Comment choisir entre « continuer à » et « continuer de » ?

Je ne sais jamais comment choisir entre « continuer à » et « continuer de ». Pouvez-vous m’aider ?

Aline Érudit Demandé le 18 novembre 2014 dans Général

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7 réponse(s)
 
Meilleure réponse

Bonjour,

Il existe une légère nuance de sens entre les deux constructions.

En théorie :
Continuer à  signifie « prolonger une action commencée » ou « persister à être dans un état » :

« Continuez à travailler ainsi pendant six mois et vous serez prêt pour le baccalauréat ».
« Malgré tous les soins, le malade continue à se sentir fatigué ».

Continuer de  signifie « faire une action / être dans un état sans qu’il y ait d’interruption, sur une période donnée » :

 » Ils ont continué de l’aider jusqu’à la fin de leur vie.  »

En pratique :
En général, on choisit l’une des constructions pour des raisons d’euphonie.
Continuer de permet d’éviter l’hiatus : « Il continua d’aller mieux. » On évitera « Il continua à aller mieux ».
Inversement, on emploiera continuer à devant un verbe commençant par de- : « Ils continuaient à deviser joyeusement (plutôt que « Ils continuaient de deviser joyeusement »).

J’espère que mes explications ne sont pas trop confuses.

Bonne lecture.

Émeline
(mes sources : Le Dictionnaire Larousse et Dictionnaire des pièges et difficultés de la langue française-Bordas)

Emeline Amateur éclairé Répondu le 18 novembre 2014

J’aime beaucoup la réponse d’Emeline. Je ne peux pas voter pour elle parce que je n’ai pas encore assez de points pour cela, mais le cœur y est. Bravo.

Jean-Louis Amateur éclairé Répondu le 18 novembre 2014

Selon le TLFi : Trésor de la Langue Française informatisé, les deux prépositions sont données comme équivalentes : continuer à/de. Les auteurs cités ne font pas la différence ; c’est toujours intéressant de lire de belles phrases littéraires. Toutefois, est précisé : « Dans la documentation, continuer à est un peu plus fréquent que continuer de (environ 60 % contre 40 %). Tous n’écrivent pas à l’oreille !


joelle Grand maître Répondu le 19 novembre 2014

C’est un grand débat en effet :
Faut-il changer des règles grammaticales sous prétexte que « ça sonne mieux à l’oreille » ?…

Tout comme pour « continuer », certains s’autorisent même l’emploi de « commencer de » sous le même futile prétexte d’éviter un hiatus.
Pourtant, vous viendrait-il à l’idée de dire « s’évertuer d’avancer » ou « s’entêter d’aller », ou encore « l’obliger dadjuger » ?… même si ça n’est pas spécialement joli, phonétiquement parlant, de dire « s’évertuer à avancer », « s’entêter à aller », ou « l’obliger à adjuger » !
À moins que nous devions changer les règles de tous les verbes qui seraient concernés par ce problème de hiatus ?!…

De l’avis du plus grand nombre, la forme correcte est « continuer à« , hiatus ou pas, quelle que soit la durée de l’action, et que l’action ait été interrompue ou pas.

Cathy Lévy Grand maître Répondu le 19 novembre 2014

Le Dictionnaire des pièges et difficultés de la langue française (Bordas) et le TLFi ayant déjà été cités, j’y vais de ma petite contribution. Cela me permettra également de répondre à Cathy Levy au sujet de « commencer de ».

Le bon usage, au paragraphe 907, dresse la liste des verbes « construisant d’habitude l’infinitif avec à ». Continuer y est mentionné, mais des précisions sont données un peu plus loin.
« Continuer de est plus fréquent encore que commencer de dans la langue écrite, même non littéraire, et le choix est donc plus libre encore : Elle continue D’exister (Code civil, art. 694). — Il continua DE galoper vers la cantinière (STENDHAL, Chartr., III). […] »

Dans l’ouvrage La préposition (Grevisse, 6e édition revue par I. M. Kalinowska), le nota bene de l’entrée « Continuer » nous dit ceci :
« Les deux constructions sont également correctes, même si “continuer de” semble d’un usage plus fréquent dans la langue écrite. »

On nous renvoie d’autre part au § 904 du BU, dont je cite un extrait :
« Un nombre assez considérable de verbes présentent plusieurs constructions différentes pour l’infinitif qui leur sert de complément essentiel.
[…] Des grammairiens ont essayé de découvrir des nuances sémantiques pour d’autres verbes : par ex., entre commencer à et commencer de, continuer à et continuer de (§ 907) ; entre s’efforcer de et s’efforcer à, tâcher de et tâcher à (§ 906). Il est assez naturel que des écrivains sentent des différences, mais celles-ci ne sauraient être considérées comme générales et constantes. Le plus souvent, c’est l’usage écrit, surtout littéraire, qui a d’autres possibilités que la langue commune et qui, en particulier, maintient plus ou moins en vie des tours classiques ; en outre, la préposition de a l’avantage, pour les auteurs qui ont l’oreille délicate, d’éviter les hiatus qu’amène la préposition à (Il continua à apporter). »

Pour finir, et pour rebondir sur « commencer de », voici ce qu’indique Grevisse :
« Commencer de est très fréquent dans la langue écrite, au point que l’on peut considérer qu’elle a le libre choix, du moins quand ce verbe est au passé [R8] […] »

La remarque associée explique enfin :
« Sur les 60 ex. de de que nous avons notés, commencer est seulement trois fois à l’indic. prés., et le de paraît alors plus affecté : Le simiesque commence DE se tempérer pour annoncer l’humain (J. ROSTAND, Pens. d’un biol., p. 86). »

Poulpette Érudit Répondu le 19 novembre 2014

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Lauren Maître Répondu le 17 février 2018

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35lol78 Membre actif Répondu le 15 novembre 2020

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