RE: orthographe de « nul autre »

Répondu

Bonjour,
Deux questions pour la phrase suivante :
nuls autres couples de mots ne se marient aussi parfaitement
1)
Peut-on l’écrire au pluriel puisque ici nul signifie aucun ?
2 )
L’utilisation du ne est-elle correcte ?
Merci pour votre aide estivale.

trestraou Érudit Demandé le 14 août 2020 dans Général
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Exusez-moi d’être aussi tardif : j’avais préparé un topo bien  référencé sur les deux sujets soulevés par trestraou, mais je l’ai malencontreusement perdu. Je vais en reprendre nl’essentiel.

1. Nul avec ou sans ne ?
Normalement, il faut employer ne (ou sans). 

Cependant, comme aucun  nul peut être négatif à lui seul :
Formule assez fréquente : Nul doute qu’il se remettra debout.
S’il faut sourcer : Le Bon usage actuel, §  740.

2. Nul au pluriel ou  singulier dans Nuls autres couples de mots ne se marient aussi parfaitement

La BDL rappelle la règle du nombre  de nul dans nul autre : 
« Lorsqu’il est suivi du pronom autre, nul s’accorde avec le nom que remplace autre.
Exemples :
– Elle a réalisé un travail semblable à nul autre. (c’est-à-dire : à nul autre travail)
– Vous avez une responsabilité comparable à nulle autre. (c’est-à-dire : à nulle autre responsabilité)
– C’est nulle autre que sa fille qui a remis le trophée. (c’est-à-dire : c’est nulle autre fille que…)
– Les parties qui s’affrontaient étaient nuls (ou nulles) autres que le syndic et le promoteur. (accord soit avec syndic et promoteur, soit avec parties). »

Le TLF reprend cette règle et la complète en offrant une seconde solution :
« Rem. Nul s’accorde avec le subst. que remplace autre ou peut rester invar. [Les hirondelles] ont moins à craindre que nul autre les bêtes de proie, avec une aile si légère (MICHELET, Oiseau, 1856, p.157). Ces beautés qui cultivèrent comme nulles autres la science difficile d’aider un artiste dans ses rapports avec le monde, sans l’empêcher de produire (BLANCHE, Modèles, 1928, p.51). »  (
(NB : Des ex. avec nul au pluriel se trouvent notamment dans le TLF, le site de l’Ac. fr., le B.U., le dict. de Hanse,  la BDL., et ce, pas en ancien français ou pas seulement devant des noms qui n’ont pas de singulier ou qui prennent un sens particulier au pluriel).

Conclusion partielle :  puisque la BDL et le TLF sont d’accord sur la solution consistant à accorder nul en nombre dans le cas de nul autre (mais pas sur l’invariabilité); le plus sûr est de retenir la variabilité de nul (accord avec le nom que remplace autre).

 Application à la phrase soumise
Renoms deux situations différentes, S1 et S2.
Dans S1, il y a deux couples de mots CM1 (vert/jaune) et CM2 (coq/poule). Dans CM1,  les mots ne se marient pas « aussi parfaitement » que dans CM2 (on peut considérer l’inverse, cela n’affecte pas le raisonnement).) Pour exprimer cette idée, on écrira : Nul autre couple de mots* ne se marie aussi parfaitement, car nul s’accorde avec le nom que remplace autre, à savoir le CM1 et seulement le CM1 (il n’y a pas d’autre CM où les mots se marient pas aussi parfaitement que dans CM2, puisqu’il n’existe que deux CM, par hypothèse).
Dans S2, il y a cinq CM (CM3 à CM7).  Dans CM4 à CM7, les mots ne se marient pas aussi parfaitement que dans CM3. Pour exprimer cela, on pourra écrire : Nuls autres couples de mots** ne se marient aussi parfaitement. 

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* On pense bien sûr au CM1.
** ON a bien évidemment dans l’esprit les couples de mots 4 à 7.

 

 

Prince (archive) Débutant Répondu le 16 août 2020
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