Il s’en faut (bien) que

Bonjour !

En lisant Goethe, je suis tombé sur « il s’en faut bien que je l’aie trouvée telle. ». En cherchant la signification sur le CNRTL (page du verbe falloir), je trouve « manquer », cependant… Je ne comprends pas bien le sens de « manquer » ici. Le CNRTL donne un exemple « Il s’en faut bien que tout ce qui est dans l’esprit ne soit dans le cœur », mais je ne comprends pas celui-ci non plus…

Pourriez-vous m’expliquer le sens de « il s’en faut que » s’il vous plaît ? 😊

Absalon Érudit Demandé le 20 février 2021 dans Question de langue

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4 réponse(s)
 

Bonjour.
La première phrase est à peu près l’équivalent de  « Je suis loin de l’avoir trouvée telle. » Le sens de manquer est bien présent : il y a un vide, une grande distance entre les  deux éléments, mon jugement et celui que je réfute.
Le sens de la deuxième phrase pourrait être rédigée : tout ce qui est dans l’esprit n’est pas dans le cœur, tant s’en faut… Cela renforce la négation.
Il est vrai que ce n’est pas facile à expliquer.  🙂

jacour Érudit Répondu le 20 février 2021

Ohhh je comprends mieux, merci beaucoup ! 😊

le 20 février 2021.
Il s’en faut bien que…  Je pense que cela signifie : Il s’en faut de « presque  beaucoup » que, il s’en faut de pas mal que »… Voyez le contexte textuel  du discours de Montesquieu : il est éclairant.= Il s’en faut de beaucoup où  » de beaucoup » est remplacé par « bien », qui atténue un peu « de beaucoup ».

GOETHE, Wert(h)er :

« Dis à ma mère que je m’occupe de ses affaireset que je lui en donnerai sous peu des nouvellesJ’ai parlé à ma tantecette femme que l’on fait si méchante ; il s’en faut bien que je l’aie trouvée telle : elle est viveirascible mêmemais son cœur est excellentJe lui ai exposé les plaintes de ma mère sur cette retenue d’une part d’héritage ; de son côtéelle m’a fait connaître ses droitsses motifset les conditions auxquelles elle est prête à nous rendre ce que nous demandons et même plus que nous ne demandons. »

IL S’EN FAUT DE BEAUCOUP. Je n’ai pas récupéré mes avances, il s’en faut de beaucoup. On les a tous convoqués, mais il s’en faut de beaucoup qu’ils soient tous présents. —  Absolt. Il s’en faut. Lui, content ? il s’en faut ! Il s’en faut qu’il m’ait pardonné.

 3  Mais il s’en faut bien que nous soyons dans une situation si heureuse (…)*

Montesquieu, Disc. d’entrée à l’Acad. de Bordeaux.

2021 Dictionnaires Le Robert – Le Grand Robert de la langue française »

* Suite du discours de Montesquieu : 
« Ceux qui ne sont pas instruits de nos obligations et de nos devoirs regardent nos exercices comme des amusemens que nous nous procurons, et se font une idée riante de nos peines mêmes et de nos travaux.

Ils croyent que nous ne prenons de la philosophie que ce qu’elle a d’agreable ; que nous laissons les epines pour ne cüeillir que les fleurs ; que nous ne cultivons notre esprit que pour le mieux faire servir aux delices du coeur ; qu’exemts a la verité des passions vives qui ebranlent trop l’ame, nous nous livrons a une autre qui nous en dedommage, et qui n’est pas moins delicieuse, quoiqu’elle ne soit point sensuelle.

Mais il s’en faut bien que nous soyons dans une situation si heureuse ; les sciences les plus [f. 1v] abstraites sont l’objet de l’academie ; elle embrasse cet infini qui se rencontre par tout dans la phisique et l’astronomie ; elle s’attache a l’intelligence des courbes, reservées jusques ici a la suprême intelligence ; elle entre dans le dedale de l’anatomie, et les misteres de la chimie ; elle reforme les erreurs de la medecine, cette Parque cruelle qui tranche tant de jours, cette science en même tems si etendüe et si bornée ; on y attaque enfin la verité par l’endroit le plus fort, et on la cherche dans les tenebres les plus epaisses ou elle puisse se retirer.

Aussi Mrs si l’on n’etoit animé d’un beau zele pour l’honneur et la perfection des sciences, il n’y a personne parmi nous qui ne regardât le titre d’academicien comme un titre onereux, et ces sciences mêmes ausquelles nous nous apliquons, comme un moyen plus propre a nous tourmenter qu’a nous instruire. Un travail souvent inutile ; ces sistêmes presqu’aussi tôt renversés qu’établis, le desespoir de trouver ses esperances trompées ; une lassitude continuelle a courir aprés une verité [f. 2r] qui fuit ; cette emulation qui exerce, et ne regne pas avec moins d’empire sur les ames des philosophes, que la basse jalousie sur les ames vulgaires ; ces longues meditations, ou l’ame se replie sur elle-même, et s’enchaine sur un objet ; ces nuits passées dans les veilles, les jours qui leur succedent dans les sueurs ; vous reconnoissés la, Mrs, la vie des gens de lettres.

Non il ne faut pas croire que la place que nous occupons soit un lieu de tranquilité, nous n’aquerons par nos travaux que le droit de travailler davantage ; il n’y a que les dieux qui ayent le privilege de se reposer sur le Parnasse ; les mortels n’y sont jamais fixes et tranquilles, et s’ils ne montent pas, ils dëcendent toujours. »

ll s’en faut bien que + prop. au subj. Il s’en faut bien qu’elle soit sans agréments, et depuis peu elle voyait fort souvent un certain abbé Marquinot de Dijon (StendhalRouge et Noir,1830, p. 467).Il s’en faut bien que tout ce qui est dans l’esprit ne soit dans le cœur (BremondHist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 508.

il s’en faut bien que je l’ai trouvé telle (= approximativement : je ne l’ai pas du tout trouvé méchante) est très vieilli. 

Prince (archive) Débutant Répondu le 20 février 2021

Merci Prince pour votre réponse !

le 22 février 2021.

Il faut, falloir (même origine que « faillir »). Ce sens de ce verbe évolue de « manquer » vers « être nécessaire ». On voit bien le sens de manque dans « Peu s’en faut… » > il en manque peu.

jacour Érudit Répondu le 20 février 2021

Il faut, verbe falloir (même origine que faillir): Ce verbe a originellement le sens de « manquer à, manquer », puis de « être nécessaire ». On retrouve ce sens dans « Peu s’en faut.. » > il en manque peu..

jacour Érudit Répondu le 20 février 2021

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