RE: Question sur la conjugaison…du verbe être

Répondu

Question extrêmement simple au demeurant, résumée en ceci:
« son domaine est les cieux« , ou « son domaine sont les cieux »
Mon cœur balance plutôt pour le second, mais la partie analytique de mon cerveau m’invite à choisir le premier…

MamorukunBE Érudit Demandé le 25 août 2020 dans Conjugaison
6 Réponses

Merci pour ce rappel bien utile Joëlle!! Cela dit, et bien que tout me porte à croire que vous ayez raison, votre argument me semble biaisé dès application: en effet, si vous avancez qu’il faille utiliser l’outil « qu’est-ce qui + verbe » pour déterminer le sujet d’une phrase, dans mon exemple le verbe étant « est/sont », remplacé dans votre outil ce dernier devient « qu’est-ce qui est », et pas « qu’est-ce qui est son domaine ». Dans cette seconde version, le sujet ne peut en effet qu’être « les cieux », mais dans la première, c’est bien « le domaine » qui fait office de sujet. Aussi, je me permets d’émettre des doutes quant à la valeur effective de « des cieux » en tant que sujet et de rejoindre, bien que le singulier dans cette phrase écorche mes oreilles, l’avis d’Edwin ci-dessus. Quel est votre avis à la lumière de ceci?

EDIT: merci pour votre intervention Luxembou, lue après avoir répondu à Joëlle. Et cette fois je jette l’éponge: bien que de mon point de vue on puisse répondre oui à votre question « est-ce son domaine qui est les cieux ? », je conçois que dans un cas comme celui-ci le verbe « être » puisse être transitif, au même type que l’est l’égalité en mathématique 🙂

MamorukunBE Érudit Répondu le 25 août 2020

@MamorukunBE
Bien obligé de vous répondre, parce qu’on voit bien que vous n’êtes pas convaincu. Votre politesse peine à masquer votre secrète réprobation.
Le verbe être, considéré en logique sur des objets, a différents sens : existence (le chat est, il est un chat qui…), identité (ce chat est mon chat), appartenance (ce chat est noir), inclusion (les chats noirs sont dangereux)… Mais nous sommes d’accord, c’est ici la relation d’identité qui semble en jeu. Nous sommes d’accord que l’attribut n’est pas une simple caractéristique, mais désigne une chose identique à la chose désignée par le sujet. Ce n’est pas là qu’il faut chercher une différence d’interprétation entre nous.
Vous ne vouliez probablement pas dire que le verbe être, dans ce sens d’identité logique, représente une relation transitive (si a=b et b=c alors a=c), mais plutôt une relation symétrique (si a=b alors b=a). Vous voulez juste dire que la chose désignée de chaque côté du verbe est la même. Ou encore qu’il y a deux intensions (deux façons de dire, deux concepts) pour une extension unique (un seul objet réel désigné). Probablement avez-vous raison avec le domaine et les cieux. C’est en tout cas incontestable avec « Paris est la capitale de la France / la capitale de la France est Paris ». L’une est l’autre et l’autre est l’une.
Si l’objet représenté est unique, qu’il est le même des deux côtés du verbe, on ne devrait pas, selon vous, pouvoir se demander lequel des deux est le-même-que-l’autre, ni s’il y en a un qui est plus le-même-que-l’autre que l’autre, ni s’il en existe un premier en référence.
Mais le verbe être articule deux syntagmes (intensions) et non deux réalités (extensions). Et quand bien même les deux syntagmes représentent le même objet, il reste un sens de lecture, et une des deux descriptions de l’objet répond à l’autre. C’est la capitale de la France (qui est) Paris, ou c’est Paris (qui est) la capitale de la France ? Notez le pronom relatif « qui », car il représente obligatoirement le sujet.
Les deux concepts (le nom de la ville et le statut de la ville) ne sont pas par nature identiques, (sinon ce serait un concept unique). Que l’objet soit unique n’est que conjoncturel. La capitale de la France a été Bordeaux, Vichy. Paris a été une cité avant d’être la capitale de la France, parfois sous un autre nom…
Dans une phrase utile, ayant du sens, portant une information, on ne trouve, en français et concrètement, pas de cas d’indifférenciation possible entre le sujet et l’attribut. Cela peut mériter d’être developpé au-delà de la simple grammaire, mais ensuite on tombe dans l’ontologie jusqu’au cou, et ce n’est pas ma tasse de thé.
Il faut chercher, non pas un rapport entre les deux objets désignés qui ne font qu’un, mais entre les deux façons d’amener la chose.
La France a une capitale, c’est quoi ? C’est Paris qui est la capitale de la France.
Il a un domaine, c’est quoi ? C’est les cieux qui sont son domaine.
Les sujets sont immédiatement identifiés : respectivement Paris et les cieux.
La question à poser est facile à trouver, c’est celle qui commence par une devinette (qu’est-ce qui est jaune et qui…) et qui normalement ne reçoit qu’une réponse valide. Cette réponse valide est par définition le sujet.
Il faut bien sûr partir du principe que toute phrase porteuse de sens répond à une question, et que s’il n’existe pas de question alors il n’existe pas de sens à la phrase.
Enfin, espèce d’anarchiste de la grammaire, vous pouvez noter que si je me réjouis de vous voir vous incliner avec déférence devant le Grevisse, il faut admettre qu’il consacre par ailleurs quelques paragraphes à constater la difficulté qu’on a à définir un sujet, et qu’il ne prétend pas l’avoir fait.

le 25 août 2020.
Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.