RE: Reprise du sujet par un pronom neutre / ce sont et ce seront

Répondu

Bonjour,
J’ai deux interrogations à soumettre.

A) Reprise du sujet par un pronom neutre.
Je me demandais si reprendre le sujet par un pronom neutre relevé du langage familier ou est-il totalement admis dans le langage ? Car j’entends beaucoup de monde qui le font (accord sylleptique 🙂) à l’oral, même les politiques. Je ne trouve aucun article sur internet ni dans les livres de référence.
– Marseille, ça te changerait
(Marseille te changerait)
– J’avais des problèmes de santé, ce qui n’arrangeait pas les choses
(J’avais des problèmes de santé qui n’arrangeraient pas les choses)
– Ça ne rigole pas les Américains
(Les Américains ne rigolent pas)

B) Présent et futur.
Quand on parle au futur, est-on obligé d’utiliser « ce seront » ou peut-on utiliser « ce sont » ?
– Ce sont les français qui décident (décideront)
– Ce seront les français qui décideront

Merci pour vos réponses

Tony Grand maître Demandé le 26 juin 2018 dans Accords
3 Réponses

Bonjour,

Il y a beau temps que ça, abréviation familière mais non vulgaire de cela, est entré ─ et très largement─ dans la langue littéraire où il s’emploie avec des sens variés, souvent dans des locutions toutes faites. Il désigne surtout des choses, d’une façon vague:

Ça aurait pu marcher, si on s’était entendu avec les enfants (Zola).
Sûrement, ça ira mieux dans l’allée des platanes (Duhamel).
Ça, c’est pour les lapins, et ça c’est pour les poules (Hugo).
Il ne te manquait plus que ça, mon garçon (J.Vallès).
La vieillesse, ça a quelque chose d’un crépuscule dans lequel on entrerait(  E. de Goncourt).
On peut à peine dire qu’il y ait un scandale, tellement ça a été bien étouffé(F. Mauriac).

Il s’applique aussi à des personnes :

Ça manquait à sa parole trois fois par jour et ça se disait des princes (Balzac).
Les serviteurs ça coûte trop cher, ça mange le pain (Zola).

Remarques:

• Le pronom démonstratif ça ne s’élide généralement pas devant un mot commençant par une voyelle.

Tu crois que ça irait bien avec ma jupe grise.
Il vit seul, ça oblige ses amis à l’appeler souvent.

Ça peut cependant s’élider devant en ainsi que devant les formes du verbe avoir qui commencent par a afin d’éviter l’hiatus ça a, ça avait.

Je ne croyais pas qu’ils se connaissaient, mais c’en (ou çà en) a tout l’air
Rassure-toi , ç’a(ou ça a ) très bien été

• Ne pas confondre ça avec çà (adverbe de lieu) ; il errait çà et là ne sachant que faire.
Ainsi qu’avec l’interjection : Çà, par exemple !
Ah çà ! par exemple ! glapit une dernière fois Folcoche, stupéfaite. La chambre était vide (H. Bazin).

Dans la phrase :

Ça ne rigole pas les Américains, le pronom ça remplace le pronom personnel ils.
Ils ne rigolent pas les Américains.

czardas Grand maître Répondu le 26 juin 2018

Bonjour Czardas,
Merci pour votre explication et tous vos exemples ! 🙂
En effet, cela est entré dans l’usage, beaucoup de grands auteurs l’ont fait dans vos exemples. C’est intéressant.
Juste une remarque, il y a une phrase que je ne comprends pas :
« Ça manquaient à sa parole trois fois par jour et ça se disait des princes (Balzac). »
Pourquoi dans cette phrase « manquaient » est au pluriel alors qu’il s’accorde normalement avec « ça » ? S’agit-il d’une erreur de votre part ou Balzac l’a fait exprès ?

le 26 juin 2018.

Errare humanum est.

le 26 juin 2018.

Au temps pour vous Czardas 🙂

le 26 juin 2018.
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