Des peines fermes ? Ou des peines ferme ?

Répondu

Bonjour à tous,

Je me pose une question sur l’accord du mot « ferme » dans le sens « sans sursis », comme dans « deux ans (de prison) ferme » (nous avons alors affaire à un adverbe). Que se passe-t-il lorsqu’il modifie le sens d’un nom comme « peine » ou « condamnation », tout en gardant le même sens ?

Doit-on écrire « ils ont été condamnés à des peines fermes » ? Ou alors « à des peines ferme » ? Pour des peines qui comprennent une partie ferme et une partie avec sursis, aurions-nous, au pluriel, des « parties ferme » ?

Merci, et bonne soirée ! 😉

Vlavv Maître Demandé le 27 novembre 2014 dans Accords

Vlavv, nous vous invitons à sélectionner une des réponses apportées à votre question afin d’indiquer celle qui a votre préférence.
Pour plus d’informations : https://www.question-orthographe.fr/votez-pour-votre-reponse-preferee/

le 29 novembre 2014.

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7 réponse(s)
 
Meilleure réponse

Dans le sens pénal, ferme ne semble jamais s’accorder, malgré maintes violations par les médias. Il s’agit toujours de l’adverbe « fermement » et par opposition à « avec sursis ». On retrouve d’ailleurs cela dans les tournures comme  « ils se tiennent ferme à la rambarde ».
Ce n’est pas d’hier : ferme est déjà attesté comme adverbe (solidement) en 1180 ! (source CNRTL)
Cela surprend, mais Le Monde  maintient bien le cap. comme le montrent les exemples ci-après :

« Clowns effrayants » et « chasseurs de clowns », histoire d’une psychose  Le Monde.fr | 27 octobre 2014

Ce dernier a été condamné lundi 27 octobre à 12 mois de prison dont 4 ferme par le tribunal de grande instance de Montpellier.

Foot : Barresi, l’agent trouble que ne veut pas lâcher la fédération  Le Monde.fr | 20 novembre 2014 |

Numéro un de la profession en France, le Marseillais Jean-Pierre Bernès avait, lui, été condamné en 1995 à deux ans de prison avec sursis dont trois semaines ferme dans le cadre…

 

Chambaron Grand maître Répondu le 27 novembre 2014

Dans le cas présent, « ferme » se rapportant  à un nom ne peut avoir valeur d’adverbe.  Il faut donc faire l’accord.

jean bordes Grand maître Répondu le 27 novembre 2014

N’est-ce pas un peu hâtif`? Nombre d’adjectifs sont aussi clairement des adverbes (voir liste de Joëlle), et ne se rapportent pas au nom mais au verbe. On peut d’ailleurs faire l’ellipse du nom : il a écopé de prison ferme  devient il a écopé ferme (familier, mais correct et parlant).
Voir aussi mon commentaire à Joëlle.

le 27 novembre 2014.

Je m’étais mal exprimé, je voulais simplement m’en tenir au cas présent et non me référer à une règle générale, ce que peut laisser entendre ma formulation maladroite. Je voulais dire : Dans le cas présent […] n’a pas valeur d’adverbe. »Cela étant dit, je fais acte de contrition (il faut tourner sept fois son doigt sur la tablette avant de répondre…)J’ai posé la question à l’Académie et elle me donne entièrement tort, « ferme » est bien adverbe  (voir ma nouvelle reponse).

le 1 décembre 2014.

Pourtant, cela arrive (« les personnes debout »). Dans « deux ans de prison ferme », « ferme » est bien adverbe. La difficulté est alors de déterminer si, dans d’autres expressions similaires, nous avons toujours un adverbe à valeur adjectivale (donc invariable), ou bien un adjectif à part entière.

P.-S. — Pour une raison qui me dépasse, je ne peux pas ajouter de commentaires à une réponse à ma propre question.

Vlavv Maître Répondu le 27 novembre 2014

Selon les indications exposées dans l’onglet « Badges », il faut 40 points pour insérer un commentaire. Vous y êtes presque !

le 27 novembre 2014.

Je vote pour adverbe bien sûr. Autres exemples : les tomates se vendent cher. Il n’y a pas d’accord car cher a une valeur adverbiale.
Et enfin, pour rester dans le registre pénal :  ils seront pendus haut et court…

Les adjectifs : bas, haut, fort, faux, bon, mauvais, cher, droit, court…
peuvent être employés comme adverbe.

joelle Grand maître Répondu le 27 novembre 2014

– Effectivement, c’est toute une petite famille d’adjectifs qui se comportent aussi comme adverbes. Un  autre exemple classique : Légère et court vêtue (Perrette et le pot au lait). – Pour peaufiner, précisons qu’il y a des exceptions à cette caractéristique déjà peu évidente : en effet, quatre de ces adverbes s’accordent tout de même : grand, bon, frais, auquel on ajoute large. On écrira donc : elle est arrivée bonne (=facilement) première , des fleurs fraîches cueillies (=fraîchement), etc. – Pour reprendre la question de Vlavv sur la manière de les reconnaître. * Si le mot se rapporte à un verbe ou un adjectif, pas de problème : invariabilité (sauf les exceptions précitées). * Si le mot se rapporte à un nom, regarder de près si le mot qualifie vraiment le nom. Dans l’exemple de référence, la prison n’est pas ferme (=solide), mais c’est la peine (= effective). Autre exemple : des haut gradés. Ces officiers supérieurs ne sont pas spécialement grands, mais hautement gradés. Délicat, mais imparable…NB : difficulté traitée dans le Projet Voltaire – module Excellence

le 27 novembre 2014.

Je suis obligé de faire acte de contrition et de revenir sur ma première réponse (il faut tourner sept fois son doigt sur la tablette avant de répondre…)
L’Académie est formelle, elle précise que, dans ce cas, « ferme » est adverbe, donc invariable :  «Ferme n’est pas ici un adjectif, mais un adverbe signifiant « D’une manière assurée et définitive », comme dans « Acheter ferme, vendre ferme », et ici spécialement « sans sursis possible ». Ferme se rapporte au verbe condamner, qui est exprimé ou sous-entendu. Condamner un criminel à dix ans de prison ferme ou, elliptiquement, à dix ans ferme.» (Académie française, service du Dictionnaire)

jean bordes Grand maître Répondu le 1 décembre 2014

Bonsoir,

Question-Orthographe-Prof : je n’ai pas sélectionné de meilleure réponse, parce qu’aucune ne me satisfait encore totalement. 🙂 Celle de Chambaron est la plus sage et la plus prudente, mais elle ne sort pas de l’usage bien défini que je prends comme référence dans ma question (condamner à deux ans [de prison] ferme).

Jeanbordes : il se trouve que je comptais justement poser la question à l’Académie ; je vois que vous m’avez devancé. 😉 Cependant, la réponse de l’Académie ne s’applique pas aux cas que je mentionne. Voici un extrait du Code pénal (article 132-57) :
Lorsqu’une condamnation pour un délit de droit commun comportant une peine d’emprisonnement ferme de six mois au plus a été prononcée, […]
Voici un autre extrait du même article :
Le présent article est applicable aux peines d’emprisonnement ayant fait l’objet d’un sursis partiel, assorti ou non d’une mise à l’épreuve, lorsque la partie ferme de la peine est inférieure ou égale à six mois.

Dans ces deux exemples, le verbe « condamner » n’est ni exprimé, ni sous-entendu. Le caractère adjectival ne fait aucun doute ; et pourtant, c’est la signification propre à l’adverbe (« sans sursis ») qui est utilisée. Que serait devenu le mot « ferme » si les substantifs auxquels il se rapporte dans les exemples avaient été au pluriel ? Serait-il resté invariable, fidèle à son caractère adverbial d’origine ? Aurait-il pris un s, achevant ainsi sa transformation en adjectif ? Mon impression est que l’on assiste à la création d’un nouvel usage qui ne correspond pas à ce que l’on trouve pour le moment dans le dictionnaire (y compris dans l’acception juridique du terme). Et peut-être que cet usage n’est simplement pas reconnu par l’Académie, malgré le nombre croissant d’attestations dans les textes de loi et dans les médias.

Vlavv Maître Répondu le 1 décembre 2014

Je pense que le caractère adverbial ne disparaît pas dans les deux exemples du Code pénal que vous citez. En effet, le tribunal a condamné l’accusé « à une peine d’emprisonnement ferme »,  ou bien il pourrait le condamner « à des peines d’emprisonnement ferme », ou encore les accusés risquent « des emprisonnements ferme » (sans sursis). Le second exemple s’analyse de la même manière. L’accusé est condamné « à une partie ferme », ou il pourrait être condamné « à des parties ferme » (tout comme des peines ferme, c’est-à-dire sans sursis, d’une manière assurée et définitive, comme l’indique l’Académie). On analyse bien « ferme » comme étant un adverbe et non comme un adjectif. L’Académie n’est pas en retard, comme on le lui reproche souvent, à tort.

le 2 décembre 2014.

Que le français est difficile! J’aurais écrit des peines fermes, sans même me poser la question!

Fabien Érudit Répondu le 3 décembre 2015

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