérance dont vous avez fait preuve, pour moi, j’avais un petit doute à cause des éléments apportés… mais j’aurais continué à accorder avec un « s ». Merci de m’avoir rassurée.
Pour ma part, c’est avec une grande incertitude, après beaucoup d’hésitation que j’aurais finalement, quand même, écrit « Ils se sont suivis », pour éviter aussi d’être taxé d’une faute d’orthographe, car la majorité écrira « se sont suivis ».
Voici ce que répond mamiehiou sur son blog :
http://mamiehiou.over-blog.com/article-_accueil_-110264108.html
« Bonjour Jean,
Vous donnez une réponse claire à la question qu’on se posait.
[…] Interroger l’Académie, c’était bien ce qu’il fallait faire. »
Tout est dit. Il reste, toutefois, l’interprétation de Grevisse qui laisse perplexe et qui est bien embarrassante, s’agissant, précisément, de Grevisse.